Enfants de moins de 2 ans massacrés pour le Christ par Hérode à Bethléem (Ier siècle)
Ils n’avaient pas encore deux ans. Pour les plus âgés, l’âge de la crèche, parfois même pas celui des premiers pas assurés. À Bethléem, ces enfants faisaient partie de ces vies naissantes que l’on serre contre soi, que l’on élève jusqu’à sa joue, que l’on confie à la bénédiction d’un juste rencontré sur la route. Ils n’avaient ni parole à prononcer ni choix à formuler, mais ils avaient une existence pleine, reçue comme un don, et déjà exposée à la violence des hommes.
L’évangéliste Matthieu rapporte que, voulant atteindre l’Enfant annoncé comme roi des Juifs, Hérode ordonna le massacre de tous les garçons de moins de deux ans dans la région de Bethléem. L’intention était politique et meurtrière, la conséquence fut spirituelle et tragique. En cherchant à supprimer Celui qu’il percevait comme une menace, le roi fit tuer les plus faibles, les plus vulnérables, ceux qui n’avaient rien d’autre que leur vie à offrir.Ces enfants n’ont pas connu la prédication du Christ, ils n’ont pas confessé sa résurrection, ils n’ont pas prononcé son nom. Et pourtant, dès les premiers siècles, l’Église les a reconnus comme martyrs. Non pas en raison d’un témoignage formulé par des mots, mais parce qu’ils ont été mis à mort à cause de lui. Leur sang versé, sans qu’ils en aient conscience, a été regardé comme une participation mystérieuse à l’offrande du Christ lui-même.
La tradition chrétienne voit en eux les premiers accueillis par le Dieu fait enfant, les premiers à entrer dans la lumière du salut inaugurée à Noël.
Leur mort souligne une vérité théologique essentielle, souvent rappelée par les Pères de l’Église : ce n’est pas l’âge, ni la capacité de s’exprimer, qui fonde la dignité et la liberté d’entrer dans le Royaume, mais le simple fait d’exister devant Dieu. La vie, même la plus fragile, est déjà relation avec Lui.La fête des Saints Innocents, célébrée le 28 décembre, vient ainsi assombrir volontairement la joie de la Nativité. Elle rappelle que la venue du Christ dans le monde s’inscrit d’emblée dans un affrontement entre la lumière et la violence, entre le don de soi et la peur du pouvoir. Elle rappelle aussi que l’histoire du salut n’épargne pas la souffrance humaine, mais qu’elle la traverse pour lui donner un sens nouveau.
Ces enfants de Bethléem sont appelés « prémices » des martyrs, selon l’expression ancienne de la liturgie. Ils ouvrent une longue lignée de témoins qui, au fil des siècles, verseront leur sang pour Dieu et pour l’Agneau. Silencieux et anonymes, ils demeurent pourtant au cœur de la mémoire chrétienne, comme un appel constant à reconnaître la valeur infinie de toute vie humaine, dès son commencement.
Avec nominis


