Né en Toscane au tournant du Ve siècle, Léon Ier fut élu pape en 440, dans une époque marquée par l’effondrement de l’Empire romain et par de profondes divisions religieuses. Tandis que les armées des Huns, des Vandales et des Goths ravageaient l’Europe, l’Église elle-même se voyait menacée par des hérésies qui remettaient en cause la véritable nature du Christ.
Face aux monophysites, qui n’admettaient que la divinité du Christ, et aux nestoriens, qui en refusaient la pleine divinité, Léon sut rappeler avec clarté la vérité de la foi chrétienne. Sa célèbre lettre dogmatique à Flavien, patriarche de Constantinople , connue sous le nom de Tome à Flavien , exposa la doctrine de l’union des deux natures, humaine et divine, dans la personne du Christ. Ce texte, fondement du concile de Chalcédoine en 451, demeure l’un des piliers de la théologie chrétienne.Mais Léon le Grand ne fut pas seulement un théologien. Dans une Rome en déclin, il exerça un véritable rôle de chef moral. En 452, il rencontra Attila près de Mantoue pour dissuader le roi des Huns d’entrer dans Rome. Trois ans plus tard, lorsque Genséric et les Vandales envahirent la Ville éternelle, Léon intercéda encore pour sauver les basiliques majeures et protéger ceux qui s’y étaient réfugiés.
Le pape Benoît XVI, dans une catéchèse donnée le 5 mars 2008, soulignait la stature exceptionnelle de ce pontife :
« Léon le Grand démontra sa grandeur dans le service à la vérité et à la charité, dans l’exercice assidu du langage théologique et pastoral à la fois. Il fut un infatigable promoteur de la primauté romaine, toujours attentif à la communion entre les Églises locales. »
Sous son pontificat, le Concile de Chalcédoine proclama avec force la foi en Jésus-Christ, vrai Dieu et vrai homme, « sans confusion ni séparation ». Cette affirmation marque encore aujourd’hui le cœur du Credo chrétien.
Benoît XVI rappelait aussi la lucidité du pape Léon dans l’exercice de sa mission :
« Léon évalua de manière aiguë la responsabilité du successeur de Pierre, dont la mission est unique dans l’Église, car seul cet apôtre a reçu ce qui a été annoncé aux autres. »
Dans un monde en mutation, à la frontière de la Rome païenne et de la Rome chrétienne, Léon le Grand fut un pasteur proche du peuple, alliant la prédication à l’action concrète. Il liait la liturgie à la vie quotidienne, rappelant que le culte chrétien n’est pas simple souvenir du passé, mais actualisation de la grâce de Dieu dans la vie de chaque croyant.Mort à Rome le 10 novembre 461, Léon fut enseveli près du tombeau de saint Pierre. Son enseignement, transmis à travers ses homélies et ses lettres, continue d’éclairer l’Église. Docteur de la foi et modèle de courage pastoral, il reste, selon le mot de la tradition, le seul et vrai recours moral d’un monde en crise.


