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[ REPORTAGE ] Sous le regard de Saint Michel : cinq cents pèlerins en marche vers la Merveille

Marche aux flambeaux ©Sixte Labouche
Marche aux flambeaux ©Sixte Labouche
Entre ferveur, enseignements et moments inoubliables, un nouveau pèlerinage a conduit des centaines de fidèles du cœur de Saint-Malo jusqu’au sommet du Mont Saint-Michel, renouant avec la grandeur spirituelle d’une tradition millénaire

Quelque cinq-cents pèlerins se sont élancés depuis la cathédrale de Saint Malo le jeudi 8 mai, jour de la Saint Michel de Printemps, pour un nouveau pèlerinage de Saint Michel, jusqu’à la Merveille de l’Occident, le Mont Saint-Michel.

Un pèlerinage organisé par une association de laïcs avec le concours du père Pierre Doat, le recteur du sanctuaire du Mont Saint Michel, de la Communauté Saint Martin. L’objectif ? S’inscrire dans la démarche jubilaire de « pèlerins d’espérance » tout en confiant l’élection du nouveau pape, en pleine période de conclave. Mais aussi œuvrer pour l’unité de l’Église catholique par ce pèlerinage destiné à rassembler les fidèles de tout horizon et de toute sensibilité vers un lieu universel.

Un pèlerinage universel nourrissant

Sous le soleil breton, une joyeuse excitation était palpable sur le parvis où les pèlerins venus de toute la France, organisés en dix-huit chapitres se présentaient pour récupérer leur bracelet et leur carnet avant la messe célébrée par l’évêque du lieu, Mgr d’Ornellas. Croix et bannières fleurissaient dans la vieille ville. C’est l’évêque, qui, à l’issue d’une procession de la cathédrale à la Grand’Porte des remparts de la Cité Corsaire, sous les yeux stupéfaits des badauds, a béni les pèlerins.

Un parcours magnifique entre Bretagne et Normandie, ni trop long ni accidenté permettait à un maximum de fidèles de participer, du troisième âge aux jeunes parents accompagnés de leurs enfants en poussette. Cela laissait assez de temps pour être formé, dans l’esprit d’une retraite. Et sous le patronage de Saint Michel, quoi de mieux que des enseignements sur le thème du combat spirituel ?

Pour cela, des conférences de Don Pierre sur le combat spirituel et la figure de Saint Michel qui ne manquaient pas d’humour, de Dom Philippe Dupont, ancien père abbé de Solesmes, sur les armes du combat spirituel, aux mille anecdotes, un témoignage puissant de Laurent Gay, un ancien toxicomane très atteint sur l’expérience de la libération, et des ateliers au choix sur le combat spirituel, dispensé par des laïcs.

De l’élection du nouveau pape aux food trucks, un pèlerinage plein de surprises.

Le pèlerinage a démarré sur les chapeaux de roue, puisque, quelques heures après le départ, les pèlerins rendaient hommage pour l’Armistice devant un monument aux morts avec le maire d’un village. C’est là que les pèlerins ont appris que la fumée blanche s’était échappée de la cheminée de la chapelle Sixtine. Dépouillement oblige, ils étaient tenus de ne pas regarder leur téléphone avant l’arrivée au bivouac, au château de Bonaban. Au bout d’une magnifique allée d’arbres, ils ont traversé le château de part en part, où ils ont été félicités et accueillis par un apéritif dans les jardins. Sous les hourras, Don Pierre leur a enfin donné l’identité de Léon XIV, avant de découvrir tour à tour son visage lors de son discours depuis un grand écran au sein du château !

Cet esprit convivial et ces petites surprises ont continué avec les food trucks, à disposition certains jours pour faire saliver les pèlerins. Ou l’enthousiasme et la fraîcheur de l’animateur les guidant sur le bivouac.  C’est sans compter sur le réveil exaltant au son de musiques de film épiques et de petites pastilles avec des paroles énoncées sur Saint Michel. À côté la prière était de mise avec les laudes et les complies chaque jour et des prêtres disponibles toute la journée pour confesser.

Tendus vers la Jérusalem Céleste

À l’issue de la troisième journée de marche, Dom Jean Pateau, de l’abbaye bénédictine de Fontgombault, a nourri les âmes avec une conférence sur les fins dernières et la Jérusalem Céleste, autre nom du Mont Saint-Michel, qui servait de décor depuis le barrage où les pèlerins étaient installés.C’est alors que, pour concrétiser les paroles de l’abbé, la colonne des pèlerins s’est élancée avec piété et panache vers le Mont, qu’elle a pénétré au son des cornemuses. Comme un flot que rien n’arrête, elle a submergé les rues du Mont, sous les yeux médusés des touristes plus habitués à une telle démonstration de foi, jusqu’à son faîte, l’abbatiale : une veillée de prière chez les sœurs des Fraternités monastiques de Jérusalem.

C’est à la fin de cette veillée en dehors du temps que les sœurs ont remis le fameux plomb aux pèlerins. Ils ont ensuite investi le sanctuaire du Mont, la petite église Saint-Pierre, avec des flambeaux, en chantant avec ferveur devant la statue de saint Michel, sous les yeux médusés des touristes. C’est un des moments les plus mémorables des pèlerins. Une colonne lumineuse s’est alors constituée dans la nuit pour marcher jusqu’au prieuré d’Ardevon, lieu de bivouac.

Le pèlerinage s’est terminé en beauté avec une messe ouverte au public, présidée par l’évêque du lieu, Mgr Cador, en présence des anciens combattants de l’Union Nationale des parachutistes, à côté du barrage de Saint-Michel !

Cette première édition déjà magnifiquement organisée et sous haute sécurité n’a pas empêché qu’un esprit familial et très chaleureux règne. Les témoignages des pèlerins conquis et touchés par ce qu’ils ont vécu pendant ces trois jours pleuvent. Ce nouveau pèlerinage qui renoue avec une tradition quasi millénaire semble avoir de beaux jours devant lui, pour le bien de la France et de l’Église ! Le nouveau pape aux racines normandes, suggéré par l’évêque pour la prochaine édition, sera-t-il de la partie ?

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