Le Royaume-Uni n’est plus une nation à majorité chrétienne. C’est l’une des conclusions les plus marquantes du recensement croisé réalisé par les trois principales agences statistiques britanniques, qui ont uni leurs données issues des recensements d’Angleterre, du Pays de Galles, d’Irlande du Nord (2021) et d’Écosse (2022). Pour la première fois, une photographie précise du pays à la date du 21 mars 2021 a pu être reconstituée, révélant une mutation religieuse profonde.
Selon les chiffres consolidés, seulement 46,64 % des 67 millions de résidents s’identifient encore comme chrétiens. Une bascule symbolique pour une nation longtemps dominée par les clochers anglicans, les paroisses catholiques et la culture chrétienne. En comparaison, 37,64 % de la population se déclare désormais sans aucune religion, une proportion encore plus forte chez les jeunes.Chez les adultes de plus de 60 ans, le christianisme demeure dominant, près de 70 % se déclarent chrétiens, contre seulement 20 % sans religion. Mais chez les moins de 34 ans, la tendance est inverse, plus de la moitié ne croient en rien, et à peine un tiers se reconnaissent encore chrétiens.
Le changement est également visible chez les enfants, 44 % des 13,8 millions d’enfants britanniques grandissent sans religion, tandis que 36 % sont élevés dans la foi chrétienne. Le fait marquant, 10 % des enfants se déclarent musulmans, une dynamique démographique appelée à modifier durablement le paysage religieux du pays.
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Les femmes restent globalement plus religieuses que les hommes dans tous les groupes. Le christianisme compte ainsi 17 millions de femmes croyantes contre 14 millions d’hommes. Les religions hindoue et bouddhiste suivent la même tendance. À l’inverse, les hommes sont plus nombreux à se dire sans religion, 13,3 millions contre 11,9 millions de femmes, et ils sont majoritaires parmi les musulmans du Royaume-Uni.Outre les données religieuses, le recensement éclaire aussi l’évolution du couple. Parmi les 54 millions de Britanniques âgés de plus de 16 ans, 45 % sont mariés ou en union civile, 38 % n’ont jamais été en couple officiel, 17 % sont divorcés, séparés ou veufs, ce qui traduit à la fois le vieillissement de la population et une fragilisation de l’engagement conjugal.
Le recensement bat en brèche certains clichés, si les jeunes adultes semblent moins enclins au mariage, ils sont en réalité plus nombreux à se marier après 30 ans qu’avant, un phénomène de report largement observé dans les pays occidentaux.
Loin de dépeindre une disparition brutale de la foi, les chiffres traduisent plutôt une transition culturelle lente. Le Royaume-Uni devient plus pluraliste, plus divers, mais aussi plus incertain quant à ses repères spirituels et sociaux. Le christianisme recule, mais il laisse place à une société en quête de nouvelles identités et de nouvelles formes de lien.Mais une question demeure, qu’advient-il d’une nation lorsque les piliers qui l’ont façonnée, foi chrétienne, famille, communauté, s’effacent peu à peu ? Et quelle place sera donnée demain à ceux qui, malgré le reflux culturel, continuent de croire, de transmettre et de prier ?