évêque de Vannes (Ve siècle)
Exilé pour avoir voulu réconcilier les peuples et les traditions chrétiennes, il mourut dans la solitude, oublié des hommes mais fidèle jusqu’au bout à sa mission d’unité.
Né selon certaines sources en Armorique, selon d’autres au Pays de Galles dans une famille noble du Cardiganshire, saint Patern — surnommé « l’Ancien » pour le distinguer de son homonyme de Coutances ,appartient à cette génération de moines évangélisateurs qui, entre la fin de l’Empire romain et les premières vagues d’immigration bretonne, ont façonné l’âme chrétienne de la Bretagne.
Le peu de données historiques sûres est comblé par une tradition hagiographique nourrie de piété et d’imagination : la Vita Paterni, récit ancien au charme naïf, évoque un homme animé d’un zèle ardent pour l’Évangile, fondateur de plusieurs monastères au Pays de Galles, prédicateur itinérant, convertissant jusqu’à des rois d’Irlande. Il aurait aussi reçu la consécration épiscopale à Jérusalem, lors d’un pèlerinage en Terre Sainte — un détail qui témoigne plus de la vénération que lui vouaient les chrétiens de l’époque que d’une vérification historique.
Ce qui est certain, c’est qu’il fut évêque de Vannes dans un contexte particulièrement troublé. L’historien Louis Duchesne situe son épiscopat entre 461 et 490. Le Propre des saints de 1660, quant à lui, rapporte qu’il aurait été choisi au concile de Vannes vers 465. À cette époque, les tensions étaient vives entre tenants d’un christianisme de tradition celte, porté par les nouveaux arrivants bretons, et les défenseurs d’un christianisme plus gallo-romain. Le ministère épiscopal de Patern fut donc rude, tiraillé entre deux visions de l’Église.
Face à ces divisions, Patern cherche à unir, non à dominer. Il se lie d’amitié avec saint Samson de Dol, autre grande figure épiscopale de la Bretagne. Mais son désir d’unité et sa fidélité à la mission confiée par Dieu sont mal compris. Vilipendé par certains, contredit par d’autres, il est contraint à la démission et s’exile, renonçant à toute fonction officielle pour se retirer dans un ermitage à l’écart de son diocèse.
C’est là, dans la solitude, qu’il meurt un 15 avril — probablement en 475 selon certaines sources, ou vers 510 selon d’autres. Un oubli terrestre qui ne fut que passager : l’Église n’a pas oublié ce pasteur courageux et doux. En 1964, le pape saint Paul VI le proclama officiellement patron du diocèse de Vannes (Lettre apostolique Armoricae regionis). Sa fête liturgique est désormais célébrée chaque 15 avril.
Compté parmi les sept saints fondateurs de la Bretagne, bien qu’il ne fût peut-être pas le premier évêque de Vannes, saint Patern demeure un modèle de fidélité, de paix et de silence évangélique. On l’invoque encore aujourd’hui pour obtenir la pluie, mais surtout pour sa profonde humilité, qui nous rappelle que c’est souvent dans le retrait et l’incompréhension que Dieu façonne les plus grands serviteurs de son peuple.