L’abbaye d’Aubazine, située en Corrèze, est un chef-d’œuvre de l’architecture cistercienne qui a traversé près de neuf siècles d’histoire. Fondée au XIIe siècle par saint Étienne d’Obazine, elle a joué un rôle spirituel et économique majeur au sein de l’ordre cistercien avant de subir les aléas du temps et de l’histoire. Aujourd’hui, elle bénéficie d’un mécénat exceptionnel de la maison CHANEL, qui s’engage dans sa restauration afin de préserver ce joyau du patrimoine français
Classée monument historique en 1840 pour son abbatiale et en 1988 pour ses bâtiments conventuels, l’abbaye d’Aubazine a vu sa structure fragilisée par le passage des siècles. Toitures endommagées, infiltrations d’eau, charpente affaiblie : la situation était critique. Comme l’a souligné Cyril Lecointe, régisseur du site, les dégradations menaçaient directement les chambres situées sous les combles, rendant une intervention urgente et nécessaire.
Face à cette dégradation progressive, la restauration de l’abbaye s’imposait comme une priorité. L’annonce du soutien de CHANEL, dont le montant est estimé entre huit et neuf millions d’euros, constitue un tournant décisif pour la sauvegarde de ce site historique. La maison de luxe, soucieuse de préserver un lieu ayant marqué l’histoire de sa fondatrice, apporte ainsi une contribution essentielle à la préservation du patrimoine cistercien.
Un lieu fondateur pour l’esthétique CHANEL
L’abbaye d’Aubazine n’est pas seulement un monument religieux et architectural : elle est aussi profondément liée à l’histoire de Gabrielle Chanel. Après la mort de sa mère en 1895, la future créatrice de mode y passe six années en tant qu’orpheline. Cet environnement austère, imprégné de rigueur et de simplicité, influence durablement son esthétique.Les vitraux cisterciens de l’abbatiale, ornés d’entrelacs géométriques, auraient inspiré le célèbre logo à double C de CHANEL. De même, la palette de couleurs sobres – noir, blanc, beige – et la pureté des lignes présentes dans les créations de la maison trouvent un écho dans l’architecture épurée de l’abbaye.
En investissant dans la restauration du site, CHANEL ne fait donc pas qu’un simple acte philanthropique : elle renoue avec ses racines, en préservant un lieu fondateur de son identité artistique.
Si CHANEL impose une confidentialité stricte sur les travaux à venir, certaines informations ont filtré. Le projet de restauration devrait s’étendre sur plusieurs années, avec une première phase consacrée aux études architecturales en 2024, suivie de la mise en place des échafaudages et du début des chantiers de rénovation.
Le programme de restauration, supervisé par la Fondation du Patrimoine, devrait inclure la consolidation des structures, la réhabilitation des toitures et la modernisation des installations techniques, tout en respectant l’authenticité du site.
« Il faut savoir respecter quand un mécène s’engage et souhaite rester discret », explique Alexandre Giuglaris, directeur général de la Fondation du Patrimoine. Ce mécénat, bien que peu médiatisé, suscite un grand enthousiasme dans la région et parmi les défenseurs du patrimoine cistercien.
La restauration de l’abbaye d’Aubazine dépasse largement le cadre de la préservation d’un édifice religieux. Ce projet s’inscrit dans une dynamique de valorisation du patrimoine et de développement du tourisme en Corrèze. L’abbaye, déjà prisée pour son cadre historique et son célèbre canal des Moines, pourrait attirer un public encore plus large après sa rénovation.« Beaucoup de visiteurs viennent déjà découvrir l’abbaye et son histoire, alors cette restauration est une excellente nouvelle », se réjouit Antoine Peschel, restaurateur local.Ce mécénat de CHANEL contribue donc non seulement à sauver un monument en péril, mais aussi à renforcer l’attractivité culturelle et économique de la région.
Une abbaye à l’histoire riche et mouvementée
Fondée vers 1125 par saint Étienne d’Obazine et son compagnon Pierre, l’abbaye d’Aubazine connaît une croissance rapide. Après une tentative d’affiliation à l’ordre des Chartreux, Étienne choisit finalement de rejoindre l’ordre de Cîteaux en 1147. L’abbaye prospère et se dote d’une église abbatiale, dont la construction débute en 1156 et s’achève en 1176, lors de sa consécration par l’archevêque de Bourges, Guarin de Gallardon.
Son essor se poursuit au XIIIe siècle avec l’extension de son domaine foncier, composé de granges monastiques qui assurent son autosuffisance. Elle fonde également plusieurs abbayes-filles, contribuant à l’expansion de la spiritualité cistercienne en France. L’abbaye d’Aubazine connaît un déclin progressif à partir du XVIIe siècle. En 1731, pour réduire les coûts d’entretien, l’abbé Guillaume Mathurin de Sers fait démolir six travées de la nef, réduisant l’abbatiale de près de moitié.
Avec la Révolution française, l’abbaye est saisie comme bien national en 1789. Les moines sont chassés, et l’église abbatiale devient l’église paroissiale du village. L’ensemble des bâtiments monastiques subit alors des transformations et des ventes successive 1860, l’abbaye retrouve une vocation religieuse en accueillant un orphelinat géré par les religieuses du Saint-Cœur de Marie. C’est dans ce cadre que Gabrielle Chanel y séjourne, laissant une empreinte indélébile sur son inspiration.
Au XXe siècle, diverses communautés religieuses s’installent à Aubazine, notamment la communauté melkite de la Théophanie en 1965 et la communauté du Verbe de Vie en 1986. Aujourd’hui, l’abbaye reste un lieu de mémoire et de spiritualité, accueillant visiteurs et chercheurs en quête d’histoire et de contemplation.
Un avenir prometteur pour l’abbaye d’Aubazine
Avec l’appui financier de CHANEL, l’abbaye d’Aubazine s’apprête à entrer dans une nouvelle ère. La restauration permettra non seulement de sauvegarder ce chef-d’œuvre de l’art cistercien, mais aussi de le rendre plus accessible au public.L’influence de ce lieu ne se limite pas au patrimoine religieux : elle s’étend jusqu’à l’univers de la haute couture, témoignant du dialogue intemporel entre histoire, culture et création artistique.
les travaux de restauration de l’abbaye sont prévus pour débuter à l’automne 2025. En préparation de ces rénovations, l’abbaye fermera ses portes aux visiteurs à partir du 1er septembre 2025. La durée exacte des travaux n’a pas été précisée, mais ils devraient s’étendre sur plusieurs années.
Grâce à cet engagement, l’abbaye d’Aubazine poursuivra son rayonnement et continuera d’inspirer ceux qui franchissent ses portes, tout comme elle a marqué à jamais l’imaginaire de Gabrielle Chanel.
Source Tourisme Corrèze