« On est obligé de faire la mendicité » : l’appel du maire de Vézinnes à la ministre de la Culture Rachida Dati pour sauver son église
@tribunechretienne
Le maire a confié son désarroi à Tribune Chrétienne, il se bat pour sauver son église Saint-Nicolas, joyau des XIIᵉ et XVIᵉ siècles, aujourd’hui menacée d’effondrement. Il a écrit au pape François en février 2025 pour alerter sur la situation, mais la réponse venue de Rome est incompréhensible.Une question demeure : pourquoi n’est-elle toujours pas classée ?
Nous avions relayé la course effrénée d’un maire qui dépense sans compter son énergie, son temps et ses forces pour rassembler les 200 000 euros nécessaires aux travaux urgents de son église. Philippe Pacault, maire de Vézinnes, petit village de l’Yonne d’à peine 150 habitants, se bat presque seul pour préserver ce sanctuaire, témoin d’une foi séculaire et d’un patrimoine qui s’effrite. « On est obligé de faire la mendicité », nous confie-t-il avec une émotion contenue, conscient d’incarner le combat silencieux de nombreux élus ruraux face à l’indifférence des pouvoirs publics.
« Je suis catholique, pas très pratiquant, mais j’ai le souci de mon église, explique-t-il. Ce n’est pas un simple bâtiment. C’est le cœur du village, un lieu qui nous relie à ceux qui nous ont précédés. Quand elle tombera, c’est une part de notre âme collective qui disparaîtra. » confie le maire à Tribune Chrétienne
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Au centre du village, l’église Saint-Nicolas, rattachée à la paroisse Saint-Robert en Tonnerrois, mêle des éléments architecturaux des XIIᵉ au XVIᵉ siècles, elle raconte à elle-seule huit siècles de prière et de présence chrétienne au coeur du village.On y découvre deux portails d’époques différentes : le petit portail nord, restauré dans le goût du XVe siècle, et le grand portail occidental, encadré d’une tourelle à meurtrières typique du XVIIᵉ siècle. À l’intérieur, deux nefs se déploient dans un style gothique sobre, soutenues par des colonnettes aux chapiteaux sculptés. Une chapelle seigneuriale du XVIᵉ siècle, un bénitier en fonte ciselée de 1596 et une Vierge à l’Enfant sous la rosace rappellent la richesse spirituelle et artistique de ce patrimoine local.On distingue encore, sous les couches de badigeon, les traces de peintures murales figurant les Douze Apôtres, vestiges d’une foi populaire transmise au fil des siècles. Devant l’édifice, une croix Henri II de 1537, revenue sur la place du village, rappelle l’ancien cimetière qui entourait jadis l’église.
Et pourtant, malgré cette beauté évidente, malgré son intérêt historique et religieux, l’église Saint-Nicolas n’est ni classée ni inscrite aux Monuments historiques. Une situation que le maire ne comprend pas : « Quand un monument traverse huit siècles d’histoire, comment peut-on dire qu’il ne mérite pas d’être protégé ? »
Cette absence de classement prive Vézinnes de subventions essentielles. Le coût total des travaux de restauration dépasse 200 000 euros, une somme insoutenable pour une petite commune dont chaque euro compte.Pour tenter de sauver la toiture nord, la municipalité a eu une idée originale : vendre les 11 000 tuiles neuves de la future couverture, à raison de 10 euros la tuile. « C’est une démarche symbolique, puisque chaque tuile achetée correspond à un geste de soutien pour la restauration d’un patrimoine qui veille sur les habitants depuis des siècles. » explique Philippe Pacault
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Par ailleurs, le maire se montre favorable à la proposition de la ministre de la Culture de « faire participer » les millions de visiteurs, simples touristes, au budget des églises de France : « 4 ou 5 euros par visiteur, c’est une somme que tous les touristes étrangers sont prêts à mettre », dit-il. L’on sait que les évêques de France ont repoussé cette proposition, arguant que l’entrée de Notre-Dame devait rester gratuite comme toutes les églises. Paradoxalement, il y a bien deux files devant l’entrée de la cathédrale : une pour les touristes et une pour les fidèles venant assister à la messe. Et l’on sait que 90 % des visiteurs de Notre-Dame de Paris viennent voir l’architecture avant tout…
Plus surprenant encore, le maire de Vézinnes nous apprend qu’il a écrit directement au pape François en février 2025 pour lui demander une aide financière :« Avec un profond respect et une grande humilité, nous nous adressons à Vous, au nom des habitants de notre petit village de Vézinnes, qui compte 160 âmes et dont l’église Saint-Nicolas est le cœur spirituel et patrimonial », écrivait-il. « Notre église, témoin de la foi de nos ancêtres, nécessite aujourd’hui des travaux urgents de réfection afin de lui permettre de continuer à être un lieu de prière et de rassemblement pour les générations futures. »
La réponse, transmise par Mgr Pascal Wintzer, archevêque de Sens-Auxerre, est restée sans appel :
« Le Saint-Siège n’apporte pas de financement aux Églises des différents pays du Nord, comme la France. Ce sont les diocèses de France qui contribuent au financement du Saint-Siège, qui, au-delà de ce qui est nécessaire à son fonctionnement, apporte des aides aux Églises pauvres, du Sud essentiellement. »
Notons enfin que la Fondation du patrimoine, chargée de référencer tous les édifices dont les travaux ouvrent droit à défiscalisation pour les particuliers comme pour les entreprises, est à priori sur le point de répertorier cette église afin que les donateurs potentiels puissent y contribuer, mais cela ne régle en rien le problème du classement de l’édifice. Enfin, une cagnotte Leetchi a également été ouverte : 👉 https://www.leetchi.com/fr/c/les-tuiles-de-notre-eglise-3471865
L’Yonne n’est pas une région touristique au sens strict, mais son patrimoine reste profondément vivant. Ses villages, ses pierres, ses clochers racontent la France rurale dans ce qu’elle a de plus vrai. Ses églises, comme celle de Vézinnes, continuent d’éclairer la campagne et d’ancrer la foi au cœur des paysages. Il revient aux fidèles, aux amoureux du patrimoine et à tous ceux qui croient encore en la beauté de nos églises rurales et à l’importance de répondre à cet appel. Chaque tuile, chaque don, chaque prière compte. L’Eglise Saint-Nicolas de Vézinnes n’est pas qu’un monument : elle est la mémoire vivante d’un peuple et le signe visible d’une foi transmise.
📩 Dons pour la restauration de l’église Saint-Nicolas de Vézinnes Mairie de Vézinnes 2, route de Tonnerre – 89700 Vézinnes (Tél. : 03 86 55 33 77)