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« Notre Église ne parle pas le langage des représailles » : pour le cardinal Pizzaballa, la fin des hostilités apporte un soulagement et rouvre un horizon d’espérance

Cardinal Pizzaballa - DR
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"Devant le scandale de l’iniquité, la seule réponse possible pour le croyant est de garder les yeux fixés sur Jésus"

Ce dimanche 5 octobre 2025, Washington affirme qu’Israël a accepté une ligne de retrait à l’intérieur de Gaza, tandis que des pourparlers indirects entre Israël et le Hamas sont attendus au Caire pour un cessez-le-feu et des échanges d’otages contre prisonniers.Dans ce contexte de fragile espoir, où le mot « paix » recommence à se prononcer sans certitude mais avec attente, la voix de l’Église de Terre sainte s’élève avec prudence et clarté.

Dans une lettre adressée à son diocèse, le cardinal Pierbattista Pizzaballa accueille avec prudence les signes d’accalmie : « Nous nous réjouissons surtout de la fin des hostilités, que nous espérons non temporaire, et qui apportera du soulagement aux habitants de Gaza. » Sans triomphalisme, il salue « un premier pas important et longtemps attendu », tout en prévenant : « Rien n’est encore totalement clair, beaucoup reste à définir, mais nous sommes heureux de voir apparaître à l’horizon quelque chose de nouveau et de positif. » Face à la faim, aux déplacements massifs et à la fermeture des hôpitaux, le patriarche évoque un territoire et des consciences « dévastés par la logique de la force ». « La violence disproportionnée a détruit non seulement notre terre, mais aussi l’âme humaine. Colère, rancune, haine et méfiance dominent trop souvent nos paroles et empoisonnent les cœurs », déplore-t-il.

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Mais le cardinal met en garde contre une tentation plus insidieuse : « Nous risquons de nous habituer à la souffrance, mais il ne doit pas en être ainsi. » Pour lui, la logique de la force « est devenue un critère politique, culturel, économique, parfois même religieux », alors que « l’histoire a déjà montré ce que cette logique produit ». Il rappelle que la foi chrétienne invite à une autre lecture du monde : « Devant le scandale de l’iniquité, la seule réponse possible pour le croyant est de garder les yeux fixés sur Jésus. C’est ainsi seulement que nous pourrons retrouver un ordre intérieur et regarder la réalité avec des yeux nouveaux. »

« Notre Église ne peut pas parler la langue de la revanche », affirme-t-il encore.

« Jésus a choisi l’amour qui se fait don et pardon. Notre mort est survenue sous la croix, non sur un champ de bataille. » Et de prévenir : « Même si la guerre devait s’achever, elle ne marquera pas nécessairement le début de la paix. Ce ne sera qu’un premier pas indispensable. »Le patriarche appelle ainsi à un long travail de reconstruction intérieure et communautaire : « Il nous faudra un long chemin pour nous désintoxiquer de la haine de ces années. Mais nous voulons le parcourir avec tous ceux qui croient encore qu’un avenir différent est possible. »

En conclusion, le cardinal confie la Terre sainte à la protection de la Vierge Marie, Reine de Palestine, dont la fête approche : « Prions pour garder le cœur de ceux qui désirent justice et vérité, pour nos jeunes, nos familles, nos religieux et nos prêtres, pour nos frères et sœurs de Gaza qui continuent de témoigner de la joie de vivre. » Et il s’associe à « l’invitation du pape Léon XIV à une journée de jeûne et de prière pour la paix, le 11 octobre ».

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