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Pourquoi s’agenouiller à l’Église n’est pas un retour en arrière mais une avancée vers une foi plus mature

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Les jeunes ne fuient pas le monde, ils refusent simplement que la foi soit réduite à une sociologie

Par Philippe Marie

Non, s’agenouiller à l’Église ou redonner place au latin n’est pas se crisper ni exprimer un retour identitaire.Alors que certains catholiques voient dans le retour de la communion à genoux, du latin ou des gestes de révérence un « repli », ils manquent l’enjeu profond. Il ne s’agit pas de nostalgie mais d’une avancée vers une foi plus adulte, qui reconnaît la grandeur de Dieu et redécouvre la beauté du sacré. Agenouillement, silence, solennité : des signes d’humilité qui ne ramènent pas en arrière, mais qui ouvrent un chemin spirituel plus exigeant.

Il est devenu courant d’entendre que les jeunes catholiques, en redécouvrant la liturgie traditionnelle ou simplement des gestes de respect comme s’agenouiller, conduiraient l’Église à un dangereux « retour en arrière ». Cette accusation, répétée à l’envi, repose pourtant sur une incompréhension fondamentale : ce que beaucoup interprètent comme un repli est en réalité une reconquête spirituelle, un désir profond de replacer Dieu au centre.

On parle de « retour » comme si l’agenouillement ou la récitation du Notre Père en latin étaient des curiosités d’un autre âge. En réalité, ce sont des gestes que l’Église a pratiqués durant vingt siècles, sans que personne n’y voie une menace pour la modernité.

Si retour il y a, il est un retour vers l’humilité, vers l’attitude fondamentale du croyant qui reconnaît la présence réelle du Christ à la Messe. Ce n’est pas un recul, c’est un approfondissement.

Les jeunes qui adoptent ces gestes ne cherchent pas à imiter une génération précédente ni à s’évader dans une esthétique ancienne. Ils cherchent à rendre à Dieu ce qui lui est dû. Et cela, loin d’être un archaïsme, est le signe d’une foi plus mature.Beaucoup de catholiques qui ont grandi dans l’élan de Vatican II ont intériorisé l’idée que la liturgie devait s’adapter prioritairement aux attentes culturelles de leur époque. Ils voulaient une Église accueillante, moins pesante, prête à dialoguer avec une société en quête d’émancipation. Mais aujourd’hui, nous ne vivons plus dans une société chrétienne. La foi est devenue minoritaire. Il n’est donc plus question de coller à la culture dominante, mais au contraire de retrouver la force d’une identité spirituelle claire et cohérente.

Ce que certains voient comme un repli est en réalité une réaction mûrie, une avancée vers une foi capable de tenir debout dans un monde qui ne la soutient plus.

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Certains commentateurs s’inquiètent d’une récupération politique. Mais la soif de sacré n’est pas un programme partisan. Elle naît d’un manque spirituel réel dans une culture saturée de bruit, d’immanence et de distraction. Le latin n’est pas un drapeau. L’agenouillement n’est pas un slogan. Ce sont des gestes de fidélité qui rappellent que la Messe n’est pas une rencontre entre nous, mais une rencontre avec Dieu.Loin de fracturer l’Église, cette redécouverte du sacré rappelle que toutes les sensibilités peuvent cohabiter, à condition que chacune reconnaisse la centralité de la liturgie comme lieu où l’on reçoit quelque chose, plutôt qu’un lieu où l’on se met en scène.

Les jeunes ne fuient pas le monde, ils refusent simplement que la foi soit réduite à une sociologie

Ils veulent une liturgie belle, exigeante, qui élève l’âme, qui rappelle que Dieu n’est pas notre égal mais notre Seigneur. Il ne s’agit pas d’un retour à ce qui se faisait avant, mais d’un mouvement vers une foi plus incarnée, plus consciente, plus cohérente. Une foi qui comprend que la beauté n’est pas un luxe, que le respect n’est pas une option et que l’humilité n’est jamais démodée.

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