Du 21 au 24 août, près de 600 personnes se retrouvent à La Bussière-sur-Ouche pour la troisième édition du « Festival des Poussières ». L’événement, présenté comme un temps de prière, de réflexion et de fête, se distingue par son orientation explicitement politique, teintée de revendications militantes : féminisme, écologie radicale, luttes sociales, combats identitaires. Les organisateurs se réclament d’un verset de l’Évangile – « Cherchez d’abord le Royaume de Dieu et sa justice » (Mt 6, 33) – pour justifier leur démarche. Mais en réalité, ce « Royaume » est présenté comme une construction humaine, fruit de combats politiques, et non comme la grâce divine offerte en Jésus-Christ.
L’Évangile n’est pas une idéologie ni un manifeste social. La révolution, telle que l’entend l’homme, est une rupture politique et culturelle qui cherche à renverser un ordre établi pour en construire un autre. La Révélation, elle, vient de Dieu Lui-même, qui se fait connaître et qui offre à l’homme le salut par son Fils. Assimiler l’Évangile à une « révolution sociale » revient à le rabaisser au rang des idéologies humaines. Jésus n’est pas venu fonder un mouvement militant, mais révéler le mystère de Dieu et sauver l’homme du péché. Son Royaume n’est pas de ce monde.
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La programmation du festival confirme ce glissement idéologique : « construire la lutte chrétienne contre l’extrême droite », « la récupération identitaire des chrétien.ne.s d’Orient », ou encore « la laïcité instrumentalisée contre les musulman.e.s ». Autant de thématiques qui témoignent d’une volonté de transformer le christianisme en levier politique. L’accent se déplace vers des combats temporels, tandis que le cœur de la foi – conversion, sainteté, salut – disparaît de l’horizon. S’y ajoutent des dispositifs d’« inclusion » comme des espaces non-mixtes réservés aux femmes et minorités de genre, ou la mise en avant des personnes « queer ».
L’Évangile n’est pourtant pas un outil de validation des revendications identitaires, mais l’annonce du Christ qui appelle chaque homme à la conversion
Le festival va plus loin encore en organisant des temps de prière interreligieux réunissant chrétiens, juifs et musulmans. Comme le rapporte pelerin.com, la prière interreligieuse est présentée par les organisateurs comme un moment « marquant » du rassemblement. Si le dialogue interreligieux est légitime et nécessaire, la prière en commun brouille profondément la vérité de la foi : le Dieu que les chrétiens prient est le Dieu Trinité, Père, Fils et Saint-Esprit, ce que rejettent explicitement judaïsme et islam. Mettre ces prières sur le même plan revient à nier la singularité de la foi chrétienne.
Mais le scandale le plus grave reste la décision de Mgr Antoine Hérouard, archevêque de Dijon, d’autoriser la communion eucharistique pour des chrétiens non-catholiques. Jamais à court de mauvaises idées, l’archevêque va ici à l’encontre de la foi de l’Église, en ouvrant le sacrement central de la vie chrétienne à ceux qui n’en partagent pas la plénitude.
Or le Catéchisme de l’Église catholique est explicite : « La célébration eucharistique est le signe de l’unité de foi, de culte et de vie ecclésiale. Les communautés ecclésiales issues de la Réforme n’ont pas conservé la substance propre et intégrale du mystère eucharistique » (CEC 1400). C’est pourquoi « seuls peuvent recevoir la sainte communion ceux qui sont pleinement incorporés à l’Église catholique et qui sont en état de grâce » (CEC 1415). L’exception prévue par l’Église concerne uniquement les chrétiens orientaux, qui partagent la même foi dans les sacrements. Étendre cette pratique , comme vient de le faire Mgr Hérouard, c’est franchir une ligne rouge : on ne se trouve plus dans la foi catholique, mais dans une conception protestante de l’Eucharistie réduite à un simple symbole de fraternité.Jean-Paul II le rappelait avec force dans Ecclesia de Eucharistia : « L’Eucharistie ne peut être le commencement de la communion, elle en est la couronne. » Autrement dit, on ne communie pas pour manifester une fraternité humaine, mais parce que cette unité existe déjà dans la foi. Benoît XVI, dans Sacramentum Caritatis, le confirme : « L’Eucharistie présuppose la communion ecclésiale, elle la réalise et elle la porte à sa perfection. » Ouvrir l’Eucharistie aux non-catholiques revient donc à nier cette unité et à vider le sacrement de son sens véritable. Comme le dit saint Paul, c’est manger et boire sa propre condamnation.
Le christianisme ne doit pas se plier aux catégories du monde. L’Évangile n’est pas à adapter aux modes idéologiques du moment : il est la Parole éternelle de Dieu. Le danger de ce type de festival est d’engendrer une foi affadie, où l’on croit servir Dieu en servant en réalité des causes temporelles.
La mission de l’Église est d’annoncer Jésus-Christ, mort et ressuscité pour le salut des hommes
C’est à partir de cette rencontre avec Dieu que naissent ensuite la justice, la charité et une authentique transformation sociale. Mais l’ordre est essentiel : c’est Dieu qui convertit l’homme, et non l’homme qui, par ses luttes, bâtit un pseudo-Royaume.Le « Festival des Poussières » illustre ainsi une dérive inquiétante : instrumentaliser la foi catholique au service de combats politiques et sociaux, organiser des prières interreligieuses confuses, et surtout profaner l’Eucharistie en l’ouvrant à ceux qui ne partagent pas la foi intégrale de l’Église. Ce mélange est dangereux. L’Évangile n’est pas une idéologie. L’Eucharistie n’est pas un symbole d’inclusion. Et le christianisme n’est pas une révolution humaine. La Révélation divine dépasse infiniment toutes les révolutions terrestres. Là où l’homme rêve de remodeler la société, Dieu propose à l’homme d’être recréé à Son image. Voilà la vraie radicalité chrétienne, bien plus exigeante et salvatrice que n’importe quelle utopie militante. L’archevêque de Dijon ferait mieux de défendre la foi reçue des Apôtres plutôt que de la diluer dans des expérimentations protestantisantes.