Mgr Silvio Báez, évêque auxiliaire de Managua exilé aux États-Unis, a reçu le 10 juillet 2025 le prix Pacem in Terris à Davenport, dans l’État de l’Iowa. Ce prix, inspiré de l’encyclique de saint Jean XXIII, distingue depuis 1964 des personnalités ayant œuvré pour la paix, la justice et la dignité humaine. Parmi les lauréats passés figurent Martin Luther King, Mère Teresa et Jean Vanier.
« Ce prix n’est pas un honneur personnel, mais une reconnaissance de la lutte infatigable de nombreux Nicaraguayens courageux et dignes, qui ont travaillé et continuent de travailler pour la paix, la liberté et la défense des droits de l’homme dans notre pays », a déclaré Mgr Báez, selon le média indépendant Despacho 505.L’évêque vit en exil à Miami depuis avril 2019, à la demande du pape François, après avoir été menacé de mort à plusieurs reprises. Depuis le début des grandes manifestations populaires contre le régime de Daniel Ortega en 2018, l’Église catholique du Nicaragua est devenue l’un des rares espaces de résistance morale et spirituelle dans un pays où les libertés fondamentales sont en net recul.Plusieurs prêtres ont été arrêtés, expulsés ou réduits au silence. Le cas le plus emblématique demeure celui de Mgr Rolando Álvarez, évêque de Matagalpa, condamné en 2023 à 26 ans de prison pour avoir refusé l’exil. Les autorités ont également expulsé la quasi-totalité des congrégations missionnaires étrangères, dont les Missionnaires de la Charité, et ont confisqué de nombreux biens ecclésiaux.
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« Au Nicaragua, des voix demandent justice et liberté. Elles ont été réduites au silence, calomniées et persécutées par un régime dictatorial qui tente d’imposer une fausse normalité », a déploré Mgr Báez. Il a dénoncé également les tentatives du pouvoir de discréditer l’Église : « Le régime a voulu faire taire l’Église, mais son engagement pour la liberté, la paix et la justice demeure. Cet engagement ne vient pas d’une idéologie ni d’un programme politique, mais de Jésus-Christ. » Malgré les pressions, l’évêque s’est dit confiant dans le soutien de la communauté ecclésiale internationale : « Les défis sont loin d’être terminés, car le régime s’accroche au pouvoir en écrasant toute dissidence. Mais avec l’appui de l’Église universelle et la pression opportune de la communauté internationale, nous ne nous lasserons pas de continuer à lutter pacifiquement pour la justice et la liberté au Nicaragua. »
L’intervention de Mgr Báez vient rappeler que, dans un pays majoritairement catholique, la foi chrétienne reste l’un des derniers remparts contre la répression et le mensonge d’État.