Un an jour pour jour après la nuit de feu qui a frappé le quartier du Haut-Pont à Saint-Omer, l’église de l’Immaculée-Conception va enfin renaître de ses cendres. Le 2 septembre 2024, un incendie criminel avait dévasté le sanctuaire, du clocher effondré jusqu’à la toiture consumée. « Cette pluie de feu nous est tombée dessus », se souvenaient alors les habitants, sidérés par la violence du sinistre. Depuis, l’édifice était dissimulé sous un immense voile de bâches et d’échafaudages, comme en attente d’un nouveau souffle.
Fondée au XIXe siècle, l’église de l’Immaculée-Conception a rythmé la vie du quartier depuis des générations : baptêmes, mariages, funérailles, fêtes patronales… autant de moments qui tissent la mémoire locale. Sa destruction brutale a été vécue comme une déchirure. « Ma fille veut se marier, elle aurait aimé le faire ici… elle va devoir trouver un autre endroit. Ma maman n’a pas pu être enterrée là non plus, à cause de l’incendie », confie Corinne, une fidèle émue qui a grandi dans cette église. Pour elle comme pour beaucoup, l’édifice n’est pas seulement un patrimoine, mais une maison commune, un lieu de prière et de mémoire.
France Bleu précise que la Fondation du Patrimoine a déjà collecté plus de 220 000 euros auprès de 1 500 donateurs. Signe de la solidarité nationale, le groupe Marcel Dassault a offert un million d’euros, une première pour la ville de Saint-Omer.
Marie-Hélène Habert-Dassault, directrice de la communication et du mécénat pour le groupe industriel avait déclaré : « On ne pouvait pas rester sans rien faire ».
Le maire, François Decoster, souligne : « Nous avons aussi reçu, et c’est inédit pour notre ville, 1 million d’euros du groupe Marcel Dassault ». Mais pour les habitants, la reconstruction est un devoir partagé. Angelina, qui vit à proximité, témoigne : « Avant, quand il y avait quelque chose comme ça, comme une guerre, les personnes se retroussaient les manches, et reconstruisaient. Ce serait bien qu’un par un, nous aidions ». Dans l’attente de la réouverture, elle a installé chez elle un petit autel domestique, signe d’une foi qui ne s’éteint pas malgré la perte du sanctuaire.
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Le chantier est estimé à 10 millions d’euros et sera pour l’essentiel pris en charge par les assurances. Mais certaines dépenses restent à couvrir, notamment le remplacement de l’orgue, entièrement détruit. « Ce seront des financements qui seront très utiles pour finaliser la reconstruction de notre église », explique encore François Decoster. Au-delà des chiffres, l’enjeu est spirituel : redonner au quartier son cœur battant, rendre à la communauté son lieu de rassemblement liturgique. L’absence de l’orgue, dont l’Église a toujours souligné le rôle central dans la liturgie, illustre combien la reconstruction dépasse la seule restauration d’un bâtiment.Samedi matin, une cérémonie sera organisée au pied de l’église pour lancer officiellement les travaux. Pour les paroissiens, ce moment est attendu comme une étape de résurrection, un signe que la foi et la vie communautaire ne se laissent pas abattre par la violence des flammes.
Cet incendie criminel, dont les blessures sont encore visibles, s’inscrit dans un contexte préoccupant. Chaque année, des centaines d’églises en France subissent des profanations, des dégradations ou des incendies volontaires. Ces attaques, souvent passées sous silence, frappent au cœur du patrimoine et de la foi chrétienne. La reconstruction de Saint-Omer devient ainsi un symbole : chaque pierre relevée, chaque orgue réinstallé, chaque don offert rappelle que les églises demeurent, malgré les attaques, au centre de la vie spirituelle et culturelle de la France.