Depuis 2000 ans

« Plus que jamais, mettre Jésus-Christ au centre et aider chacun à vivre une relation personnelle avec Lui »exhorte le pape Léon XIV aux évêques italiens

Depositphotos
Depositphotos
Le souverain pontife a abordé la question du renouvellement des pasteurs, rappelant la règle des 75 ans et a souligné que les charges ecclésiales relèvent du service et non de la possession

À Assise, le pape Léon XIV a présenté aux évêques italiens une série d’orientations pastorales centrées sur le recentrement sur le Christ, la synodalité, la responsabilité dans le gouvernement de l’Église et l’attention aux défis contemporains. Son discours, structuré et mesuré, a tracé les lignes d’un chemin conjuguant fidélité évangélique et adaptation aux réalités actuelles. Le Saint-Père a choisi le cadre symbolique d’Assise pour rappeler l’héritage de saint François et son appel à « vivre selon la forme du saint Évangile ».

Cette référence initiale a établi la nécessité de revenir à l’Évangile et de recentrer la vie chrétienne sur le Christ. Le souverain pontife a souligné l’importance « de mettre Jésus-Christ au centre et d’aider chacun à vivre une relation personnelle avec Lui », point qu’il a considéré comme essentiel pour l’orientation de la mission de l’Église.

Le Saint-Père a décrit une société marquée par la fragmentation, les tensions verbales, la pression technologique, la solitude et l’incertitude. Il a présenté ces éléments comme le contexte dans lequel l’Église doit exercer sa mission. Il a rappelé les paroles du Ressuscité, « La paix soit avec vous », afin d’encourager des relations empreintes de respect et de fraternité.Le pape a également développé la question de la synodalité, qu’il a présentée comme un « marcher ensemble » avec le Christ et avec l’humanité. Cette démarche implique un partage des responsabilités et un discernement commun. Le Saint-Père a abordé plusieurs sujets concrets, dont les regroupements de diocèses, qu’il a demandé de ne pas remettre en question, tout en appelant à un discernement attentif pour les petites diocèses dépourvues de ressources. Il a demandé également une participation élargie et mieux coordonnée à la consultation pour les nominations épiscopales entre Rome, les nonciatures et les Églises locales.

Le souverain pontife a aussi traité du renouvellement des pasteurs et a rappelé la règle des 75 ans pour la conclusion du service des Ordinaires et a évoqué la nécessité « d’apprendre à se démettre », rappelant que les charges ecclésiales sont un service et non une possession.Le pape a insisté sur l’importance de la mémoire ecclésiale. Il a invité à garder vivant le parcours ouvert par le Concile Vatican II, mémoire jugée nécessaire pour inscrire l’action pastorale dans la durée et éviter les ruptures.Le Saint-Père a encouragé la promotion d’un humanisme intégral fondé sur la dignité humaine, la solidarité, la protection de la vie et le respect de la légalité. Il a inscrit cette perspective dans la continuité naturelle de la mission ecclésiale.

Lire aussi

Le souverain pontife a enfin évoqué le défi du numérique en soulignant que l’usage des médias ne suffit pas et a appelé à « habiter » les espaces digitaux de manière humaine. Il a insisté sur la vérité, la liberté et la responsabilité dans un environnement marqué par la multiplication des connexions.Le Saint-Père a mis en avant la proximité que les pasteurs doivent maintenir avec les familles, les jeunes, les personnes âgées et celles qui vivent la solitude. Il a exprimé sa gratitude envers les agents pastoraux et les bénévoles engagés auprès des plus fragiles. Il a souligné l’importance de l’écoute et de l’accueil des victimes d’abus, qu’il a présentée comme un signe essentiel de la conversion communautaire.

Pour conclure, le pape Léon XIV est revenu à la figure de saint François. Il a rappelé l’expérience des premiers frères, qui ont discerné et ont décidé ensemble en s’appuyant sur l’Évangile. Cette référence a mis en évidence que la synodalité s’inscrit dans l’histoire de l’Église.L’ensemble du discours a proposé un cadre pastoral articulant recentrement sur le Christ, pratique concrète de la synodalité, attention aux réalités actuelles et engagement envers les plus vulnérables.

Discours du Saint-Père Léon XIV à l’Assemblée générale de la Conférence épiscopale italienne à Assise, 20.11.2025

( Traduction Tribune Chrétienne)

« Très chers frères dans l’épiscopat, bonjour.

Je remercie vivement le Cardinal Président pour les paroles de salut qu’il m’a adressées et pour l’invitation à être parmi vous aujourd’hui pour conclure la 81e Assemblée générale. Et je suis heureux de cette première halte, bien que très brève, à Assise, lieu hautement significatif pour le message de foi, de fraternité et de paix qu’il transmet, dont le monde a un besoin urgent.

