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Sainte Thérèse d’Avila révélée : le visage sacré d’une mystique de lumière et de sérénité

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« Il n’y a pas de plus grande liberté que de se remettre totalement entre les mains de Dieu ».

C’est une nouvelle qui suscite curiosité… et interrogation : à l’occasion du 510e anniversaire de la naissance de sainte Thérèse d’Avila, également connue sous le nom de sainte Thérèse de Jésus, des chercheurs ont reconstitué son visage, 443 ans après sa mort. Grâce à l’anthropologie médico-légale, l’intelligence artificielle et l’analyse de son crâne conservé à Alba de Tormes, ils ont pu produire un portrait tridimensionnel inédit de la grande mystique carmélite.

La démarche, bien qu’innovante sur le plan technique, pose question dans les milieux catholiques attachés à la discrétion et au mystère des saints. Doit-on exposer ainsi le visage de celle qui disait que « Dieu seul suffit », elle qui refusait les honneurs mondains et qui aspirait au dépouillement le plus radical dans la réforme du Carmel ? Le contraste est frappant entre la simplicité austère de la vie de la sainte et la froideur numérique d’un visage reconstruit par des algorithmes.

Le projet, mené par des scientifiques espagnols dans un cadre universitaire, n’en reste pas moins fascinant. Il permet d’approcher sous un angle nouveau celle qui, avec saint Jean de la Croix, a réformé l’ordre du Carmel au XVIe siècle. Docteure de l’Église depuis 1970, sainte Thérèse fut aussi une écrivaine mystique de génie, dont Le Livre de la vie, Le Château intérieur et Le Chemin de la perfection demeurent des chefs-d’œuvre de la spiritualité chrétienne.

La figure de sainte Thérèse dépasse les seuls cercles religieux. Bernin lui consacra une sculpture mondialement célèbre, L’Extase de sainte Thérèse, exposée à Rome. Rubens, El Greco, Gregorio Fernández et d’autres artistes de renom l’ont représentée. Jusqu’à notre époque, son rayonnement n’a cessé de grandir. Le couturier Manolo Blahnik se disait inspiré par son ascèse, et le général Franco, lui, gardait une relique de sa main sur son bureau, symbole d’un attachement personnel et politique à l’héritage catholique espagnol.

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Son corps, en grande partie incorrompu, repose à Alba de Tormes, où elle est morte en 1582, lors de la réforme du calendrier grégorien. C’est là qu’on conserve également plusieurs de ses reliques, vénérées par des milliers de pèlerins chaque année.

Si cette reconstitution peut éveiller un intérêt culturel, le vrai visage de sainte Thérèse est ailleurs : dans ses écrits brûlants de foi, dans sa réforme courageuse du Carmel féminin, dans ses combats intérieurs contre les démons du doute, et dans son amour total pour le Christ souffrant.

Comme elle l’écrivait elle-même dans Chemin de la perfection :
« Il n’y a pas de plus grande liberté que de se remettre totalement entre les mains de Dieu ».

Alors que l’époque se perd dans la superficialité des images, puissions-nous voir en ce visage reconstruit non pas un objet de curiosité, mais un appel au silence, à la contemplation, et à la fidélité au vrai Dieu vivant.

Le visage reconstitué de sainte Thérèse d’Avila devrait être exposé dans plusieurs musées en Espagne. Mais que les fidèles n’oublient jamais que le vrai culte des saints est imitation, et non vénération esthétique.

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