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Sainte Angèle de Foligno : l’itinéraire d’une âme pénitente

« Cette charité, efforcez-vous de l'acquérir ! Ne jugez personne, même si vous voyez quelqu’un pécher mortellement. »

Pénitente italienne (+ 1310)


Née en 1248 à Foligno, en Ombrie, Angèle grandit dans une famille aisée, destinée à une vie de confort et de mondanités. Mariée très jeune et mère de plusieurs enfants, elle s’éloigne des sacrements, emportée par le tumulte d’une existence frivole. Pourtant, une profonde remise en question bouleverse son chemin : une vision de saint François d’Assise, survenue en 1285, marque le début de sa conversion radicale. Dans un premier élan, elle souhaite se confesser mais, paralysée par la honte, elle retarde l’aveu de ses fautes, ce qui la pousse à une communion sacrilège qui la tourmente profondément.

C’est dans cette douleur spirituelle qu’elle amorce une transformation intérieure. Saint François devient pour elle un guide céleste, et Angèle adopte une vie de pénitence austère. Elle multiplie les mortifications, redistribue ses biens aux pauvres et passe pour folle aux yeux de ses contemporains. Peu après, elle endure des épreuves accablantes : la perte successive de sa mère, de son mari et de ses enfants. Face à ces tragédies, elle choisit la pauvreté absolue et rejoint le tiers ordre franciscain.


Angèle de Foligno s’enracine dans une spiritualité christocentrique, marquée par des visions du Christ crucifié. Ces expériences, parfois accompagnées de violentes crises mystiques, lui font toucher les sommets de l’union avec Dieu. Toutefois, sa quête spirituelle s’inscrit aussi dans les débats qui agitent alors l’Ordre franciscain, entre partisans d’une pauvreté stricte et défenseurs d’une approche plus modérée.

Benoît XVI, lors de son audience générale du 13 octobre 2010, a souligné l’importance du cheminement de conversion de sainte Angèle : « Fascinés par les sommets de son expérience mystique, nous négligeons souvent les débuts de sa conversion. Celle-ci, marquée par la crainte de l’Enfer, s’est peu à peu enrichie de charité et d’amour de Dieu. » Le Pape insiste sur le fait que cette mystique italienne comprit progressivement que son salut ne viendrait pas de ses propres mérites, mais de l’amour gratuit du Christ crucifié. « Son identification au Christ signifiait vivre dans la prière et le secret ce que Jésus vécut : la pauvreté, le mépris, la souffrance. »


Sainte Angèle laisse un témoignage poignant, consigné dans un ouvrage dicté à son confesseur. Ce texte, véritable trésor de la mystique chrétienne, illustre une âme purifiée par les épreuves et attirée vers les hauteurs de la contemplation. Ses dernières paroles résonnent comme un appel universel : « Cette charité, efforcez-vous de l’acquérir ! Ne jugez personne, même si vous voyez quelqu’un pécher mortellement. »

En 1310, à Foligno, Angèle s’endort dans le Seigneur, laissant derrière elle un héritage spirituel qui continue d’éclairer les âmes en quête de Dieu. À travers elle, l’Église nous rappelle que, même dans les chutes les plus profondes, la grâce divine peut transformer la misère humaine en une œuvre d’amour.

Avec Nominis

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