Alors que le président Emmanuel Macron annonce que la France reconnaîtra l’État de Palestine en septembre prochain, cette initiative diplomatique relance le débat sur la paix au Proche-Orient, la sécurité d’Israël, et la protection des minorités religieuses. Une position que le Saint-Siège avait déjà adoptée dès 2015, dans le cadre d’un accord historique avec l’Autorité palestinienne.
Le chef de l’État français a confirmé jeudi que la France reconnaîtra officiellement l’État de Palestine lors de la prochaine Assemblée générale des Nations unies. Cette décision, qui s’inscrit dans le sillage d’autres pays européens comme l’Espagne, l’Irlande, la Norvège, la Slovénie ou encore l’Arménie, intervient dans un climat particulièrement tendu. Le conflit se poursuit à Gaza, les tensions régionales demeurent vives, et la sécurité d’Israël reste au cœur des préoccupations internationales. Emmanuel Macron justifie cette annonce par la volonté de contribuer à une relance du processus de paix, dans le cadre de la solution à deux États.
Le Vatican, de son côté, a précédé cette orientation depuis près de dix ans. En 2015, le Saint-Siège a confirmé sa reconnaissance de la Palestine comme État en s’apprêtant à signer un accord sur les droits et le statut de l’Église catholique dans les territoires palestiniens. Si le Saint-Siège utilisait déjà l’expression « État de Palestine » depuis 2013, à la suite du vote de l’ONU octroyant à la Palestine le statut d’État observateur non membre, cette reconnaissance prenait une dimension nouvelle à l’occasion de la finalisation de cet accord bilatéral. Le Saint-Siège avait alors reconnu que c’était bien « la première fois » qu’un tel libellé était employé dans un document officiel de cette nature.
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L’accord, négocié depuis plus de quinze ans, visait à garantir la liberté religieuse, le libre accès aux lieux saints, ainsi que le fonctionnement des institutions catholiques dans les territoires palestiniens. Il a été signé peu après la visite du président Mahmoud Abbas au Vatican, à l’occasion de la canonisation des deux premières saintes palestiniennes, Mariam Bawardi et Marie-Alphonsine Ghattas. Selon le porte-parole du Vatican de l’époque, le père Federico Lombardi, cet accord marquait clairement l’usage formel du terme « État de Palestine » dans le cadre diplomatique. Pour le Saint-Siège, il exprimait également un soutien à la résolution du conflit israélo-palestinien « dans le cadre de la formule des deux États », comme l’avait souligné Mgr Antoine Camilleri, chef de la délégation vaticane.
Du côté palestinien, ce geste du Vatican avait été salué comme un acte de reconnaissance « de facto » incluant, selon des responsables de l’Organisation de libération de la Palestine, la reconnaissance des frontières de 1967 et de Jérusalem-Est comme capitale. Pour Israël, en revanche, cette décision avait suscité des réserves. Le ministère des Affaires étrangères avait alors exprimé sa « déception », estimant qu’un tel acte n’encourageait pas les négociations bilatérales.
La diplomatie du Saint-Siège, depuis Jean-Paul II jusqu’à Benoît XVI, s’est toujours positionnée en faveur de deux États indépendants et souverains. Le pape François, en 2015, avait multiplié les gestes symboliques en faveur d’une coexistence pacifique, notamment en priant devant le mur de séparation en Cisjordanie. L’accord signé cette année-là s’inscrivait donc dans une continuité tout en franchissant un seuil politique clair.En suivant aujourd’hui cette ligne, la France rejoint une position déjà ancienne du Vatican, mais dans un contexte diplomatique et sécuritaire profondément dégradé. La reconnaissance de l’État palestinien par Paris soulève des questions légitimes sur la liberté religieuse, la sécurité d’Israël, la place des chrétiens en Terre Sainte, et les conditions d’un véritable processus de paix. Reste à savoir si ce geste diplomatique contribuera à rapprocher les parties ou à renforcer les blocages déjà existants.