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« Nous n’avons rien à cacher » : Philippe Delorme, secrétaire général de l’enseignement catholique

Philippe Delorme - DR
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"Toute la société est responsable, il n'y a pas que l'école, c'est une responsabilité collective, il faut la tenir."

Alors que des voix s’élèvent pour dénoncer un manque de contrôle et une omerta persistante, Philippe Delorme monte au créneau. « Nous n’avons rien à cacher », assure-t-il, tout en plaidant pour une responsabilité collective et un renforcement des dispositifs de vigilance.

L’affaire de Notre-Dame de Bétharram s’inscrit dans une série de scandales qui secouent l’Église et ses institutions éducatives. Après plusieurs plaintes déposées et des révélations sur des abus présumés, les premières interpellations et gardes à vue ont eu lieu.

Dans ce contexte, les établissements catholiques sont confrontés à un flot de critiques, notamment sur l’omerta supposée qui aurait entouré certains faits. Interrogé ce jeudi 20 février sur RMC, Philippe Delorme tient à clarifier la position de l’enseignement catholique : « Nous n’avons rien à cacher. » Il affirme même avoir souhaité depuis longtemps des inspections accrues : « Je rêvais que nos 7.500 établissements soient contrôlés, nous n’avons rien à cacher. C’est une bonne chose. »

Le secrétaire général de l’Enseignement catholique rejette l’idée d’une responsabilité exclusive des établissements privés sous contrat et insiste sur une prise de conscience plus large :

« Toute la société est responsable, il n’y a pas que l’école, c’est une responsabilité collective, il faut la tenir. »

Quant aux faits survenus à Notre dame de Bétharram, Philippe Delorme rappelle que l’organisation de l’enseignement catholique « n’est pas verticale ». « En tant que secrétaire général, je veille à ce que le projet fédère les établissements, mais à l’époque des faits, leur indépendance était forte et ils étaient sous la tutelle soit du diocèse, soit d’une congrégation. »

Il reconnaît toutefois que le silence a longtemps été la norme, expliquant que « les affaires ne sortent pas » tant qu’une première parole ne se libère pas : « Il suffit qu’une personne parle pour que se déclenchent des révélations. C’est toute la difficulté majeure sur laquelle nous travaillons avec acharnement, à savoir comment libérer la parole et comment on l’écoute. »

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Concernant la justice, Philippe Delorme affirme que « bien entendu », les archives des établissements sont mises à disposition. Cependant, il tempère immédiatement les attentes : « Ça m’étonnerait qu’il y ait quelque chose. »

Il rappelle néanmoins que des mesures ont été mises en place ces dernières années pour mieux protéger les élèves. « Il y a huit ans, soit avant le rapport Sauvé, nous avons instauré le programme de protection des publics fragiles (3PF) », souligne-t-il. « Nous demandons aux chefs d’établissements de ne pas évaluer les signalements mais de les transmettre au rectorat ou au procureur, qui lui va décider s’il faut aller plus loin. »

L’affaire de Notre Dame de Bétharram relance le débat sur le contrôle des établissements privés sous contrat avec l’État. La révélation récente d’un inspecteur affirmant que son rapport de 1996 « ne tenait pas la route » alimente les interrogations sur la vigilance des autorités éducatives à l’époque.Face à ces questions, Philippe Delorme se veut pragmatique : « Est-ce qu’on fait ce qu’il faut ? On y tend. Il ne faut jamais relâcher la vigilance. Ce n’est jamais gagné mais je pense qu’on a progressé dans notre société, la parole des enfants est plus libre. »

Si l’enseignement catholique précise qu’il n’y a aucune forme de dissimulation, cette affaire souligne une fois de plus l’urgence d’une vigilance accrue pour qu’aucun silence ne puisse couvrir l’inacceptable.

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