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Profanation à Arudy : l’église souillée par des excréments

 Retable du maître-autel du XVIIè siècle de l'église Saint Germain d'Arudy - DR
 Retable du maître-autel du XVIIè siècle de l'église Saint Germain d'Arudy - DR
« Ceux qui ont agi ainsi ont voulu réduire l’église et les fidèles à ce qu’ils y ont déposé. »

Dans la nuit du 12 au 13 juillet, l’église Saint Germain à Arudy, située en vallée d’Ossau (Pyrénées-Atlantiques), a été la cible d’un acte de profanation d’une rare violence symbolique. Des excréments ont été volontairement déposés à l’entrée et à l’intérieur du lieu saint. Le curé a déposé plainte et célébré une messe de réparation

Le père Armand Paillé, curé de la paroisse d’Arudy, a découvert l’ignoble scène dimanche matin en arrivant pour préparer l’office dominical : des excréments jonchaient le perron et le sol à l’intérieur même de l’église. « En passant par la porte de la sacristie, j’ai mis directement les pieds dedans. Il y en avait en quantité nécessaire pour qu’on ne puisse pas passer », témoigne-t-il. La nappe liturgique recouvrant l’autel avait été arrachée et jetée sur les selles, et des traces d’urine étaient visibles sur la porte de la sacristie.Plus qu’un simple acte de vandalisme, le prêtre y voit une profanation clairement intentionnelle : « Ceux qui ont agi ainsi ont voulu réduire l’église et les fidèles à ce qu’ils y ont déposé. », a t-il précisé à France Bleu.

Le père Paillé, accompagné du père Augustin, a célébré dès le lendemain, lundi 14 juillet, une messe de réparation dans une atmosphère de recueillement et de tristesse. Seule une poignée de paroissiens étaient présents, choqués par la violence symbolique du geste.

église Saint Germain d’Arudy

 » C’est lamentable « , selon les mots d’une fidèle écœurée par cette attaque contre le lieu de culte. « Il n’y a aucun respect. Je ne pensais pas qu’on pouvait voir de tels actes dans des villages de la vallée », a-t-elle confié.Le prêtre, attristé, évoque la lassitude grandissante face aux actes répétés de dégradation : troncs volés, objets liturgiques détériorés, portes fracturées. « Certains me disent qu’il faudrait fermer les églises, vu les faits qui se produisent parfois… C’est malheureusement pour cela qu’un certain nombre d’églises se trouvent fermées », déplore-t-il.

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Il espère pourtant ne pas en arriver là. Car l’église d’Arudy ne se contente pas d’être un lieu de culte local : elle accueille chaque année de nombreux pèlerins qui cheminent vers Saint-Jacques-de-Compostelle par la voie du Piémont. « Ils me disent la joie de trouver des églises encore ouvertes où se recueillir », souligne-t-il.

L’église Saint-Germain d’Arudy, placée sous le patronage de l’évêque de Paris, remonte à la fin du XIIe siècle, avec des vestiges romans encore visibles dans la nef. Agrandie au début du XVIe siècle dans le style gothique flamboyant, elle s’inscrit dans le mouvement architectural de la vallée d’Ossau. Le retable du maître-autel, réalisé en 1646 par Ramon de Lafforguette, est orné de colonnes torses dorées, de statues d’anges et d’un crucifix, et surmonté d’une peinture de la Crucifixion datant de 1648. Une peinture du XVIIIe siècle représentant les évangélistes complète le décor. L’accès se fait par une imposante porte gothique de 1527 en accolade, typique de la région. Au sud, la chapelle Saint-Michel est surmontée d’un clocher à six étages, jouxtant la sacristie

Cet acte abject s’ajoute à la longue liste des profanations qui touchent les églises de France. Dans une société qui prétend défendre le respect et la tolérance, l’hostilité grandissante envers les symboles du christianisme suscite une profonde inquiétude. La plainte déposée par le curé vise à ce que la justice identifie les auteurs et que ce type d’agression ne reste pas impuni.

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