Le père Carlo Alberto Capella, ancien diplomate du Saint-Siège, figure à plusieurs reprises dans l’édition 2025 de l’Annuario Pontificio. Ce prêtre italien, condamné en 2018 pour détention et diffusion d’images pédopornographiques, a été affecté à la Section pour les relations avec les États de la Secrétairerie d’État, selon une enquête récente du site The Pillar.
Après avoir été rappelé en 2017 de son poste à la nonciature de Washington suite à une alerte du Département d’État américain, le père Capella a été jugé par le tribunal du Vatican. Il a été reconnu coupable de possession et diffusion de matériel pédopornographique sous forme de dessins, photos et vidéos, et condamné à cinq ans de prison et 5 000 euros d’amende.Un procès canonique parallèle lui a fait perdre son titre de « Monseigneur », sans pour autant le renvoyer de l’état clérical. Selon des sources internes, il a d’abord été affecté discrètement comme rédacteur de discours, sans poste officiel, à titre « d’acte de miséricorde ». Pourtant, son nom figure désormais dans l’annuaire officiel du Vatican comme secrétaire dans la diplomatie. « C’est exactement ce qu’on voulait éviter : il devait servir de manière discrète, sans donner de scandale », confie une source au Pillar.
Ce cas révèle un malaise profond : derrière une apparente rigueur affichée par le Saint-Siège depuis la réforme de 2013 contre les crimes sexuels, certaines pratiques demeurent opaques. Les fidèles, eux, attendent une cohérence claire entre les principes proclamés et les décisions concrètes.
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Cette incohérence se retrouve également dans l’Église de France. Récemment, à travers un « J’accuse », véritable cri lancé à la Sainte Mère l’Église, Tribune Chrétienne dénonçait la tentation de plusieurs évêques de réintégrer des prêtres condamnés pour des faits graves, au nom d’une prétendue « miséricorde pastorale ». Parmi les cas évoqués figurait celui du père Dominique Spina, condamné pour le viol d’un mineur, et nommé en mai 2024 chancelier de l’archevêché de Reims. De son coté, Monseigneur Guy de Kérimel, archevêque de Toulouse persiste et signe et semble vouloir justifier ce type de démarche en évoquant publiquement la possibilité d’un « chemin de reconstruction » pour des prêtres ayant purgé leur peine. Une décision jugée incompréhensible par de nombreux fidèles et prêtres, tant elle semble trahir l’exigence de vérité et de clarté que réclame aujourd’hui le témoignage de l’Église.
Ces décisions interpellent : peut-on parler de miséricorde sans justice ? Le risque est grand de transformer la compassion en indulgence systématique, qui finit par blesser de nouveau les victimes et scandaliser les fidèles.
Alors que le pape François a, à de nombreuses reprises, affirmé vouloir une Église « transparente » et « tolérance zéro » envers les abus, la réalité administrative et diplomatique semble parfois suivre une autre logique. Le reclassement de prêtres condamnés, au Vatican comme dans les diocèses, interroge sur la véritable volonté de réforme.Laissons au pape Léon XIV le temps de discerner et de trancher sur tout cela comme sur de nombreux autres sujets…