En 1982, l’historien Jean-Pierre Suau découvre, presque par hasard, un manuscrit ancien illustré de scènes bibliques. Ces illustrations, représentant des épisodes tels que le doute de saint Thomas ou l’apparition du Christ au lac de Tibériade, sont réparties en quadrilobes sur chaque page. Au fil de ses recherches, Suau établit un lien entre ces images et les sculptures du jubé de Notre-Dame de Paris, une structure monumentale détruite au XVIIIᵉ siècle.
Les investigations révèlent que les feuillets de ce manuscrit sont dispersés à travers le monde, notamment à Bloomington, Chicago, Londres et Hong Kong. Cette dispersion témoigne de l’intérêt international pour l’art médiéval et souligne l’importance de reconstituer ce puzzle historique.
En 2022, Pierre-Yves Le Pogam, conservateur en chef au musée du Louvre, dévoile ces découvertes au grand public. Parallèlement, des fragments sculptés du jubé sont mis au jour lors des travaux de restauration de la cathédrale, entrepris après l’incendie de 2019. Ces trouvailles offrent une opportunité unique de mieux comprendre l’architecture et l’art liturgique médiéval de Notre-Dame.
Le jubé*, érigé vers 1230, séparait la nef du chœur liturgique, marquant symboliquement la distinction entre le clergé et les fidèles. Richement décoré de scènes bibliques et de figures saintes, il servait de catéchèse visuelle pour les croyants. Sa destruction, accélérée par les réformes liturgiques du Concile de Trente et la Révolution française, a laissé un vide dans le patrimoine de la cathédrale.
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Les fragments retrouvés, associés aux descriptions anciennes et aux illustrations du manuscrit, permettent d’envisager une reconstitution virtuelle du jubé. Cette démarche offre aux historiens et aux fidèles une fenêtre sur la spiritualité et l’esthétique du Moyen Âge.
Ces découvertes interviennent alors que Notre-Dame de Paris vient de rouvrir au public. Elles rappellent l’importance de préserver et d’étudier notre patrimoine religieux, témoignant de la foi et de l’ingéniosité artistique de nos ancêtres. Comme l’a souligné le pape François, « la restauration des édifices sacrés est un témoignage de la résurrection de la foi dans nos sociétés modernes ».
Ainsi, ce manuscrit retrouvé n’est pas seulement un vestige du passé, mais un pont entre l’histoire et l’avenir, une invitation à redécouvrir la richesse spirituelle et artistique de Notre-Dame de Paris.
*Un jubé est une structure architecturale utilisée dans les églises médiévales pour séparer la nef, où se tenaient les fidèles, du chœur liturgique, réservé au clergé