Pape (64e) de 590 à 604 – Docteur de l’Église (+ 604)
L’Église fait aujourd’hui mémoire de saint Grégoire le Grand (590-604), soixante-quatrième successeur de Pierre et l’un des quatre grands docteurs de l’Occident, aux côtés de saint Ambroise, saint Jérôme et saint Augustin. Sa figure a marqué non seulement son époque mais aussi toute la tradition chrétienne.Né à Rome dans une famille sénatoriale, Grégoire fit carrière comme haut fonctionnaire avant d’être nommé préfet de la Ville. À seulement 35 ans, il renonça pourtant aux honneurs et aux richesses pour fonder un monastère et embrasser la vie bénédictine. Son désir profond était de se consacrer à la prière et à l’obéissance. Mais ses compétences et sa culture, notamment sa maîtrise du grec, le conduisirent à servir l’Église comme diacre et apocrisiaire à Constantinople.
De retour à Rome, il reprit la vie monastique. Cependant, la peste de 590 et la mort du pape Pélage II amenèrent le peuple et le clergé à l’élire malgré lui évêque de Rome. Il se mit aussitôt au service des malades et des pauvres, devenant un pasteur attentif aux plus démunis.Son pontificat fut marqué par une vaste réforme : réorganisation de l’administration ecclésiale, affirmation des prérogatives du siège romain, fixation de la liturgie, encouragement de l’ordre bénédictin et envoi de missionnaires en Angleterre. Face à l’affaiblissement de l’empire byzantin, il prit en main la défense de Rome contre les Lombards, n’hésitant pas à négocier la paix avec eux, ce qui suscita la méfiance de l’empereur Maurice.
Docteur de l’Église, Grégoire a laissé une œuvre abondante. Ses Dialogues, source majeure sur la vie de saint Benoît, et surtout sa Règle pastorale offrent un véritable portrait de l’évêque idéal, prédicateur et serviteur. Pour lui, le pasteur devait être à la fois maître, guide et témoin. « Serviteur des serviteurs de Dieu », Grégoire refusa les titres honorifiques et incarna une profonde humilité.Benoît XVI, lors de son audience générale du 4 juin 2008, rappelait que saint Grégoire considérait la Bible avant tout comme une nourriture quotidienne de l’âme et non comme un objet de curiosité intellectuelle. L’Écriture, affirmait-il, ne peut être comprise si elle ne conduit pas à l’action. Sa théologie, enracinée dans la tradition, visait toujours à unir pensée et vie, prière et service.
Souvent malade, éprouvé par la mélancolie, Grégoire conserva jusqu’à la fin une vie austère. Il mourut à Rome le 12 mars 604, laissant à l’Église un héritage spirituel et pastoral exceptionnel. Son exemple demeure une référence de simplicité, de courage et de charité pastorale.
On peut retenir de ses écrits cette parole extraite des Morales :« Ce sont les vices de la chair et non pas la chair elle-même qu’il faut détruire. En effet, si la chair est parfois séductrice, elle peut également constituer une aide pour le Bien. »
Avec nominis