Ici, saint François reçut du Seigneur la révélation de devoir « vivre selon la forme du saint Évangile » (2Test 14 : FF 116). Le Christ, en effet, « qui était riche au-dessus de toute chose, voulut choisir dans ce monde, avec la bienheureuse Vierge, sa mère, la pauvreté » (2Lf 5 : FF 182).

Regarder Jésus est la première chose à laquelle nous sommes appelés, nous aussi. La raison de notre présence ici est en effet la foi en Lui, crucifié et ressuscité. Comme je vous le disais en juin, en ce temps nous avons plus que jamais besoin « de mettre Jésus-Christ au centre et, suivant la voie indiquée par Evangelii gaudium, d’aider les personnes à vivre une relation personnelle avec Lui, afin de découvrir la joie de l’Évangile. En un temps de grande fragmentation, il est nécessaire de revenir aux fondements de notre foi, au kérygme » (Discours aux Évêques de la Conférence épiscopale italienne, 17 juin 2025). Et cela vaut avant tout pour nous : repartir de l’acte de foi qui nous fait reconnaître dans le Christ le Sauveur et qui se décline dans tous les domaines de la vie quotidienne.

Garder le regard sur le Visage de Jésus nous rend capables de regarder les visages des frères. C’est son amour qui nous pousse vers eux (cf. 2 Co 5,14). Et la foi en Lui, notre paix (cf. Ep 2,14), nous demande d’offrir à tous le don de sa paix. Nous vivons un temps marqué par les fractures, dans les contextes nationaux et internationaux : se diffusent souvent des messages et des langages empreints d’hostilité et de violence, la course à l’efficacité laisse les plus fragiles derrière, l’omnipotence technologique comprime la liberté, la solitude consume l’espérance, tandis que de nombreuses incertitudes pèsent comme des inconnues sur notre avenir. Et pourtant, la Parole et l’Esprit nous exhortent encore à être artisans d’amitié, de fraternité, de relations authentiques dans nos communautés, où, sans réticences ni craintes, nous devons écouter et harmoniser les tensions, développer une culture de la rencontre et devenir ainsi une prophétie de paix pour le monde. Quand le Ressuscité apparaît aux disciples, ses premières paroles sont : « La paix soit avec vous » (Jn 20,19.21). Et aussitôt Il les envoie, comme le Père L’a envoyé (v. 21) : le don pascal est pour eux mais pour qu’il soit donné à tous.

Très chers, lors de notre précédente rencontre j’ai indiqué quelques repères pour être une Église qui incarne l’Évangile et qui est signe du Royaume de Dieu : l’annonce du Message de salut, la construction de la paix, la promotion de la dignité humaine, la culture du dialogue, la vision anthropologique chrétienne. Aujourd’hui, je voudrais souligner que ces orientations correspondent aux perspectives qui ont émergé dans le Chemin synodal de l’Église en Italie. Il vous revient maintenant, à vous Évêques, de tracer les lignes pastorales pour les prochaines années, aussi je souhaite vous offrir quelques réflexions afin qu’un esprit véritablement synodal grandisse et mûrisse dans les Églises et entre les Églises de notre pays.

Tout d’abord, n’oublions pas que la synodalité indique la « marche commune des chrétiens avec le Christ et vers le Royaume de Dieu, en union avec toute l’humanité » (Document final de la Deuxième Session de la XVIe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, 28). Du Seigneur nous recevons la grâce de la communion qui anime et donne forme à nos relations humaines et ecclésiales.

Je souhaite que l’engagement de tous se porte sur la défiance d’une communion concrète, afin que prenne forme le visage d’une Église collégiale, qui partage des étapes et des choix communs. En ce sens, les défis de l’évangélisation et les changements de ces dernières décennies, qui touchent les domaines démographique, culturel et ecclésial, nous demandent de ne pas revenir en arrière sur la question des regroupements des diocèses, surtout là où les exigences de l’annonce chrétienne nous invitent à dépasser certaines frontières territoriales et à rendre nos identités religieuses et ecclésiales plus ouvertes, en apprenant à travailler ensemble et à repenser l’action pastorale en unissant nos forces. En même temps, considérant la physionomie de l’Église en Italie, incarnée dans les divers territoires, et tenant compte de la fatigue et parfois du désarroi que de tels choix peuvent provoquer, je souhaite que les Évêques de chaque Région accomplissent un discernement attentif et parviennent peut-être à suggérer des propositions réalistes pour certaines des petites diocèses qui disposent de peu de ressources humaines, afin d’évaluer si et comment elles pourraient continuer à offrir leur service.

Ce qui importe, c’est que, dans cet esprit synodal, nous apprenions à travailler ensemble et que, dans les Églises particulières, nous nous engagions tous à édifier des communautés chrétiennes ouvertes, hospitalières et accueillantes, où les relations se traduisent en coresponsabilité mutuelle en faveur de l’annonce de l’Évangile.

