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Quand Fiducia Supplicans nie la doctrine chrétienne et la parole de l’Evangile

men touching each other's foreheads
Photo by Jack Sharp
Le statut de couple découle d'une unité complémentaire, indissoluble et ouverte à la vie. La société civile ne naît pas de conventions humaines, mais du dessein du Créateur.

Afin de sortir de l’émotion, bonne ou mauvaise , nous vous proposons d’essayer de comprendre le fond de Fiducia Supplicans …Il s’agit de relire avec objectivité et honnêteté intellectuelle une déclaration qui depuis sa sortie a provoqué une grande division au sein de l’Eglise qui n’avait pas vraiment besoin de ca…

L’accent mis sur la pastorale au détriment de la doctrine ne tient pas car la solution pastorale ne peut pas rester purement pastorale, car, en niant la doctrine , elle se conçoit elle-même comme indépendante de la doctrine, c’est-à-dire capable de changer la doctrine elle-même;

 Les nouvelles bénédictions considérées comme purement pastorales sont aussi doctrinales, à la fois parce qu’elles nient leur propre dimension doctrinale en exprimant une nouvelle doctrine et parce qu’elles demandent implicitement sa reformulation. Une nouvelle doctrine est déjà implicitement contenue en elles.

En fait, ceux qui les proposent ont déjà la nouvelle doctrine à l’esprit et ils cherchent à la poursuivre par des moyens pastoraux, c’est-à-dire indirectement doctrinaux plutôt que directement doctrinaux.

Il ne s’agit pas de quelque chose de nouveau, car à partir d’Amoris laetitia, nous avons déjà eu d’importantes anticipations de la tendance à faire des exigences pastorales des occasions de transformer les circonstances en exceptions et donc de pousser à des processus de renouvellement doctrinal, sans dire qu’on les souhaite, mais en affirmant que les doctrines précédentes restent confirmées.

Les ruses de Fiducia supplicans

La Déclaration Fiducia supplicans, qui prétend dire sans dire est donc trompeuse… Les questions sans réponse qui véhiculent un message non déclaré, les phrases construites sur le « oui… mais » qui suggèrent des exceptions à la norme, l’ambiguïté de nombreuses expressions (notamment « l’eucharistie n’est pas une récompense pour les parfaits mais une généreuse médecine et une nourriture pour les faibles »), les phrases qui exagèrent leurs composants en violant la réalité et en proposant sournoisement une vision préconçue, les images colorées et hyperboliques (comme les « pierres mortes à jeter sur les autres » en ce qui concerne la doctrine), etc.

QUELQUES EXEMPLES :

« une analyse morale exhaustive ne devrait pas être requise comme condition préalable pour pouvoir la donner [la bénédiction, ndlr]. On ne doit pas leur demander une perfection morale préalable ».

Lorsqu’un prêtre donne une bénédiction, il ne demande aucune « perfection morale ». La bénédiction est donnée même aux pécheurs. La rhétorique tendancieuse de Fiducia supplicans voudrait faire passer l’idée que ne pas accorder de bénédictions aux couples irréguliers reviendrait à exiger une perfection morale, mais il s’agit clairement d’une distorsion idéologique de la réalité.

Un autre exemple :

« dans des situations moralement inacceptables du point de vue objectif, ‘la charité pastorale nous oblige à ne pas traiter simplement d’autres personnes comme des « pécheurs » dont la culpabilité ou la responsabilité peut être atténuée par divers facteurs influant sur l’imputabilité subjective' ».

Ici, comme dans des contextes similaires d‘Amoris laetitia, les choses sont volontairement confondues : en interdisant la bénédiction aux couples irréguliers, on ne se prononce pas sur la responsabilité subjective des personnes concernées, mais sur l’opposition objective et publique de cette relation par rapport aux « desseins de Dieu inscrits dans la Création et pleinement révélés par le Seigneur Jésus-Christ ». La phrase est donc de nature trompeuse.

Il y a aussi toute une série d’affirmations centrées sur des attitudes de fermeture et de condamnation, invitant à ne pas « perdre la charité pastorale, qui doit traverser toutes nos décisions et attitudes » et à éviter d’être « des juges qui ne font que nier, rejeter, exclure » ; « Dieu n’éloigne jamais personne qui s’approche de lui ».

Ici encore, il s’agit de distorsions et d’exagérations rhétoriques.

