Archevêque de Mayence, martyr (+ 754)
Mémoire d’un géant de l’évangélisation, martyr de la foi et bâtisseur de l’unité ecclésiale : le 5 juin, l’Église honore saint Boniface, archevêque de Mayence, apôtre des Germains et témoin jusqu’au sang de la Parole de Dieu.Né vers 675 en Angleterre sous le nom de Winfrid, ce moine bénédictin, saisi dès sa jeunesse par l’idéal monastique, fut ordonné prêtre à trente ans. Mais son cœur brûlait déjà d’un zèle missionnaire : en 716, il quitte son île natale pour porter l’Évangile aux peuples germaniques. Sa première tentative d’évangélisation en Frise se heurte à l’hostilité d’un chef païen, mais loin de se décourager, il part à Rome. Le pape Grégoire II le reçoit, l’encourage, lui donne le nom de Boniface — « celui qui fait le bien » — et l’envoie officiellement comme missionnaire auprès des Germains.
De la Hesse à la Thuringe, de la Bavière à la Frise, saint Boniface sillonne les terres encore païennes, détruisant les idoles, comme le chêne de Thor à Geismar, et fondant des monastères, foyers de foi vivante et de culture chrétienne. Il savait que « la rechristianisation de l’Allemagne romaine », selon les mots du site des JMJ 2005, devait s’appuyer à la fois sur le soutien des puissants et sur la solidité spirituelle des communautés monastiques. Il est consacré évêque en 722 et placé directement sous l’autorité du Saint-Siège, sans diocèse propre, selon une conception profondément missionnaire de l’épiscopat.
Son attachement au pape fut l’un des piliers de son action. Comme le soulignait Benoît XVI lors d’une audience en 2009, « sa fidélité au siège apostolique, le principe central de son action missionnaire, a permis d’enraciner dans ces jeunes Églises une union profonde avec Rome », contribuant ainsi à jeter les fondations chrétiennes de l’Europe.
À près de 80 ans, alors que beaucoup se seraient retirés, saint Boniface entreprend une ultime mission dans la terre de ses débuts. C’est à Dokkum, en Frise, qu’il trouve la couronne du martyre. Alors qu’il célèbre la messe, il est attaqué par une horde païenne qui le tue avec ses compagnons : son coévêque Eoban, plusieurs prêtres, diacres et moines. Nous connaissons leurs noms : Adelaire, Gautier, Amond, Savibald, Bose, Vaccare, Gondecair, Ellur et Atevulf. Ils forment la cohorte des martyrs qui ont scellé dans le sang l’annonce de l’Évangile.
Le pape Benoît XVI interrogeait les fidèles : « Quel message retenir de ce grand missionnaire ? » Il répondait : la centralité de la Parole de Dieu, l’amour de l’Église, la fidélité au successeur de Pierre et le lien entre foi et culture. À l’heure où notre foi peut sembler « chancelante et bureaucratique », saint Boniface nous rappelle le prix du don de soi pour le Christ. Que son exemple éclaire nos vies, et que son intercession renouvelle en nous le feu missionnaire.
Avec nominis