La synodalité, qui implique un exercice effectif de la collégialité, exige non seulement la communion entre vous et avec moi, mais aussi une écoute attentive et un discernement sérieux des attentes qui proviennent du peuple de Dieu. En ce sens, la coordination entre le Dicastère pour les Évêques et la Nonciature apostolique, en vue d’une coresponsabilité commune, doit pouvoir promouvoir une plus grande participation de personnes dans la consultation pour la nomination de nouveaux Évêques, en plus de l’écoute des Ordinaires en fonction dans les Églises locales et de ceux qui s’apprêtent à terminer leur service.

Sur cet aspect également, permettez-moi de vous offrir quelques indications. Une Église synodale, qui marche dans les sillons de l’histoire en affrontant les défis émergents de l’évangélisation, a besoin de se renouveler constamment. Il faut éviter que, même avec de bonnes intentions, l’inertie ralentisse les changements nécessaires. À ce propos, nous devons tous cultiver l’attitude intérieure que le Pape François a définie comme « apprendre à se démettre », une attitude précieuse quand il faut se préparer à quitter sa charge. Il est bon que soit respectée la norme des 75 ans pour la conclusion du service des Ordinaires dans les diocèses et, uniquement dans le cas des Cardinaux, on pourra envisager une continuation du ministère, éventuellement pour deux années supplémentaires.

Très chers frères, revenant à l’horizon de la mission de l’Église en Italie, je vous exhorte à vous souvenir du chemin parcouru après le Concile Vatican II, ponctué par les Conventions ecclésiales nationales. Et je vous exhorte à veiller à ce que vos Communautés, diocésaines et paroissiales, ne perdent pas la mémoire, mais la maintiennent vivante, car ceci est essentiel dans l’Église : se souvenir du chemin que le Seigneur nous fait accomplir au fil du temps dans le désert (cf. Dt 8).

Dans cette perspective, l’Église en Italie peut et doit continuer à promouvoir un humanisme intégral, qui aide et soutienne les parcours existentiels des individus et de la société, un sens de l’humain qui exalte la valeur de la vie et le soin de chaque créature, qui intervient de manière prophétique dans le débat public pour diffuser une culture de la légalité et de la solidarité.

On n’oubliera pas dans ce contexte le défi que nous pose l’univers numérique. La pastorale ne peut se limiter à « utiliser » les médias, mais doit éduquer à habiter le numérique de manière humaine, sans que la vérité se perde derrière la multiplication des connexions, pour que le réseau puisse être réellement un espace de liberté, de responsabilité et de fraternité.

Marcher ensemble, marcher avec tous, signifie aussi être une Église qui vit parmi les gens, qui accueille leurs questions, apaise leurs souffrances, partage leurs espérances. Continuez à être proches des familles, des jeunes, des personnes âgées, de ceux qui vivent dans la solitude. Continuez à vous dépenser pour le soin des pauvres, les communautés chrétiennes enracinées de manière capillaire dans le territoire, les nombreux agents pastoraux et bénévoles, les Caritas diocésaines et paroissiales accomplissent déjà un grand travail en ce sens et je vous en suis reconnaissant.

Dans cette ligne de la sollicitude, je voudrais aussi recommander l’attention aux plus petits et aux plus vulnérables, afin que se développe aussi une culture de la prévention de toute forme d’abus. L’accueil et l’écoute des victimes sont le trait authentique d’une Église qui, dans la conversion communautaire, sait reconnaître les blessures et s’engage à les apaiser, car « là où la douleur est profonde, l’espérance qui naît de la communion doit être encore plus forte » (Veillée du Jubilé de la Consolation, 15 septembre 2025). Je vous remercie pour ce que vous avez déjà fait et je vous encourage à poursuivre votre engagement dans la protection des mineurs et des adultes vulnérables.

Très chers frères, en ce lieu, saint François et les premiers frères vécurent pleinement ce que, avec le langage d’aujourd’hui, nous appelons le « style synodal ». Ensemble, en effet, ils partagèrent les différentes étapes de leur chemin, ensemble ils se rendirent auprès du Pape Innocent III, ensemble, d’année en année, ils perfectionnèrent et enrichirent le texte initial qui avait été présenté au Pontife, composé, dit Thomas de Celano, « surtout d’expressions de l’Évangile » (1Cel 32 : FF 372), jusqu’à le transformer en ce que nous connaissons aujourd’hui comme la première Règle. Ce choix convaincu de fraternité, qui est le cœur du charisme franciscain avec la minorité, fut inspiré par une foi intrépide et persévérante.

Que l’exemple de saint François donne aussi à chacun de nous la force d’accomplir des choix inspirés par une foi authentique et d’être, comme Église, signe et témoignage du Royaume de Dieu dans le monde. Merci. »

Source Vatican

Recevez chaque jour notre newsletter !

RESTEZ CONNECTÉS !

Suivez l’actualité quotidienne des chrétiens en France et dans le monde

Rejoignez nos 60 000 abonnés : inscrivez ci-dessous votre adresse mail et recevez notre newsletter tous les jours, c’est gratuit !