Dans un territoire marqué par des mois de guerre, le père Gabriel Romanelli, prêtre argentin et curé de la paroisse catholique de la Sainte-Famille à Gaza, décrit une communauté à bout de forces. « Il y a beaucoup de fatigue et d’inquiétude, car nous avons l’impression d’être presque seuls dans cette région », confie-t-il aux médias du Vatican.La situation humanitaire reste dramatique, malgré une trêve : « La farine coûte environ 18 euros le kilo, les tomates environ 23 euros, un oignon entre 12 et 15 euros. Pour un kilo de sucre, il faut compter au moins 100 euros […] un kilo de café coûte pas moins de 250 euros ». Mais même avec de l’argent, il est devenu presque impossible de se procurer ces produits : « Il faut trouver ces choses avant de les payer. Et c’est presque toujours impossible ».
La paroisse est aujourd’hui le dernier refuge pour environ 500 personnes. Avant la guerre, les chrétiens de Gaza étaient un peu plus de 1000. Environ 300 ont pu fuir, 54 ont perdu la vie. « Chez nous, la musicienne âgée Elham Farah a été tuée en novembre 2023 et un mois plus tard, Nahida et Samar, mère et fille, ont été tuées juste devant l’église », rapporte le curé. Beaucoup d’autres, malades, sont morts faute de soins ou de médicaments.L’aide stockée pendant une précédente trêve a permis de tenir, en soutenant aussi des familles musulmanes du quartier. Mais depuis le blocus de l’aide humanitaire du 3 mars, la paroisse a dû rationner strictement les dernières réserves : « Aujourd’hui, nous n’avons plus rien ».
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Dans ce contexte d’abandon, le père Romanelli insiste sur l’unique force qui les soutient encore : « La seule chose qui nous permet de rester soudés et avec un peu d’espoir, c’est la prière ». Il ajoute : « Sans la prière, nous ne serions pas arrivés jusqu’ici ».
Il évoque aussi les appels du pape François, qui les a rejoints chaque soir au téléphone : « Savoir que nous ne sommes qu’une toute petite partie d’une grande réalité qu’est l’Église universelle […] nous donne une grande force de résilience ». Et il termine dans un appel à l’unité spirituelle : « Les nôtres et les vôtres… Nous comptons sur vous ».