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Rompre avec Moscou : L’Église orthodoxe chrétienne d’Estonie à un tournant historique

La cathédrale d'Estonie Alexandre Nevski - DR
La cathédrale d'Estonie Alexandre Nevski - DR
Les autorités estoniennes insistent sur la nécessité de se séparer du patriarcat de Moscou pour des raisons de sécurité nationale

Le 9 avril dernier, le Parlement estonien a adopté des modifications à la loi sur les églises et les paroisses, marquant un tournant majeur pour l’Église orthodoxe chrétienne d’Estonie. L’objectif de cette législation est de garantir que les organisations religieuses opérant en Estonie ne soient pas utilisées pour inciter à la haine ou à la violence. Cela implique, dans le cas de l’Église orthodoxe chrétienne d’Estonie, la nécessité de rompre les liens avec le patriarcat de Moscou.

La situation est complexe et la mise en œuvre de cette décision reste à déterminer. L’évêque Daniel, leader de l’Église, souligne que la question n’est pas encore définitivement réglée et que la décision finale revient au président de la République, qui devra se prononcer sur l’adoption de la loi. En attendant, l’Église orthodoxe chrétienne d’Estonie doit trouver un moyen de répondre aux exigences légales tout en respectant son héritage spirituel et ses liens avec le patriarcat de Moscou.

L’évêque Daniel indique que la loi oblige l’Église à élire un nouveau dirigeant, puisque le métropolite Eugeni, dont le permis de séjour n’a pas été renouvelé par l’État estonien, a dû quitter le pays pour la Russie. Ce changement de direction soulève des questions sur l’avenir de l’Église, en particulier en ce qui concerne la gestion de son patrimoine et de ses communautés.

Les autorités estoniennes insistent sur la nécessité de se séparer du patriarcat de Moscou pour des raisons de sécurité nationale. Harrys Puusepp, directeur de la police de sécurité estonienne (Kapo), explique que le pays cherche à éviter toute influence extérieure susceptible de perturber la stabilité nationale. Cette loi vise donc à garantir l’indépendance des organisations religieuses en Estonie.

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Dans ce contexte, l’Église apostolique orthodoxe d’Estonie, rattachée au patriarcat de Constantinople, a proposé une solution pour aider l’Église chrétienne orthodoxe d’Estonie à se détacher du patriarcat de Moscou. La proposition consiste à intégrer les communautés russes dans un vicariat au sein de l’Église apostolique orthodoxe, tout en préservant leurs pratiques et traditions. Cependant, cette option suscite des réserves parmi certains membres de l’Église, qui craignent une réduction de leur autonomie spirituelle.Cette décision a également des répercussions sur les paroissiens et les croyants, qui doivent jongler entre leur fidélité à la tradition orthodoxe et les exigences de la politique étatique. Le défi pour l’Église est de trouver un équilibre qui permette de respecter à la fois sa foi et les nouvelles normes imposées par la loi.

Cette affaire soulève des questions sur l’indépendance spirituelle des Églises face aux influences extérieures, tout en mettant en lumière les défis auxquels l’Église orthodoxe chrétienne d’Estonie doit faire face pour se réorganiser dans ce nouveau contexte. Le processus de séparation avec le patriarcat de Moscou pourrait être long et complexe, et il reste à voir comment les divergences internes seront surmontées.

Cette évolution pourrait marquer un tournant important non seulement pour l’Église d’Estonie, mais également pour les relations entre les différentes branches de l’orthodoxie, en particulier dans un contexte géopolitique en constante évolution.

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