La figure de Saint Pierre Fourier demeure l’un des grands visages spirituels du XVIIᵉ siècle lorrain. Né à Mirecourt le 30 novembre 1565, fils d’un marchand, il se distingua dès sa jeunesse par l’ardeur de son intelligence et de sa foi. Brillant étudiant à l’université de Pont-à-Mousson, il choisit à vingt ans d’entrer chez les Chanoines réguliers de Saint-Augustin, où il fut ordonné prêtre le 25 février 1589 à Trèves.Son parcours ne fut pas celui de l’ambition ecclésiastique. Nommé curé de Mattaincourt, une petite paroisse rurale souvent surnommée « la petite Genève » en raison du poids des protestants, il y demeura près de quarante années, par choix et par fidélité. Il y mit en pratique une devise simple et exigeante : « ne nuire à personne, être utile à tous ». Ce travail patient permit de réorganiser la vie paroissiale, de restaurer la ferveur sacramentelle et de venir en aide aux plus pauvres.
Visionnaire, Pierre Fourier comprit très tôt l’importance de l’éducation. Avec Alix Le Clerc, il fonda en 1597 la Congrégation des Chanoinesses de Notre-Dame, destinée à l’instruction chrétienne des jeunes filles. Cette œuvre marquera durablement le paysage éducatif lorrain et sera reconnue par l’Église.Réformateur au sens le plus concret, il reçut également la mission de restaurer la discipline chez les chanoines réguliers. Il devint supérieur général et poursuivit, parallèlement à son ministère paroissial, ses activités de prédication et de correspondance. De nombreuses lettres nocturnes témoignent de son zèle pastoral.En 1636, la fidélité du prêtre au duc de Lorraine lui valut la disgrâce du cardinal de Richelieu. Exilé à Gray, en Franche-Comté alors terre d’Espagne, il y termina son existence le 9 décembre 1640. Des témoins rappellent que cet exil ne fut accepté que pour rester fidèle à son souverain légitime ; il refusa à plusieurs reprises d’être élevé à l’épiscopat.La reconnaissance ecclésiale fut progressive. Béatifié le 29 janvier 1730, Pierre Fourier fut canonisé par le pape Léon XIII le 27 mai 1897. Son corps repose aujourd’hui dans l’église paroissiale de Mattaincourt. Le diocèse de Saint-Dié continue de le vénérer comme patron et modèle des prêtres vosgiens.
Dans l’histoire spirituelle de la Lorraine, Pierre Fourier s’inscrit aux côtés des grands fondateurs du XVIIᵉ siècle. Par son attention aux pauvres, son sens pastoral et son engagement en faveur de l’éducation, il demeure une figure d’unité et de fidélité. Les témoignages de ses contemporains soulignent autant sa constance que sa douceur, au service d’un seul but : conduire son peuple à Dieu.
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