À l’aube du Grand Siècle, en 1601, une jeune fille inconnue du monde s’éteint dans une masure de Pibrac, près de Toulouse. Elle s’appelait Germaine Cousin, elle avait 22 ans. Née infirme, scrofuleuse, marquée dès l’enfance par une difformité physique, elle connut l’abandon, le mépris, l’exclusion, mais aussi ,et surtout ,l’amour profond de Dieu. L’Église reconnaîtra sa sainteté plus de deux siècles plus tard, en 1867, dans une France en quête de figures humbles et lumineuses.
Orpheline très tôt, Germaine est recueillie par son père, qui se remarie. Mais loin de recevoir affection ou protection, elle est réduite à l’état de servante maltraitée. Sa belle-mère la rejette, lui interdit de s’approcher de ses propres enfants, et la contraint à dormir sous un escalier, sur quelques sarments, avec à peine de quoi se nourrir. À neuf ans, la petite fille est déjà reléguée aux champs, chargée de garder le troupeau. Ce sera là son ermitage, son cloître invisible, son désert habité.Elle ne sait pas lire, mais elle prie sans cesse. Son chapelet est son unique livre, et la sainte Messe, qu’elle ne manque jamais au petit matin, sa source quotidienne de lumière. Chaque jour, elle quitte son troupeau pour se rendre à l’église ; jamais une brebis ne s’égare, tant l’humble bergère savait leur indiquer la limite à ne pas franchir. Sa fidélité impressionne, sa paix intérieure désarme. Elle ne murmure jamais une plainte. Elle ne revendique rien. Elle parle à Dieu, et cela lui suffit.
Germaine mourut là où elle avait vécu, dans l’oubli. Son père la retrouva sans vie sous l’escalier, dans le silence d’une aurore. C’est alors que tout changea. Les miracles commencèrent à se multiplier, et le peuple, plus prompt que les puissants à discerner la sainteté, afflua sur sa tombe. On rapporte des guérisons, des grâces, des conversions. La sainte de Pibrac devient, peu à peu, la sainte des pauvres, des rejetés, des humiliés.
Aujourd’hui encore, le diocèse de Toulouse veille avec ferveur sur le sanctuaire Sainte-Germaine de Pibrac. Dans de nombreuses églises de France et particulièrement dans le Lot, où son souvenir est très vivant , vitraux, statues, reliquaires ou simples cloches rappellent la présence douce et forte de celle qui a tout supporté dans la paix.Sainte Germaine Cousin n’est pas une héroïne selon les critères du monde. Elle est une victorieuse dans la charité, une preuve vivante que la sainteté ne se mesure ni aux diplômes, ni aux forces, ni aux honneurs, mais au cœur fidèle, uni au Christ dans la souffrance.
Son message est plus que jamais actuel. À ceux qui sont rejetés, maltraités, moqués, oubliés, elle murmure l’espérance des Béatitudes :
“Heureux les cœurs purs, car ils verront Dieu.”
Avec nominis