À Tribune Chrétienne, nous recevons chaque semaine des courriels, des témoignages, des confidences. Certains évoquent sans détour ce qu’ils perçoivent comme un scandale à ciel ouvert : nominations arbitraires, absence de concertation, et comportements incompatibles avec l’enseignement de l’Église. D’autres parlent de silence, d’omerta, et de tristesse parmi les fidèles.Nous n’avons pas aujourd’hui les éléments suffisants pour vérifier ces accusations. Les relayer sans discernement reviendrait à attiser un incendie moral aux conséquences profondes, en une cathédrale encore marquée par les flammes de 2019.
Mais parce qu’il traduit avec justesse la douleur, le désarroi et l’interrogation d’un grand nombre de fidèles, nous avons choisi de publier ici un poème reçu d’un lecteur, qui a naturellement demandé à conserver l’anonymat.
« Le Prince, l’Orgue et le Silence
Il avance drapé de pourpre,
sans mandat du Siège ni nom d’évêque,
mais tous l’appellent ainsi
comme on appelle César celui qui s’est emparé du trône.
À Notre-Dame, il règne, sans foi ni loi,
et dans son sillage, les règles s’effacent.
À la tribune des grandes orgues,
il a installé, sans appel ni concours,
un garçon de vingt et un ans, sans diplôme, sans expérience,
mais pas sans proximité.
Ce jeune-là, dont le sourire
valait plus que les années d’études,
a pris place là où priaient des maîtres.
Ceux-là, les anciens, les titulaires,
ont été congédiés sans un mot, sans remerciement,
humiliés par le silence.
Les fidèles ? On les ignore.
On leur parle d’ouverture, de jeunesse,
mais pas de compétence, ni de justice.
Le scandale est connu de tous,
sauf de ceux qui prétendent ne pas voir.
Et dans les couloirs de la sacristie,
les rumeurs bruissent, de plus en plus noires :
des soirées privées, des comportements ambigus,
des confidences échappées,
et jusqu’à des gestes déplacés,
dans un restaurant voisin,
où l’homme d’église fut prié de sortir
trop insistant envers un jeune serveur.
L’archevêque, pourtant, le tolère.
Il ne peut le voir, dit-on,
mais ne dit rien.
Peut-être par peur, peut-être par compromission.
Le courage ne réside pas dans le silence.
Et dans cette cathédrale,
où soufflent encore les cendres du toit martyrisé,
le feu reprend, mais ailleurs
dans les âmes blessées, dans la foi trahie,
par une dictature aux couleurs arc-en-ciel
qui s’impose, méprise, et exclut.
On nous dira que l’Église accueille.
Oui, elle accueille.
Mais elle n’approuve pas le mensonge.
Elle bénit les personnes, non les actes.
Et ce qui se joue ici,
ce n’est pas l’amour,
mais le népotisme masqué sous la tendresse.
Et le Christ ?
Il pleure dans le tabernacle,
que personne ne regarde plus,
trop occupé à flatter les vanités
et à jouer de l’orgue
comme on joue d’un pouvoir conquis. »
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