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Notre-Dame de Paris en passe de devenir le monument le plus visité de France

nef de la cathédrale Notre Dame de Paris @tribunechretienne
nef de la cathédrale Notre Dame de Paris @tribunechretienne
Depuis sa réouverture en décembre 2024, la cathédrale a déjà accueilli plus de 6 millions de visiteurs. Face à cette affluence record, la proposition de Rachida Dati de faire payer l’entrée réapparaît dans le débat : une mesure à 5 euros qui pourrait générer 75 millions d’euros par an pour restaurer les églises en péril

C’est une fréquentation impressionnante que révèlent les chiffres obtenus par La Tribune Dimanche. Depuis sa réouverture au public le 16 décembre 2024, Notre-Dame de Paris a accueilli précisément 6 015 000 visiteurs au 30 juin 2025, soit une moyenne de 35 000 personnes par jour. Si cette dynamique se poursuit, la cathédrale pourrait dépasser les 12 millions d’entrées d’ici la fin de l’année, ce qui en ferait le monument le plus visité de France.

Un tel niveau de fréquentation dépasserait celui du Sacré-Cœur de Montmartre (9 millions de visiteurs en 2024), du musée du Louvre (8,7 millions), du château de Versailles (8,4 millions) et même de la tour Eiffel (6,3 millions). Avant l’incendie de 2019, la fréquentation de Notre-Dame avoisinait les 11 millions de visiteurs annuels. Selon le recteur de la cathédrale, ce chiffre pourrait être largement dépassé cette année, d’autant que la fréquentation ne cesse de croître, avec environ 1 000 visiteurs supplémentaires par jour chaque mois.Cette affluence relance un débat récurrent : celui de la gratuité de l’entrée. Aujourd’hui, l’accès à la cathédrale est libre, sauf pour les visites des tours et du trésor. L’Église catholique tient fermement à ce principe, au nom de la loi de 1905 sur la séparation des Églises et de l’État et de la mission d’accueil inconditionnel des églises : tout homme et toute femme, quelle que soit sa religion ou sa condition, peut y entrer librement.

Mais la proposition de Rachida Dati, formulée à l’automne 2024, revient dans les discussions. Dans une interview accordée au Figaro le 23 octobre 2024, la ministre de la Culture avait suggéré de faire payer 5 euros l’entrée à Notre-Dame. Une mesure qui, selon elle, pourrait rapporter 75 millions d’euros par an, à affecter à la sauvegarde du patrimoine religieux. Elle avait précisé que près de 4 000 édifices religieux sont actuellement en péril en France.

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Mais si la fréquentation atteint des sommets, elle ne va pas sans susciter des interrogations. Car les millions de visiteurs qui arpentent aujourd’hui Notre-Dame de Paris ne viennent pas tous y chercher un temps de prière. Beaucoup s’y promènent comme dans un musée, fascinés par l’architecture, les vitraux, les voûtes majestueuses, mais étrangers au sens liturgique du lieu. Lors des offices, une partie de l’assemblée reste spectatrice : nombreux sont ceux qui ne comprennent ni l’homélie, ni le déroulement de la messe.Ce décalage est d’autant plus troublant que certains faits viennent ternir cette réussite. Des scènes préoccupantes, comme celle d’une touriste glissant l’hostie consacrée dans sa poche, traduisent un véritable malaise liturgique. Plusieurs témoignages font aussi état de salariés de la cathédrale distribuant eux-mêmes la communion, en dehors de tout cadre canonique.

En arrière-plan, les tensions ne manquent pas. Les coulisses de Notre-Dame restent marquées par des décisions internes très contestées : renvoi d’organistes, choix liturgiques et musicaux discutés, rumeurs persistantes sur le mode de gouvernance du recteur. Si tout cela reste invisible pour les touristes émerveillés, un malaise plus profond se fait sentir parmi certains fidèles.À cela s’ajoute l’ambiguïté croissante du lieu, illustrée par l’immense comptoir commercial installé à l’entrée de la cathédrale. Présenté comme un espace d’information et de vente, il évoque davantage une galerie marchande qu’un lieu sacré. Pendant les homélies, il arrive que résonnent des annonces de prix ou des conversations sur des articles touristiques, créant une dissonance flagrante entre la liturgie célébrée et le tumulte commercial environnant: dehors les marchands du temple !

Derrière l’affluence et les chiffres impressionnants, c’est donc un équilibre fragile qui se dessine : entre rayonnement patrimonial et mission spirituelle, entre accueil universel et fidélité au mystère sacré.

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