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Saint Philippe Néri

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Fondateur de l’Oratoire, saint Philippe Néri (1515-1595) a marqué l’Église par sa sainteté rayonnante, son humour désarmant et son zèle ardent pour le salut des âmes, particulièrement celles des jeunes


Patron de Rome avec saint Pierre, il demeure un maître de vie spirituelle joyeuse et profondément évangélique.Il est l’un des saints les plus paradoxaux et les plus lumineux de l’histoire de l’Église : « le plus mystique, le plus réformateur mais aussi le plus espiègle des saints », disait-on de lui. Né à Florence en 1515, Philippe Néri passa l’essentiel de sa vie à Rome, où il devint un père spirituel incomparable pour toute une génération de jeunes assoiffés de vérité, de beauté et de sainteté. Son influence fut telle qu’on le surnomma rapidement le « second apôtre de Rome », après saint Pierre lui-même.

Son secret ? Une vie intérieure nourrie de la sagesse des Pères du désert, alliée à un humour débordant, une simplicité désarmante et un amour du prochain sans mesure. « Que la joie dans le Seigneur augmente toujours. Que la joie selon le monde diminue toujours jusqu’à ce qu’elle disparaisse », écrivait-il. Chez lui, la gravité spirituelle ne s’opposait jamais à la joie ; bien au contraire, elle en était le fondement.

Ordonné prêtre après des années de vie cachée et de prière intense, Philippe attira à lui de nombreux jeunes qu’il forma avec patience et tendresse. Autour de lui naquit une communauté fervente, dont les réunions libres, joyeuses et profondément spirituelles donnèrent naissance à l’Oratoire. Ce nom vient des soirées qu’il animait : des méditations nourries de chants, de partages fraternels, de prières et d’un profond amour de l’Évangile.À l’opposé des austérités tristes ou du rigorisme pesant, saint Philippe Néri montrait que la sainteté peut rimer avec rire, qu’on peut être à la fois spirituel et profondément humain, théologien raffiné et joyeux mystificateur. Il n’hésitait pas à désarçonner ses disciples par des gestes inattendus pour les libérer de l’orgueil ou des illusions spirituelles.

Son influence traversa les Alpes. En France, c’est son esprit qui inspira le cardinal de Bérulle et le père de Condren, fondateurs de l’Oratoire de France. En Angleterre, le grand John Henry Newman, converti de l’anglicanisme, trouva en lui un guide sûr, au point de fonder à Birmingham l’Oratoire selon son charisme. Même Goethe, agnostique notoire, confiait éprouver une dévotion sincère à son égard.

Le pape Jean-Paul II, lors du cinquième centenaire de sa naissance en 2015, soulignait encore l’actualité de ce témoin de l’Esprit : dans un monde saturé d’images tristes et de divertissements vides, saint Philippe rappelle que seule la joie du Christ donne un sens véritable à l’existence.

Patron des éducateurs, modèle de prêtre, ami des pauvres et des jeunes, Philippe Néri reste un maître pour notre temps. Saint Jean Bosco, qui voyait en lui une figure tutélaire, disait de lui qu’il était « un des saints les plus chers à son cœur ». Il repose à Rome, sa ville bien-aimée, où l’on vient encore aujourd’hui puiser, à son contact, une joie profondément chrétienne.

« Même vivant en ce monde, nous devons être joyeux dans le Seigneur » : ce mot de saint Philippe reste une ligne de force pour tous ceux qui, dans l’Église, veulent allier fidélité au Christ et joie du cœur.

Avec nominis

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