Fondateur de l’ordre des Théatins (+ 1547)
Saint Gaétan de Thiene est l’une de ces figures discrètes mais décisives que l’histoire de l’Église garde précieusement en mémoire. Prêtre italien du XVIe siècle, il fut un témoin de fidélité évangélique à une époque marquée par les tensions religieuses de la Réforme. Tandis que l’Europe se divisait, lui choisit de répondre à la crise non par la controverse, mais par la réforme intérieure, la charité active et le retour aux sources spirituelles.
Né en 1480 à Vicence, Gaétan exerça d’abord des fonctions administratives à Rome, au service des papes Jules II et Léon X. Pendant treize années, il fut secrétaire apostolique au Vatican, au cœur de la vie ecclésiastique. Ce qu’il y observa ne le laissa pas indifférent. Touché par la tiédeur spirituelle et les compromis du clergé, il se sentit appelé à une vie plus conforme à l’Évangile. À la mort de sa mère, il abandonna ses charges et distribua son héritage aux pauvres. Durant plusieurs années, on le vit dans les hôpitaux de Vicence, de Venise et de Vérone, soignant les malades, visitant les quartiers les plus misérables, se mettant au service des plus abandonnés.Avec Jean-Pierre Carafa, futur pape Paul IV, il fonda en 1524 l’ordre des clercs réguliers Théatins. Leur but était simple et exigeant : vivre comme les premiers apôtres, dans la pauvreté, le renoncement et l’engagement pastoral. Ils ne mendiaient pas, vivaient de la Providence, prêchaient, confessaient, administraient les sacrements, visitant les malades et appelant les prêtres à un renouvellement de vie. Leur modèle de vie, à la fois austère et missionnaire, inspira d’autres instituts qui joueront un rôle essentiel dans la réforme catholique.
Gaétan mourut à Naples en 1547, allongé sur un lit de cendres. Sa vie fut un témoignage silencieux mais puissant d’une Église capable de se réformer de l’intérieur, par la sainteté de ses membres. Il fut canonisé en 1671.
Aujourd’hui encore, saint Gaétan reste une figure proche des humbles. En Argentine, il est vénéré sous le nom de San Cayetano, patron du pain et du travail. Chaque 7 août, des milliers de pèlerins se rendent à son sanctuaire de Buenos Aires, souvent issus des quartiers populaires, pour prier pour l’emploi et la dignité. Le pape François, alors cardinal Bergoglio, avait l’habitude de participer à cette marche, remontant la file pour bénir les fidèles et écouter leurs préoccupations. En 2013, il rappelait que l’on ne va pas vers l’autre pour le convaincre, mais pour le rencontrer comme un frère. En 2016, il affirmait que demander du travail, c’est réclamer la dignité qui revient à toute personne humaine.
La mémoire liturgique de saint Gaétan évoque un prêtre au service des souffrants, fondateur d’une société de clercs réguliers, engagé dans la formation des laïcs et désireux de réformer l’Église par la sainteté de vie. Son exemple demeure actuel dans un monde en quête de cohérence, de justice et d’espérance.
Avec nominis