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Parentalité, foi et avenir démographique : ce que révèlent précisément les chiffres sur la jeunesse française

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Là où la religion demeure présente, l’importance accordée au fait de devenir parent est plus élevée, les projections sont plus stables et la parentalité est moins souvent perçue comme une contrainte

Publié le 16 décembre 2025 par le Conseil de la famille du HCFEA, ce rapport repose sur une enquête conduite par Toluna Harris Interactive auprès de 2 039 jeunes adultes âgés de 20 à 35 ans, représentatifs de la population française, afin d’analyser en profondeur leurs projections en matière de parentalité. On note que la France connaît une baisse structurelle de la fécondité qui s’inscrit désormais dans la durée. En 2024, l’indicateur conjoncturel de fécondité a atteint 1,62 enfant par femme, contre près de 2 en 2014. Cette chute rapide en une décennie interroge non seulement l’efficacité des politiques familiales, mais aussi les fondements culturels et anthropologiques du désir d’enfant. Le rapport présenté le 16 décembre 2025 par le Conseil de la famille apporte à cet égard un éclairage détaillé, fondé sur des données quantitatives rarement analysées avec autant de précision.

Sur l’ensemble des personnes interrogées, 83 % déclarent se projeter dans une vie de parents. Ce chiffre recouvre cependant des réalités très contrastées. 39 % des répondants sont déjà parents, tandis que 44 % envisagent de le devenir.

En parallèle, 12 % affirment qu’ils ne deviendront pas parents au cours de leur vie et 5 % demeurent indécis. Parmi les personnes sans enfant, qui représentent environ 60 % de l’échantillon, 72 % se projettent dans une parentalité future, mais 20 % déclarent explicitement ne pas souhaiter devenir parents, un chiffre significatif pour une tranche d’âge traditionnellement associée à la constitution de la famille.

Lorsqu’on interroge l’importance accordée au fait de devenir parent, sur une échelle de 1 à 10, la moyenne générale s’établit à 7,3. Ce chiffre masque là encore des écarts marqués. Les parents attribuent une note moyenne de 8,2, contre seulement 6,2 pour les personnes sans enfant. Parmi ces dernières, celles qui envisagent de devenir parents attribuent une note de 7,6, tandis que celles qui n’envisagent pas la parentalité tombent à 3,7. Les personnes indécises se situent à un niveau intermédiaire, avec une note moyenne de 5, traduisant une hésitation profonde plutôt qu’un rejet frontal.

L’analyse statistique permet de dégager trois grandes approches de la parentalité chez les 20-35 ans sans enfant. 40 % adhèrent à une approche conformiste, 39 % à une approche contraignante et 21 % à une approche épanouissante. Ces groupes se distinguent nettement dans leurs projections concrètes.

Parmi les jeunes adultes sans enfant ayant une vision conformiste de la parentalité, 83 % envisagent de devenir parents. Cette proportion grimpe à 94 % chez ceux qui perçoivent la parentalité comme une source d’épanouissement. À l’inverse, elle chute brutalement à 50 % chez ceux qui voient la parentalité avant tout comme une contrainte.Les écarts de genre sont particulièrement marqués. Les hommes représentent 64 % des personnes adhérant à une approche conformiste de la parentalité, tandis que les femmes constituent plus de 57 % du groupe percevant la parentalité comme une contrainte. Parmi les raisons invoquées, près de 70 % des femmes sans enfant déclarent que la peur de la grossesse et de l’accouchement s’applique à leur situation, contre environ 40 % des hommes. La crainte d’un déséquilibre dans le partage des responsabilités parentales est également citée par 41 % des femmes sans enfant, contre 28 % des hommes.

C’est toutefois l’appartenance religieuse qui constitue l’un des facteurs explicatifs les plus robustes mis en évidence par le rapport. Toutes choses égales par ailleurs, les personnes déclarant une religion attribuent une note en moyenne supérieure de 0,7 point à l’importance de devenir parent par rapport à celles qui ne déclarent aucune religion. Cette différence est comparable, voire supérieure, à celle observée selon la situation matérielle ou le parcours familial.

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Dans le détail, 55 % des jeunes adultes sans enfant adhérant à une approche conformiste de la parentalité déclarent une appartenance religieuse, contre 48 % parmi ceux ayant une vision épanouissante. En revanche, ce taux tombe à moins de 30 % chez les personnes percevant la parentalité comme une contrainte. Chez les parents, les écarts sont encore plus nets. 63 % des parents à vision conformiste et 64 % de ceux à vision enthousiaste déclarent appartenir à une religion, contre seulement 48 % parmi les parents à vision épanouissante et 33 % parmi ceux vivant la parentalité comme une contrainte.

L’analyse multivariée confirme que cet effet religieux demeure significatif indépendamment de l’âge, du niveau de diplôme ou de la catégorie socioprofessionnelle. De la même manière, les personnes se déclarant proches de la droite et du centre droit accordent en moyenne plus d’importance à la parentalité que celles se situant à gauche ou se déclarant proches des écologistes, ces dernières affichant les niveaux les plus bas d’importance accordée au fait de devenir parent.Sur le plan matériel, le rapport met en évidence un sentiment d’insuffisance largement partagé. 49 % des jeunes adultes estiment que les politiques publiques n’aident pas suffisamment les parents, contre 40 % qui les jugent satisfaisantes et 11 % qui ne se prononcent pas. Les femmes sont nettement plus critiques : parmi les mères, 58 % jugent les politiques familiales insuffisantes, contre 44 % des pères. Les écarts sont encore plus marqués concernant les congés parentaux, jugés satisfaisants par 59 % des pères mais seulement par 32 % des mères.

Ces données traduisent une réalité structurelle : les contraintes matérielles et professionnelles pèsent de manière asymétrique, renforçant chez une partie des femmes une vision plus pessimiste de la parentalité. Toutefois, même à situation matérielle comparable, l’appartenance religieuse demeure associée à une valorisation plus élevée de la transmission familiale, suggérant que les facteurs culturels et spirituels jouent un rôle décisif.Le rapport du 16 décembre 2025 montre que la crise de la natalité en France ne saurait être réduite à une simple question de pouvoir d’achat ou de dispositifs publics. Les chiffres révèlent une fracture culturelle profonde dans le rapport à la parentalité.

Là où la religion demeure présente, l’importance accordée au fait de devenir parent est plus élevée, les projections sont plus stables et la parentalité est moins souvent perçue comme une contrainte.

Dans un contexte marqué par l’incertitude et la fragilisation des repères collectifs, la religion apparaît comme l’un des derniers cadres capables de donner sens à la transmission de la vie, à la responsabilité familiale et à l’avenir démographique du pays.

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