Fondateur des Frères de la Charité (+ 1550)
La vie de saint Jean de Dieu est celle d’un homme marqué par l’errance, la conversion et le don total de soi. Né en 1495 à Montemor-o-Novo, au Portugal, sous le nom de João Cidade, il connaît dès son plus jeune âge la précarité et l’exil. À huit ans, pour des raisons inconnues, il quitte le foyer familial et devient un vagabond sur les routes de l’Espagne.
Son parcours est jalonné de multiples expériences. Il est tour à tour berger, soldat dans les guerres contre les Turcs, mendiant, valet, infirmier, libraire. Sa quête de sens le mène à Gibraltar, où un sermon du grand prédicateur saint Jean d’Avila bouleverse son cœur. Bouleversé par cette rencontre, il manifeste une ferveur si intense qu’il est enfermé dans un asile, où il découvre la souffrance des exclus et des malades mentaux. Cette épreuve devient le creuset de sa mission : il se consacre dès lors aux plus démunis.
Animé d’un zèle inépuisable, il ouvre un hôpital à Grenade pour accueillir les malades et les laissés-pour-compte, mettant en œuvre un modèle d’hospitalité inédit fondé sur l’amour du prochain et la dignité de chaque être humain. Son engagement attire des disciples, qui formeront plus tard l’Ordre des Frères Hospitaliers de Saint Jean de Dieu, consacré au service des pauvres et des malades.
Jusqu’à son dernier souffle, en 1550, il reste fidèle à cette mission. À l’heure de sa mort, il confie : « Il reste en moi trois sujets d’affliction : mon ingratitude envers Dieu, le dénuement où je laisse les pauvres, les dettes que j’ai contractées pour les soutenir. » Une parole qui traduit l’humilité et l’abandon total de ce saint qui, par son œuvre, a transformé le visage de l’hospitalité chrétienne.
Son héritage se perpétue aujourd’hui dans les établissements hospitaliers et les œuvres caritatives inspirées de son charisme. Déclaré Protecteur des hôpitaux et des malades aux côtés de saint Camille de Lellis par Léon XIII en 1886, il est aussi, depuis 1930, le saint patron du personnel soignant. Sa fête, célébrée le 8 mars, prend une résonance particulière dans un monde où la souffrance et la précarité exigent plus que jamais des témoins de la miséricorde.
Avec Nominis