Ne pas bénir les couples irréguliers ne signifie pas les rejeter, mais les accueillir dans la vérité, qui est la première forme de respect qui leur est dû.

Un dernier exemple concerne l’utilisation dans un document ecclésial du mot « couple » appliqué à une situation à laquelle le magistère précédent n’a jamais appliqué ce terme car cette réalité, du point de vue naturel et révélé, n’est pas un couple.

Dans ce cas, la tromperie est clairement grave, car elle contient déjà une évaluation positive de la relation irrégulière qui, en utilisant ce terme, est perçue par le lecteur comme régulière.

Fiducia supplicans révèle également d’autres astuces, en plus de celles liées à l’utilisation du langage. Du point de vue de l’argumentation, la Déclaration prétend admettre les bénédictions en question à condition qu’elles ne soient pas assimilées au mariage.

Ce raisonnement est trompeur car le fait de ne pas être comparable au mariage en termes de forme liturgique externe ou non ne résout pas le problème si elles ont en elles-mêmes leur propre validité. La validité intrinsèque de quelque chose ne dépend pas d’autre chose, mais seulement de sa nature.

 Il convient de noter que cette erreur d’approche est également commise par des ecclésiastiques lorsqu’ils traitent de la reconnaissance légale des unions civiles de fait et homosexuelles dans le domaine civil.

Dans ces cas également, on soutient que de telles unions peuvent être réglementées juridiquement à condition qu’elles soient distinguées du mariage, sans tenir compte du fait qu’elles sont injustes en elles-mêmes et par nature, et qu’elles le restent même si la loi ne les assimile pas au mariage.

Le critère du « à condition que ce ne soit pas… » est un raisonnement trompeur car il évite de se prononcer sur la licéité de la chose en elle-même.

Un autre aspect trompeur est de délibérément négliger le contexte réel dans lequel les nouvelles dispositions s’inscrivent.

 Fiducia supplicans dit que les bénédictions irrégulières ne doivent pas être placées dans un contexte liturgique, alors qu’elles y sont déjà depuis longtemps avec l’acceptation de l’autorité ecclésiastique elle-même, qui dit maintenant le contraire sans tenir compte de son acceptation antérieure.

 En mars 2023, donc deux ans après l’interdiction du Responsum, lors de leur visite ad limina, les évêques de Belgique avaient informé le pape de la nouvelle liturgie qu’ils avaient préparée pour les bénédictions des couples homosexuels, et François, après s’être assuré qu’ils étaient tous d’accord (note : depuis quand l’accord unanime des opinions est-il un indice de vérité ?), leur a dit de continuer.

 En Allemagne, la bénédiction des couples homosexuels à l’église, et pas seulement de manière « privée » et « spontanée » comme le prévoit Fiducia supplicans, est désormais une pratique courante et le Saint-Siège n’a jamais pris de dispositions canoniques à cet égard, comme l’ont demandé certains cardinaux.

Parallèlement, François a écrit des lettres d’encouragement à des associations qui promeuvent les prétendus droits LGBT, a approuvé et soutenu le travail du Père James Martin [ICI et ICI] et de Soeur Jeannine Gramick qui militent pour les mêmes objectifs.

Le rejet du droit naturel

La doctrine catholique, dans la continuité et le développement de la philosophie politique classique, a toujours soutenu que le mariage et la famille sont les fondements de la société civile. À l’origine de celle-ci ne se trouvent pas des individus dépourvus d’identité ou dotés d’une identité identique et en série, mais un homme et une femme.

Leur statut de couple découle de cette unité complémentaire, indissoluble et ouverte à la vie. La société civile ne naît pas de conventions humaines, mais du dessein du Créateur.

 La référence au droit naturel est donc nécessaire, car il exprime un ordre naturel finaliste et soustrait la vie politique à l’arbitraire du plus fort. C’est sur le droit naturel que repose la légitimation de l’autorité politique.

 La bénédiction des couples irréguliers considère comme un couple ce qui n’en est pas un. Elle légitime donc implicitement une égalité substantielle entre le vrai couple décrit ci-dessus et le pseudo-couple irrégulier.

L’acte de considérer comme un couple deux individus qui n’en sont pas un est plus fort que toute autre affirmation en défense. Il semble évident, par conséquent, que Fiducia supplicans porte également un préjudice considérable à la Doctrine sociale de l’Église.

Adapté de Nuova Bussola

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