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Saint Jean de la Croix

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"À la fin du jour, c’est sur l’amour qu’on vous examinera"

Carme, docteur de l’Église (+ 1591)

Saint Jean de la Croix, prêtre carme et docteur de l’Église, est l’une des figures spirituelles les plus marquantes de l’histoire chrétienne. Né en 1542 en Vieille-Castille, dans une famille pauvre, il connut très tôt les épreuves de la vie. Son père, un négociant, meurt lorsqu’il est encore très jeune, et sa mère se voit contrainte de travailler comme nourrice pour subvenir aux besoins de sa famille. Afin de poursuivre ses études, Jean travaille comme infirmier dans l’hôpital de la ville. Son désir de vivre une vie consacrée le conduit à entrer chez les Carmes à 21 ans. Cependant, au sein de l’Ordre, il est confronté à un mode de vie qui lui semble éloigné de l’austérité originelle. Il aspire à un retour aux sources, mais ses tentatives de réforme rencontrent l’opposition de ses supérieurs.

C’est alors qu’une rencontre décisive se produit. Jean fait la connaissance de sainte Thérèse d’Avila, avec qui il partage la même vision d’une réforme spirituelle profonde du Carmel. Ensemble, ils œuvreront pour rétablir une règle plus stricte, fondée sur la prière, le recueillement et l’ascèse. Mais cette réforme, bien que guidée par une grande ferveur spirituelle, ne sera pas sans souffrances. Jean de la Croix deviendra un signe de contradiction au sein de son propre Ordre. En 1577, il est emprisonné à Tolède, dans des conditions de vie extrêmement dures, pour avoir tenté de mettre en œuvre la réforme qu’il portait avec tant de conviction. Pendant ses neuf mois de captivité, il écrivit certaines de ses œuvres les plus célèbres, notamment le « Cantique spirituel », une œuvre qui reflète son expérience mystique et sa quête de l’union parfaite avec Dieu.

À sa libération, Jean de la Croix continue son œuvre de réforme. Il devient un guide spirituel pour les Carmes déchaussés et les Carmélites, mais aussi pour les simples croyants, qu’ils soient issus du peuple ou de l’élite intellectuelle. Son enseignement se centre sur la purification de l’âme et l’union avec Dieu, un chemin semé d’embûches mais qui mène à la contemplation de l’amour divin.

La « Nuit obscure » et « La Montée au Mont Carmel » sont parmi ses œuvres majeures, où il décrit de manière poétique et théologique la purification de l’âme et l’ascension spirituelle vers l’union avec Dieu. Ses écrits abordent le mystère de la souffrance et de l’obscurité intérieure comme étant nécessaires à la transformation de l’âme, et donc à la rencontre véritable avec Dieu. Selon lui, seule l’action divine peut purifier l’âme et la rendre apte à l’union avec la Trinité.

La « Montée au Mont Carmel » est l’un des traités spirituels les plus significatifs de saint Jean de la Croix. Dans cette œuvre, il décrit le chemin spirituel comme une ascension progressive, marquée par la purification de l’âme et la croissance dans la vertu. Le Mont Carmel, pour lui, devient un symbole du sommet de la perfection chrétienne, un lieu de rencontre avec Dieu où l’âme, après avoir traversé diverses épreuves et purification, parvient à l’union parfaite avec le Christ.

L’ouvrage insiste sur la nécessité de renoncer aux attachements mondains et de se laisser guider par l’action purificatrice de Dieu. Jean de la Croix explique que l’âme doit passer par une purification progressive, un processus qui nécessite de délaisser les vices et les désirs non ordonnés pour atteindre la pureté et la paix intérieures. Il enseigne que, même si le chemin est semé d’embûches, il est essentiel d’accepter l’obscurité spirituelle et la souffrance comme faisant partie intégrante du chemin vers Dieu.

Saint Jean de la Croix vivait dans une totale obéissance à Dieu, et sa vie était marquée par une intense recherche de la perfection chrétienne. Il incarnait l’amour total du Christ, dont il cherchait à imiter la souffrance et la crucifixion dans sa propre existence. Il exerça de lourdes responsabilités au sein de son Ordre, tout en maintenant une vie de prière intense, et en nourrissant constamment son âme de la flamme de l’amour divin.

Pourtant, cette vie consacrée à Dieu ne fut pas exempte de calomnies et de souffrances. Jean fut victime de calomnies et d’attaques de la part de certains membres de son propre Ordre, ce qui le conduisit finalement à être démis de ses fonctions. Atteint par la maladie, et affaibli par ses luttes spirituelles et corporelles, il se retire à Úbeda, où il meurt en 1591, après avoir chanté la gloire de Dieu dans ses derniers écrits.

Saint Jean de la Croix a été béatifié en 1675 et canonisé en 1726 par Benoît XIII. Il fut proclamé docteur de l’Église en 1926 par le pape Pie XI. Benoît XVI, dans son homélie du 16 février 2011, a souligné l’importance de son héritage spirituel, en rappelant que Saint Jean de la Croix est considéré comme l’un des poètes majeurs de la littérature espagnole.

Ses œuvres, notamment le « Cantique spirituel », décrivent le chemin de purification de l’âme et l’union avec Dieu, un chemin qui passe par des épreuves et des nuits obscures mais qui conduit à la lumière de l’amour divin. Le pape a également fait remarquer que, pour Jean de la Croix, l’union parfaite avec Dieu ne peut se réaliser qu’à travers l’action purificatrice de Dieu, et que cette union atteint sa plénitude dans la vie trinitaire.

Jean de la Croix demeure un modèle pour les chrétiens de tous les temps, non seulement par sa quête de la perfection spirituelle, mais aussi par son témoignage de fidélité à Dieu dans les épreuves. Sa vie et son œuvre rappellent que le chemin vers la sainteté n’est pas sans difficultés, mais qu’il conduit à une union intime et profonde avec le Christ. « À la fin du jour, c’est sur l’amour qu’on vous examinera », disait-il, une maxime qui résume toute la vocation chrétienne : celle d’aimer Dieu et de se laisser transformer par son amour.

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