À l’approche du 63e Pèlerinage Militaire International à Lourdes, rassemblant des soldats provenant de plus de quarante pays, un aumônier français témoigne de sa mission et de la signification de l’engagement militaire de nos jours. L’abbé Pierre-Nicolas Chapeau, aumônier catholique du 2e Régiment Étranger d’Infanterie (Légion étrangère), partage son expérience.

Plus de 10 000 pèlerins, venus de plus de quarante pays, sont attendus à Lourdes du 12 au 14 mai pour le 63e Pèlerinage Militaire International. Les délégations militaires du monde entier, y compris celle de l’État de la Cité du Vatican avec la Garde Suisse pontificale, se réuniront pour prier ensemble la Vierge Marie, œuvrer pour la paix et recevoir les sacrements. Des moments de partage sont également prévus, tels qu’un défi sportif incluant des blessés de guerre, ainsi qu’un festival international de musique militaire. Cet événement impressionnant par son décorum dans la cité mariale est également un moment de fraternité entre les soldats, appelés «sentinelles de paix» par Jean-Paul II.

Prêtre de la communauté Saint-Martin, ayant d’abord été vicaire en Bretagne pendant quelques années, l’abbé Pierre-Nicolas Chapeau est depuis 2019 aumônier catholique du 2e Régiment d’Infanterie (Légion étrangère) basé à Nîmes. Il explique d’abord les raisons de son engagement au sein du diocèse aux Armées françaises.

Extrait de l’entretien réalisé par Adélaïde Patrignani – Cité du Vatican pour Vatican News

“J’ai fait ce choix parce que j’ai toujours été passionné par le milieu militaire depuis mon adolescence. En 2009, j’ai rencontré un ancien aumônier du 21ᵉ régiment d’infanterie de marine de Fréjus. Son témoignage et ses encouragements m’ont amené à décider de m’engager auprès du diocèse aux Armées.

Qu’est-ce que cela représente pour vous de servir au sein de cette institution militaire compte tenu de son histoire, notamment son lien avec Charles de Foucauld, de son prestige et de sa diversité culturelle ?

Charles de Foucauld n’a pas servi dans ce régiment, mais lorsqu’il était en Algérie, dans son ermitage, au début du siècle dernier, après la bataille emblématique d’El-Moungar, où le deuxième régiment étranger d’infanterie était engagé, il a quitté son ermitage pour se porter au chevet des blessés de cette bataille. C’est pourquoi le destin du régiment et de Charles de Foucauld sont liés.

Revenons à Lourdes, où la Légion étrangère sera mise à l’honneur lors du Festival des musiques militaires. Quel est l’impact de cette musique, renommée au sein de la Légion étrangère, sur ceux qui la jouent et ceux qui l’écoutent ?

Tout d’abord, il est important de rappeler que la musique et le chant jouent un rôle essentiel au sein des armées. Depuis toujours, c’est en chantant ensemble, en marchant au pas, en avançant d’un pas uni, que la cohésion se forge. Un soldat ne peut être efficace sans ses frères d’armes. La cohésion est fondamentale pour une armée, et la musique et le chant y contribuent grandement. Par conséquent, la musique de la Légion étrangère est une véritable force qui rassemble et renforce le lien entre les membres de cette institution.

Ensuite, de manière plus spécifique, la musique de la Légion étrangère, grâce à sa qualité et son excellence, contribue à la renommée de cette institution tant en France qu’à travers le monde. Elle offre également à ceux qui ne la connaissent pas encore l’opportunité de saisir un peu de l’âme de la Légion étrangère. Il suffit d’entendre cette musique pour être touché par l’émotion, comme cela m’est arrivé récemment à Aubagne lors de la fête de Camerone. Une fois de plus, nous avons pu apprécier la qualité et le professionnalisme de cette formation musicale.

Ainsi, la musique de la Légion étrangère joue un rôle crucial dans la cohésion des soldats et contribue à la renommée de cette institution. Elle transcende les frontières, suscite des émotions et permet à tous de découvrir et d’apprécier l’esprit de la Légion étrangère”.

La fraternité, vous allez la vivre bientôt à Lourdes, à l’occasion du Pèlerinage militaire international. Qu’est-ce que vous attendez de cette démarche? 

Aller à Lourdes, c’est d’abord aller à la rencontre de la Vierge Marie, de son grand message toujours actuel de compassion, de proximité avec les petits et surtout avec les blessés, blessés dans leurs corps, blessés dans leur âme

– et Dieu sait s’il y en a beaucoup dans notre institution militaire.  Donc c’est d’abord cela: aller à la source avec la Vierge Marie pour retrouver un nouvel élan dans notre vie spirituelle, dans notre vie chrétienne. Et puis vous savez qu’à Lourdes, il n’y a pas que des chrétiens qui vont y aller en pèlerinage, il n’y a pas que des militaires chrétiens. Il y a des militaires soit, qui n’ont pas encore la foi, soit qui viennent d’autres traditions religieuses, mais qui sont attirés par cette figure maternelle de la Vierge Marie, qui parle à tous. 

Ensuite, aller à Lourdes, c’est faire l’expérience de cette grande fraternité des soldats. Chaque soldat vit dans l’armée de sa nation, mais on peut se retrouver entre militaires des différents pays parce que les militaires de tous les pays obéissent à une même éthique, à un même idéal, et en cela, ils peuvent se rassembler, se retrouver. Et quel beau message offrent ces soldats à Lourdes, qui apparaissent vraiment comme des serviteurs de la paix. C’est un petit peu paradoxal de penser que les soldats puissent être des serviteurs de la paix, mais c’est ce qu’ils sont vraiment, car quand l’instrument militaire n’est pas au service de la justice, le militaire est à côté de la plaque en quelque sorte. Il est vraiment dans sa vocation lorsqu’il met toute sa personne au service de la paix. C’est vraiment un objectif que nous devons viser. Mais malheureusement le monde n’est pas composé que de bisounours !.. Il y a des méchants, des agresseurs, et nous avons le devoir de nous y opposer, au besoin par la force. C’est le rôle des militaires. 

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