À La Tourlandry, commune de Chemillé-en-Anjou, dans le Maine-et-Loire, à une trentaine de kilomètres d’Angers, le vieux clocher du XIXᵉ siècle, bâti après les ravages des colonnes infernales, abrite cet été une exposition du peintre angevin Pierre Blanchet dans le cadre du parcours “Arts et Chapelles”. L’édifice, distinct de l’église paroissiale Saint-Vincent mais faisant partie intégrante du patrimoine catholique local, n’accueille plus d’offices réguliers. Il demeure néanmoins un lieu sacré, consacré à l’origine à la gloire de Dieu et lié à la mémoire spirituelle de la région.
L’art de l’indécence : devant le Christ mort et la Vierge, trois horreurs bariolées
Il faut voir cette image pour comprendre la profondeur du scandale. Au centre, une sculpture blanche, noble, douloureuse : le Christ mort, entouré de la Sainte Vierge et de saint Jean. Œuvre de piété, témoignage d’un artisanat inspiré par la foi et la tradition.Et autour… la déferlante du mauvais goût : trois toiles criardes, peintes sans talent, représentant des femmes nues aux poses suggestives, coiffées d’auréoles comme pour singer les saints. Les couleurs hurlent, les formes jurent, la facture est pauvre. C’est l’atelier du kitsch plaqué sur le sanctuaire.Ironie sinistre : ces œuvres sont censées “dialoguer” avec le patrimoine. Ici, le dialogue ressemble à une insulte. Comme si l’on accrochait des publicités de maillots de bain au-dessus d’un autel. Comme si la foi devait s’agenouiller devant la laideur contemporaine, parée des oripeaux de la “création artistique”.
Le pire n’est pas seulement la médiocrité de ces tableaux, mais leur emplacement : juste devant le gisant du Seigneur et de sa Mère en deuil. On n’imagine pas un plus grand contraste, ni une plus grande provocation. Cette juxtaposition est une gifle donnée à la foi, à la beauté, et au respect dû aux lieux sacrés.
Que l’on ose appeler cela “mise en valeur du patrimoine” est déjà une farce. Mais que cela se produise avec l’accord tacite de ceux qui ont la charge de ces lieux est un signe encore plus alarmant. La profanation n’a pas seulement le visage du blasphème : elle a aussi celui du mauvais goût, revendiqué comme culture.
Dans un article du 15 aout , Ouest-France précise que cette troisième étape du parcours présente “patrimoine séculaire et œuvres contemporaines” pour “susciter surprise et émotion”. Mais exposer des nus dans un ancien clocher d’église, c’est précisément détourner un espace destiné à la prière et à la louange pour en faire le simple décor d’une démarche artistique de très mauvais goût sans aucun lien avec le sacré. Peu importe que le lieu ne serve plus au culte régulier : il reste un signe visible de la foi, un témoin consacré, et mérite d’être respecté comme tel.
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On pourrait encore comprendre, sans l’approuver ,une audace artistique si l’œuvre portait un message spirituel, biblique ou symbolique, ou si elle avait la beauté intemporelle des grandes fresques religieuses. Mais ici, rien de tout cela , cette agression visuelle représente des nus contemporains accrochés là où l’on a prié, célébré des sacrements et honoré Dieu.Ce n’est pas seulement une maladresse culturelle, c’est un signe préoccupant : nos sanctuaires, même historiques, deviennent des salles d’exposition comme les autres.
Les mêmes qui dénonceraient l’installation d’un crucifix dans une galerie laïque applaudissent ici à la mise en scène de nus dans un espace consacré.
Aucune “ouverture culturelle” ne peut justifier un tel usage. En acceptant cela, on habitue le public à considérer les églises comme de simples coquilles vides, détachées de leur vocation première. Il serait temps que nos évêques ( Mgr Dumas évêque d’Angers) et les responsables du patrimoine ecclésial rappellent avec fermeté qu’un lieu sacré, même sans office régulier, n’est pas un espace neutre : il appartient à Dieu, et doit rester orienté vers Lui. Ce volontaire mélange des genres nie Dieu.