Femme ayant essuyé le visage du Christ montant au Golgotha (Ier siècle)
Figure discrète mais bouleversante du Chemin de Croix, sainte Véronique est celle qui, selon la tradition, a bravé la foule et les soldats pour essuyer le visage ensanglanté du Christ sur la route du Golgotha. Si son nom n’apparaît pas dans les Évangiles, la piété chrétienne lui a pourtant donné une place particulière dans la sixième station du Chemin de Croix.
Dans le tumulte de la Passion, une femme, que la tradition nommera Véronique – du latin vera icona, « véritable icône » – ose un geste d’amour et de compassion. Elle tend un linge au Christ épuisé sous le poids de la Croix. Miracle ou signe providentiel, le visage du Sauveur s’imprime sur le tissu, laissant une empreinte ineffaçable pour la mémoire chrétienne.
Ce récit trouve écho dans plusieurs traditions. Certains voient en Véronique la femme hémorroïsse guérie par Jésus (Mc 5, 25-34), d’autres l’associent à Bérénice, figure parfois liée au roi Abgar d’Edesse, qui aurait reçu du Christ un linge portant son image. Quoi qu’il en soit, la scène rappelle ces paroles du Christ adressées aux femmes de Jérusalem : « Ne pleurez pas sur moi, mais pleurez sur vous-mêmes et sur vos enfants » (Lc 23, 28).
L’histoire du voile de Véronique s’inscrit dans la longue tradition chrétienne de la vénération du Saint-Suaire et de la Sainte Face. Si l’on distingue ce linge du Mandylion d’Edesse, icône non faite de main d’homme, certains y voient un même élan de piété envers le visage souffrant du Christ, qui inspirera tant d’œuvres d’art et de dévotions.
Dans une époque où le visage du Christ demeure souvent défiguré par l’indifférence ou l’oubli, sainte Véronique rappelle à chaque fidèle l’audace d’un amour qui ne craint pas d’affronter l’opprobre pour témoigner de sa foi. Ce n’est pas un hasard si elle est devenue la patronne des photographes et des professionnels de l’image : ceux qui, à leur manière, cherchent à fixer la vérité à travers un instant gravé à jamais.
Avec Nominis