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SCOUTS ET GUIDE FRANCE : Marine Rosset démissionne enfin : la fin d’un malentendu organisé

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Il ne s’agit pas d’un soulagement mesquin, mais d’une lucidité spirituelle : quand une présidence devient une contradiction vivante avec la mission qu’elle prétend incarner, sa chute est une forme de réparation silencieuse. Marine Rosset quitte les Scouts et Guides de France, et c’est tant mieux

Par Philippe Marie

Marine Rosset n’était pas simplement un mauvais choix pour les Scouts et Guides de France, elle incarnait, dès son élection, une contradiction structurelle entre le témoignage catholique fidèle à l’enseignement de l’Église et une idéologie confuse, moderne, relativiste, que certains présentent comme une forme d’« ouverture ». Il fallait donc s’attendre à ce que cette présidence échoue, car on ne peut pas bâtir un édifice éducatif catholique sur le sable mouvant du subjectivisme moral.

Sa démission, officialisée cette semaine, n’est pas seulement logique, elle était attendue, inévitable, nécessaire. Car cette présidence était intenable pour une raison simple, on ne peut pas prétendre conduire un mouvement de jeunesse catholique tout en contestant ouvertement ce que l’Église enseigne de manière non négociable.Marine Rosset affirme dans son entretien à La Croix vouloir protéger le mouvement en se retirant. Mais pourquoi donc s’était-elle lancée dans cette aventure si elle savait, au fond, que ses convictions personnelles entraient en collision frontale avec l’identité même des SGDF ? Était-ce naïveté ? Ou bien l’expression douce et habile d’une ambition idéologique ? Le langage employé, celui de l’« inclusion », de la « diversité des identités », de l’« ouverture », est bien connu. C’est celui d’une foi devenue plastique, subjective, personnalisée, qui prétend réconcilier l’inconciliable, l’Évangile et l’esprit du monde.

Ce n’est pas tant son homosexualité déclarée, ni même son engagement politique à gauche qui a choqué les catholiques fidèles. L’Église ne rejette personne. Ce qui a choqué, c’est sa prétention à faire évoluer l’Église depuis une fonction qui exige, au contraire, l’humilité de la fidélité. Car si les dogmes de l’Église sont devenus, pour certains, des options à reconsidérer à chaque génération, alors à quoi bon croire ? À quoi bon transmettre ? Pourquoi avoir des sacrements, des règles, une Tradition ?

La foi n’a pas besoin de professeurs Tournesol de la morale, elle n’a pas besoin d’inventeurs du dimanche, elle a besoin de témoins, fidèles, silencieux parfois, mais enracinés. La vérité du Christ ne se réforme pas, elle se reçoit. Elle ne s’adapte pas à l’air du temps, elle le traverse.

Le chrétien ne modifie pas la parole de Dieu pour la faire correspondre à son expérience, il se laisse transformer par elle. C’est cela, la vraie humilité. Et c’est cela que Madame Rosset n’a jamais compris.

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En lisant son entretien, on perçoit une sincérité de surface, mais une arrogance de fond, « Je suis croyante, donc ce que je fais est compatible », semble-t-elle dire. Non. Ce n’est pas parce que l’on croit que tout est croyable. Ce n’est pas parce que l’on se sent légitime que l’on l’est vraiment aux yeux de Dieu. Ce n’est pas parce que l’on est élue que l’on est juste.Car il ne suffit pas d’avoir de la foi, encore faut-il croire ce que l’Église croit.

Les ambitions de Marine Rosset au sein du mouvement scout sont toujours là, elle affirme : « Je veux aussi travailler à approfondir la démarche de pèlerinage. En marchant, comme les disciples d’Emmaüs, le cœur s’ouvre, on reconnaît dans notre vie la présence du Christ, et on peut espérer un monde où résonnent les clameurs de la Terre et des pauvres » ? On pourrait croire que les organisateurs du pèlerinage de Chartres ont entendu cette exhortation, et qu’ils se feront un plaisir d’inviter Marine Rosset pour la prochaine édition du pèlerinage de Notre-Dame de Chrétienté, afin de lui faire respirer la brise de la Tradition, de lui faire entendre le silence fécond du Credo récité en latin, et peut-être même, en chemin, de lui apprendre la différence entre foi et militantisme, entre humilité et arrogance idéologique…

Madame Rosset voulait faire du scoutisme un laboratoire de coexistence pacifique des idées, mais les SGDF ne sont pas une ONG éducative neutre, ils sont, ou doivent rester, un mouvement de jeunesse catholique. Ce mot n’est pas un vernis, il n’est pas un slogan, il est une mission. Et cette mission ne peut pas se conjuguer avec l’approbation publique de l’avortement, l’indifférence doctrinale, ou le relativisme moral. Ce n’est pas exclure, c’est rappeler ce qu’est une vocation chrétienne.Son évocation de la messe des 20 000 scouts ou des confirmations célébrées sonne comme un rideau de fumée, on ne mesure pas la fécondité d’un ministère aux chiffres, mais à la fidélité.

« Il y a différentes manières d’être catholique », dit-elle. C’est vrai, mais il n’y a qu’une seule foi. Et cette foi ne se module pas selon les agendas personnels ou les tendances politiques. C’est précisément ce que le Catéchisme nous enseigne, la foi est un acte d’adhésion à toute la révélation, pas une option à composer à la carte.

Et pourtant, malgré tout cela, il nous faut espérer. Espérer qu’au terme de cette crise, Marine Rosset découvre la profondeur de ce que signifie vraiment croire. Qu’elle rencontre non pas une institution qu’il faudrait adapter, mais un Christ vivant qu’il faut suivre. Et ce jour-là, elle n’aura pas à inventer une nouvelle Église. Elle aura simplement à dire, « Seigneur, je ne suis pas digne… mais dis seulement une parole, et je serai guérie. » Sa démission est donc une bonne nouvelle, mais pas seulement parce qu’elle soulage un mouvement catholique profondément blessé. C’est une bonne nouvelle parce qu’elle peut, peut-être, ouvrir un chemin de vérité, si elle est saisie comme une occasion de conversion.Il n’est jamais trop tard pour reconnaître que la foi n’est pas un projet personnel à porter devant les caméras, mais un mystère à recevoir à genoux.

Notons pour conclure que l’on s’étonne encore du silence persistant des évêques de France, et en particulier de Monseigneur Lagadec, l’évêque en charge du scoutisme à la CEF. Aucun n’a jamais dénoncé ce putsch idéologique. Et dans la grande tradition du “laissez-faire ecclésiastique”, aucun prélat n’est monté ouvertement au créneau pour s’opposer à l’arrivée de Marine Rosset, opportuniste à souhait. Il a fallu une poignée de catholiques indignés et blessés pour que le cri des opposants parvienne enfin aux oreilles des évêques.

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