Fondateur de l’abbaye d’Aurillac (+ 909)
Né vers 854 dans le Cantal, Géraud d’Aurillac appartient à cette lignée de saints laïcs qui, sans renoncer au monde, ont choisi de le sanctifier de l’intérieur. Héritier d’une grande famille d’Aquitaine, il fut destiné par son père à la vie ecclésiastique en raison d’une santé fragile. Le jeune Géraud reçut ainsi une formation soignée : grammaire, chant liturgique, étude des Écritures. Mais, rétabli, il fut rappelé au rôle de seigneur et de chef militaire.
Pourtant, après une tentative de mariage qui échoua, Géraud prit la décision ferme de vivre selon l’Évangile, sans renoncer à sa condition de comte. Sa vie témoigne d’un idéal chrétien rare pour son temps : il voulut régner sans oppresser, servir sans dominer. Saint Odon de Cluny, son contemporain, le décrit comme un modèle de seigneur chrétien, un homme de paix dans un siècle souvent marqué par la brutalité féodale.Le comte d’Aurillac administra ses terres avec une rigueur juste et une profonde charité. Il affranchit de nombreux serfs, rendait la justice à jeun pour que le vin ne trouble pas ses décisions, et ne craignait pas de pardonner là où d’autres auraient puni. Une tradition rapporte qu’il ordonna à deux condamnés à mort d’aller chercher dans la forêt les lianes destinées à leur pendaison, sachant pertinemment qu’ils n’en trouveraient pas : les deux hommes furent ainsi épargnés.
Son engagement évangélique se traduisait aussi par une grande attention aux pauvres. Géraud les accueillait à sa table, leur servant lui-même le repas, conscient que le Christ se cachait dans le visage de chaque indigent. Son autorité, exercée dans la douceur, fit d’Aurillac un lieu de paix et de justice.Devenu aveugle à la fin de sa vie, il accepta cette épreuve comme une participation à la croix du Christ. Il mourut à Saint-Cirgues, au cœur de ses terres, en 909. Ni moine ni prêtre, Géraud vécut dans le monde une véritable consécration laïque, une vie offerte à Dieu au milieu des responsabilités temporelles.
Son souvenir resta vivant dans toute l’Auvergne et au-delà. Canonisé par la voix populaire, il est l’un des premiers saints non martyrs reconnus par l’Église. L’abbaye qu’il fonda à Aurillac devint un foyer spirituel et culturel majeur du Moyen Âge, contribuant à faire rayonner la foi chrétienne dans le Massif central. Sa mère, sainte Adeltrude, fut elle aussi honorée pour sa piété exemplaire.
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