Trois hommes ont été interpellés et placés en garde à vue dans le cadre de l’affaire Bétharram, selon une annonce faite par le procureur de la République de Pau, Rodolphe Jarry, le mercredi 19 février 2025. Les trois suspects, nés respectivement en 1931, 1955 et 1965, sont entendus pour des faits de viols aggravés, agressions sexuelles aggravées et/ou violences aggravées qui auraient eu lieu entre 1957 et 2004 au sein de l’établissement scolaire catholique Notre-Dame de Bétharram, situé dans les Pyrénées-Atlantiques. Ces interpellations marquent une avancée significative dans une affaire qui a bouleversé la communauté locale et l’Église.
Ces arrestations font suite à 15 mois d’investigations et à des années d’attente pour les victimes, qui ont dénoncé des violences sexuelles, des viols et des agressions subies durant leur scolarité à Bétharram. Alain Esquerre, porte-parole du collectif des victimes, a réagi en exprimant sa « très grande satisfaction », qualifiant cette avancée de « libération ». Le collectif a déjà recueilli 134 plaintes, mais ces dernières ne sont pas encore déposées officiellement, et de nouveaux témoignages continuent d’affluer. Ce développement marque un tournant pour les victimes, qui espèrent voir enfin rendue justice à leur souffrance.
Cette affaire a également ravivé les questions sur la connaissance et la gestion de ces faits par les responsables politiques, notamment François Bayrou. Le Premier ministre, maire de Pau et ancien ministre de l’Éducation nationale, a reconnu avoir eu connaissance de violences physiques au sein de l’établissement, mais a affirmé n’avoir jamais été informé des violences sexuelles. Cependant, devant l’Assemblée nationale le 18 février, François Bayrou a réitéré qu’il n’avait « jamais été informé de quoi que ce soit de violences, ni de violences sexuelles ». La gestion de cette affaire par l’État et les responsables locaux fait l’objet de vifs débats, notamment en raison de l’implication de François Bayrou dans des responsabilités passées.
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En parallèle de l’enquête judiciaire, un autre développement important a eu lieu le 19 février 2025, avec le vote unanime des membres de la commission des Affaires culturelles et de l’Éducation de l’Assemblée nationale pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur le contrôle par l’État des violences dans les établissements scolaires. Cette démarche a été initiée dans le sillage de l’affaire Bétharram, afin d’examiner de manière approfondie les conditions de prévention des violences, notamment sexuelles, dans les écoles, y compris dans les établissements privés.
La présidente de la commission, Fatiha Keloua Hachi (PS), a indiqué que les travaux de cette commission pourraient débuter dans les deux semaines à venir. Le député Paul Vannier (LFI), à l’origine de cette initiative, a salué cette décision comme une « victoire pour les victimes ». Il a précisé que l’affaire Bétharram ferait partie intégrante de l’enquête, mais a souligné que cette commission parlementaire se distingue de la procédure judiciaire en cours.
Le député LFI a également appelé à ce qu’Alain Esquerre, le porte-parole du collectif des victimes, soit le premier auditionné. Bien que la question de l’audition de François Bayrou n’ait pas encore été débattue, Fatiha Keloua Hachi a reconnu que cela pourrait être envisagé à l’avenir, sans toutefois vouloir précipiter une telle démarche.
Alors que la garde à vue des trois hommes se poursuit, la mise en place de la commission d’enquête parlementaire et l’avancée des procédures judiciaires marquent un tournant important dans la lutte contre les abus sexuels au sein des établissements scolaires.L’enquête parlementaire pourrait être un moyen essentiel pour comprendre comment ces violences ont pu être tolérées, voire ignorées, pendant si longtemps.
Source : BFM