Depuis 2000 ans

Quand le Pape s’interroge sur un « génocide » à Gaza

Le pape François le 18 septembre 2024 - DR
Le pape François le 18 septembre 2024 - DR
Le Saint-Père a-t-il choisi le bon terme pour désigner la guerre contre le Hamas à Gaza ?

Les paroles du Pape François sur la situation à Gaza ont déclenché une onde de choc dans les communautés palestinienne et israélienne. Dans son livre L’Espérance ne déçoit jamais, le Saint-Père a suggéré que les événements en cours à Gaza possédaient les caractéristiques d’un génocide, un terme lourd de sens qui a immédiatement alimenté les débats.

« Selon certains experts, ce qui se passe à Gaza présente les caractéristiques d’un génocide. », a-t-il écrit, appelant à une enquête minutieuse pour déterminer si cela correspond à la définition technique de ce terme.

Yousef Salman, président de la Communauté palestinienne de Rome, a exprimé sa gratitude envers le Pape, louant sa prise de position pour la défense des droits humains et de la paix. « Nous avons toujours remercié Sa Sainteté pour sa prise de position en défense des droits de l’homme, de la justice et de la paix dans le monde et particulièrement pour le reconnaissance du droit du peuple palestinien à l’autodétermination et à la création de son État libre et indépendant », a affirmé Salman.

Il a rappelé les appels répétés du Saint-Père à respecter les résolutions des Nations Unies et à mettre fin aux atrocités au Moyen-Orient, soulignant la cohérence du Pape dans son soutien à la cause palestinienne.

Cependant, cette prise de position papale a également provoqué une réaction vive en Israël. Daniele Nahum, ancien vice-président de la communauté juive romaine et actuel conseiller municipal de Rome, a vigoureusement rejeté l’utilisation du terme « génocide » pour qualifier ce qui se passe à Gaza.

Lire aussi

« Le terme ‘génocide’ est incorrect. », a-t-il déclaré, pointant du doigt un rapport de l’ONU qui, selon lui, relativise le nombre de victimes à Gaza. Daniele Nahum a ajouté que le mot « génocide » risquait de déformer la réalité, et de « faire passer les victimes d’hier pour les bourreaux d’aujourd’hui », nourrissant ainsi une vague d’antisémitisme dans le monde. « Cela devrait préoccuper même le Saint-Père », a-t-il insisté.

L’exemple d’Israël, pays qui abrite deux millions d’Arabes, dont un juge musulman à la Cour constitutionnelle, a été mis en avant par Daniele Nahum pour démontrer que « si Israël voulait vraiment faire un génocide, il commencerait par ceux qui vivent à l’intérieur de ses frontières ». Selon lui, il est crucial que le Pape choisisse des mots plus précis et travaille à apaiser les tensions entre les parties.

Cette controverse met en lumière les défis diplomatiques auxquels l’Église catholique est confrontée lorsqu’elle intervient dans des conflits aussi complexes. Les paroles du Pape, bien qu’émanant d’une préoccupation sincère pour la paix et les droits humains, ont ouvert un débat sur la manière dont les termes employés peuvent avoir des répercussions profondes sur les relations internationales et intercommunautaires.

L’on peut aussi objectivement s’interroger sur la nature génocidaire de l’attaque du 7 octobre 2023 qui selon la définition du dictionnaire correspondait à l’extermination physique, intentionnelle, systématique et préméditée d’un groupe humain ou d’une partie d’un groupe en raison de ses origines.

La question reste ouverte : le Saint-Père a-t-il choisi le bon terme pour désigner la guerre contre le Hamas à Gaza ? La réponse pourrait bien avoir des répercussions non seulement pour la paix au Moyen-Orient, mais aussi pour l’image de l’Église dans le monde.

Recevez chaque jour notre newsletter !