Disciple du Christ, soeur de Lazare (Ier siècle)
« Marthe, Marthe, tu t’inquiètes et tu t’agites pour bien des choses… » (Luc 10, 41). Dans l’Évangile, Marthe est cette femme active que l’on croise dans toutes les maisons bien tenues. Elle court, elle prépare, elle anticipe. Elle est la gardienne de l’hospitalité. À Béthanie, près de Jérusalem, sa demeure est devenue pour le Christ un havre de repos, un lieu où Il se sent « chez Lui ». On peut imaginer le calme de la maisonnée, la simplicité des repas, et l’attention d’une maîtresse de maison qui veille à tout. Oui, Sainte Marthe incarne cette sainteté du quotidien, faite de service et d’amour.
Mais un jour, l’agitation prend le dessus : elle se plaint que sa sœur Marie, toute à l’écoute du Maître, ne l’aide pas. La réponse de Jésus n’est ni un reproche ni une critique. C’est une invitation à l’essentiel : « une seule chose est nécessaire » (Luc 10, 42). Non pas abolir l’action, mais lui redonner son sens. Il ne s’agit pas d’opposer prière et service, contemplation et action, mais de les unir dans la paix du cœur. Le Christ ne dévalorise pas le service ; Il en révèle la vocation profonde. Et Marthe comprend. Elle, qui avait reproché à sa sœur de ne pas l’aider, se montre ensuite d’une foi admirable face à la mort de son frère Lazare : « Je sais que tout ce que tu demanderas à Dieu, Dieu te l’accordera » (Jean 11, 22). C’est à elle que Jésus confie une des plus grandes révélations de l’Évangile : « Je suis la Résurrection et la Vie. » (Jean 11, 25).Sainte Marthe n’est donc pas simplement la sœur inquiète. Elle est la croyante solide, celle qui confesse la divinité du Christ avec une force égale à celle de Pierre : « Tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui vient dans le monde » (Jean 11, 27). Sainte Thérèse d’Avila l’avait bien compris, elle qui écrivait : « Si nous restions toutes en contemplation comme Madeleine, il n’y aurait personne pour donner à manger à cet hôte divin. » Loin de mépriser le service, elle y voit une grâce particulière. Servir le Christ dans les humbles tâches, c’est encore être à Ses pieds.
La tradition rapporte même qu’après sa mort, Jésus serait venu en personne accueillir Marthe à la porte du Paradis. Elle, qui avait su accueillir le Seigneur dans sa maison terrestre, fut à son tour reçue dans la Maison du Père. Sainte Marthe est une sainte pour notre temps : elle rappelle que la sainteté ne se limite pas aux cloîtres. Elle se vit aussi dans les casseroles, les gestes simples, le soin des autres. Dans un monde qui s’agite, elle nous montre que l’action trouve son vrai sens quand elle naît de l’amour et s’accomplit dans la paix. Que Sainte Marthe intercède pour toutes les femmes et tous les hommes de service, pour qu’ils trouvent, dans la fidélité aux tâches les plus simples, une voie directe vers le Ciel.
Avec Nominis
