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Rébellion d’un couvent espagnol : excommunication des clarisses de Santa Clara de Belorado

Les sœurs du Monastère de Santa Clara de Belorado se trouvent à un carrefour historique. Après plus d’un mois de tensions avec l’Église catholique, notamment avec l’Archevêché de Burgos, elles risquent l’excommunication pour le délit de schisme, un fait rare en Espagne au XXIe siècle.

Selon le droit canonique, l’excommunication équivaut à l’expulsion de l’Église catholique et à la perte de tous les droits religieux. Cette peine s’applique dans des cas graves tels que l’apostasie, l’hérésie ou le schisme, motif invoqué contre les sœurs Isabel, Sión et Paz, qui ont ouvertement défié l’autorité ecclésiastique.

Le conflit s’est intensifié lorsque les trois sœurs, ainsi que d’autres qui les soutiennent, ont refusé de reconnaître l’autorité du commissaire pontifical nommé par le Vatican, Mario Iceta. Ce commissaire a pour mission de rétablir la normalité dans les monastères de Derio, Orduña et Belorado, mais les clarisses de Belorado résistent activement à son intervention.

Le délai initial pour que les sœurs Isabel, Sión et Paz se prononcent sur leur relation avec l’Église catholique a expiré le 16 juin dernier, mais elles se sont vu accorder une prolongation jusqu’au vendredi 21 pour prendre une décision. En cas de refus de se rétracter et de renoncer à leur position, elles pourraient faire face à l’excommunication.

Les conséquences de l’excommunication sont sévères : les religieuses perdraient le droit de participer aux sacrements et de recevoir une assistance religieuse. De plus, elles pourraient être marginalisées par la communauté catholique locale. Sur le plan légal, leur séjour dans les couvents de Belorado et Derio pourrait également être compromis, car la propriété de ces biens dépend de la communauté religieuse dans son ensemble.

L’affaire…

Le 13 mai, la communauté de seize sœurs résidant dans le couvent en briques du XVe siècle a stupéfié en annonçant qu’elle rompait avec l’Église catholique, dans un “manifeste” de 70 pages accompagné d’une lettre publiée sur les réseaux sociaux.

La lettre, signée par sœur Isabel de la Trinidad, supérieure de la petite congrégation, dénonçait la “persécution” dont la communauté serait victime, engagée depuis plusieurs années dans un conflit immobilier avec sa hiérarchie.

En 2020, les religieuses avaient conclu un accord avec l’évêché voisin de Vitoria pour acheter le couvent d’Orduña, au Pays basque, mais la vente a finalement échoué. La transaction a été “bloquée depuis Rome”, qui “a mis des bâtons dans les roues de notre communauté”, a affirmé sœur Isabel dans sa lettre, accusant l’Église de leur avoir interdit de vendre un monastère, ce qui leur aurait permis de financer l’autre opération.

Mais le choc va au-delà de l’immobilier. Dans leur lettre, les religieuses de Belorado critiquent un prétendu “chaos doctrinal” du Vatican, accusant celui-ci d’incarner des “contradictions” avec ses “langages doubles et confus”.

“Nous ne reconnaissons pas le pape” et “le Vatican est une farce”, ont répété plusieurs religieuses de cette communauté sur la chaîne Telecinco, affirmant être maintenant sous l’autorité d’un prêtre excommunié, Pablo de Rojas Sánchez.

Cette affaire a suscité des opinions divergentes parmi les experts. Certains estiment que l’excommunication est la seule mesure pour préserver l’unité de l’Église et sa doctrine, tandis que d’autres prônent le dialogue et la recherche de solutions concertées. Cette division reflète les tensions au sein de l’Église catholique entre l’autorité centralisée et l’autonomie des communautés religieuses.

Au milieu de cette crise, l’avenir des clarisses de Belorado demeure incertain. À mesure que la date limite pour prendre une décision approche, la communauté attend avec anxiété l’issue de ce conflit qui pourrait marquer un précédent dans l’histoire récente de l’Église en Espagne.

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