Érigée à l’automne 2024 devant l’église Sainte-Jeanne-d’Arc, dans un quartier résidentiel de Nice, la statue en bronze dorée à l’or fin de 4,50 mètres de hauteur et pesant 9 tonnes avait rapidement cristallisé les tensions. Commandée pour 170 000 euros à l’Atelier Missor par la régie métropolitaine Parcs d’Azur, elle avait été accusée par le préfet de l’époque, Hugues Moutouh, d’avoir été commandée sans mise en concurrence, en violation du Code de la commande publique.
En janvier, le tribunal administratif de Nice avait donné raison au représentant de l’État en exigeant le démontage immédiat de l’œuvre. Une décision ressentie comme une provocation par ses défenseurs. Le maire Christian Estrosi y avait vu « une croisade » contre sainte Jeanne d’Arc, tandis que l’Atelier Missor et la régie métropolitaine lançaient un recours.Jeudi 17 juillet, la cour d’appel de Marseille a tranché en faveur des requérants, soulignant que « l’irrégularité procédait d’une simple erreur dans l’application d’une réglementation récente » et qu’aucune volonté délibérée de favoriser l’artiste n’était démontrée. La commande, jugée valide au regard de l’article R. 2122-3 du Code de la commande publique, qui autorise l’acquisition d’une œuvre d’art unique sans appel d’offres, a donc été confirmée.
Lire aussi
« Nous avons gagné, la statue de sainte Jeanne d’Arc est sauvée ! », s’est exclamée Me Carine Chaix, avocate de l’atelier Missor, évoquant « une belle victoire pour l’art et pour sainte Jeanne d’Arc ». La municipalité, de son côté, s’est félicitée de cette reconnaissance judiciaire d’un projet « porté avec conviction » et répondant à une mission de mise en valeur symbolique de l’espace public.
La représentation de la sainte, jeune et ardente, en armure, à cheval, tenant une épée par la lame, interprétée par certains comme une croix, avait suscité des réactions passionnées. La préfecture des Alpes-Maritimes a annoncé « prendre acte » de la décision, tout en envisageant un pourvoi en cassation devant le Conseil d’État. Le bras de fer judiciaire n’est peut-être pas clos, mais pour l’heure, sainte Jeanne d’Arc reste debout à Nice, et son épée, qu’on voulait faire taire, continue de pointer vers le Ciel.