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Saint Louis, le roi défenseur des chrétiens d’Orient

Saint Louis à Jérusalem, Alexandre Cabanel, XIXᵉ siècle, Panthéon (Paris).
Saint Louis à Jérusalem, Alexandre Cabanel, XIXᵉ siècle, Panthéon (Paris).
Beaucoup s’interrogent, la France, héritière de cette vocation séculaire proclamée par Saint Louis, continue-t-elle réellement d’assumer son rôle de protectrice ?

Ce 25 août, l’Église catholique fête Saint Louis, roi de France (1214-1270), figure exemplaire de justice et de foi. Canonisé en 1297, il reste dans la mémoire de l’Église comme un roi profondément attaché aux pauvres, à la paix et à la défense des chrétiens d’Orient.Fils de Louis VIII et de Blanche de Castille, Louis IX monte sur le trône à l’âge de douze ans, il gouverne pendant quarante-quatre ans avec un sens aigu de la justice et du bien commun. On raconte qu’il rendait la justice assis sous un chêne, écoutant aussi bien les seigneurs que les plus humbles paysans, son idéal étant d’incarner sur terre la justice de Dieu sans distinction de rang social. Il réforme les institutions, créant les bases du futur Parlement de Paris et de la Cour des comptes, et lutte contre les abus comme les jeux d’argent ou les prêts usuraires.

Homme de grande piété, Saint Louis se lève chaque jour pour participer à la totalité de l’office divin. Inspiré par les franciscains et les dominicains, il mène une existence simple malgré son rang, il sert lui-même les pauvres à sa table, lave leurs pieds, fonde l’hôpital des Quinze-Vingt pour les aveugles. Il fait aussi de Paris un centre spirituel majeur, inaugurant en 1248 la Sainte-Chapelle, chef-d’œuvre gothique destiné à abriter la Couronne d’épines du Christ et un fragment de la Sainte Croix, acquis à Constantinople.

Sa foi ardente le conduit à prendre la croix pour défendre les Lieux saints et les communautés chrétiennes d’Orient

En 1248, il lance la septième croisade. Après la prise de Damiette, l’expédition s’enlise en Égypte, et en février 1250 à Mansourah les croisés subissent une lourde défaite. Le roi est capturé par les Mamelouks, il impressionne pourtant ses geôliers par sa dignité et son courage. Libéré contre une rançon énorme, il choisit de rester en Terre sainte plutôt que de rentrer immédiatement en France.

De 1250 à 1254, Louis IX séjourne au Liban, en Palestine et à Chypre. Il ne recherche pas de nouvelles conquêtes mais œuvre à renforcer les défenses des États latins et surtout à rétablir la paix parmi les communautés chrétiennes souvent divisées. Une chronique de l’époque rapporte qu’« il mit les principautés en meilleures défenses et rétablit la paix et la concorde parmi les chrétiens ». C’est dans ce contexte qu’il accorde, le 24 mai 1250 à Saint-Jean-d’Acre, une charte aux Maronites du Liban. Dans ce texte, il exprime une proximité fraternelle unique :

« Nous sommes persuadés que cette nation, que nous trouvons établie sous le nom de saint Maron, est une partie de la nation française […]. Pour nous et nos successeurs sur le trône de France, nous promettons de vous donner, à vous et à tout votre peuple, notre protection spéciale, comme nous la donnons aux Français eux-mêmes. »

Ce geste est resté comme l’un des fondements de la vocation française à protéger les chrétiens d’Orient.En 1270, fidèle à son idéal de croisade, Saint Louis repart pour la huitième croisade, cette fois vers Tunis. Mais une épidémie de peste frappe son armée et le roi lui-même est emporté le 25 août, après avoir prononcé ces derniers mots : « Jérusalem, Jérusalem ! » Canonisé par le pape Boniface VIII, il est devenu le modèle du roi chrétien, juste, humble, défenseur de la foi et des plus faibles.

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Huit siècles plus tard, le souvenir de Saint Louis résonne douloureusement avec l’histoire récente. En Irak, en Syrie, au Liban ou en Terre Sainte, les communautés chrétiennes connaissent encore aujourd’hui une existence précaire, marquée par la guerre, l’exil et la persécution. La présence chrétienne au Moyen-Orient, déjà minoritaire, ne cesse de diminuer. Les Maronites du Liban, les Syriacs, les Coptes, les Arméniens et tant d’autres communautés cherchent à préserver leur foi et leur culture dans un contexte d’instabilité politique et d’exode massif.

Beaucoup s’interrogent, la France, héritière de cette vocation séculaire proclamée par Saint Louis, continue-t-elle réellement d’assumer son rôle de protectrice ?

Les liens fraternels évoqués par le saint roi sont-ils encore vivants dans la conscience des chrétiens de France ? Alors que la fête de Saint Louis rappelle la mission spirituelle et historique du royaume très chrétien, elle pose aujourd’hui une question brûlante : les chrétiens d’Orient se sentent-ils encore soutenus et défendus par leurs frères d’Occident, ou ont-ils le sentiment d’être abandonnés dans leur détresse ?

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