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Pape François : « la Corse est un modèle de saine laïcité et de piété populaire »

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Le pape a noté avec tristesse que "la question de Dieu semble s’estomper" en Europe.

Lors de son discours à Ajaccio, le Pape François a conclu le colloque sur la religiosité populaire en Méditerranée, en soulignant l’importance d’une relation harmonieuse entre la religion et la politique, comme condition nécessaire au plein épanouissement de la piété populaire. Selon lui, cette piété permet aux chrétiens de contribuer activement à la société tout en respectant les principes d’une laïcité constructive.

« Dans cette citoyenneté constructive, il est essentiel pour les chrétiens de travailler sur un chemin commun avec les institutions laïques, civiles et politiques, » a affirmé le Saint-Père. Il a ajouté que cette collaboration, telle qu’observée en Corse, favorisait le bien commun et appelait à une laïcité « évolutive et dynamique, » qui ne soit pas statique, mais capable de s’adapter aux défis contemporains tout en préservant les rôles respectifs de l’Église et de l’État.

L’héritage de la Méditerranée et la foi vivante

Le Pape a rappelé que la Méditerranée, terre nourrissant depuis deux millénaires les civilisations grecque, romaine et judéo-chrétienne, est le berceau de l’Incarnation de Jésus. Toutefois, il a noté avec tristesse que « la question de Dieu semble s’estomper » en Europe. Pourtant, cette observation ne doit pas entraîner une opposition entre culture chrétienne et culture laïque. Au contraire, François a exhorté à une « ouverture à la possibilité de vivre sa foi sans l’imposer » et a rappelé que les croyants sont de plus en plus appelés à vivre leur foi « comme un levain dans la pâte du monde. »

La piété populaire, selon François, ne se limite pas à des gestes folkloriques mais est un moyen d’incarner la foi dans la culture populaire, notamment à travers des pratiques comme les processions, les rogations, et les œuvres de charité. Il a cité l’exhortation apostolique Evangelii Gaudium, expliquant que dans la piété populaire, « on peut comprendre comment la foi reçue s’est incarnée dans une culture et continue à se transmettre. »

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Un « modèle corse » à suivre

L’un des moments forts du discours a été l’éloge de la Corse, un modèle de piété populaire profondément enracinée. « Vous êtes un exemple vertueux en Europe, » a déclaré François, saluant la dévotion des Corses à travers leurs pèlerinages et processions. Dans un appel aux jeunes, il a encouragé à s’investir davantage dans la vie socioculturelle et politique de l’île, afin de maintenir cette tradition vivante et de la porter vers un avenir prospère.

Enfin, le Pape a mis en lumière un concept de laïcité qu’il considère comme indispensable au bon fonctionnement de la société moderne. C’est en citant son prédécesseur Benoît XVI qu’il a souligné l’importance de la « saine laïcité, » qui selon lui doit permettre « de libérer la croyance du poids de la politique et d’enrichir la politique par les apports de la croyance. » Pour François, ce modèle de laïcité est crucial pour éviter les dérives de l’instrumentalisation de la religion à des fins politiques, tout en assurant une coopération mutuellement bénéfique entre l’Église et l’État.

Le discours du Pape François en Corse reflète un appel à un « dialogue constructif  » et respectueux entre la foi et les institutions laïques. Il invite les croyants à s’engager pleinement dans la société, tout en préservant la richesse et l’authenticité de leur foi chrétienne, incarnée dans des pratiques populaires profondément ancrées dans les traditions locales.

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