Alors que l’Église est entrée dans le temps de sede vacante, le cardinal Leonardo Sandri, vice-doyen du Collège cardinalice, a prononcé une homélie remarquée lors de la messe de suffrage pour le pape François, célébrée à la basilique Saint-Pierre le 30 avril, au cinquième jour des Novendiali. Membre de la Curie depuis plusieurs décennies, ancien préfet de la Congrégation pour les Églises orientales et fidèle collaborateur de plusieurs papes, le cardinal argentin a livré un message à la fois spirituel et solennel à l’intention de ses confrères cardinaux, désormais appelés à préparer l’élection du prochain pontife.
« Aujourd’hui, ce sont les Pères cardinaux qui sont appelés à participer aux Novendiali, une étape presque centrale de ce chemin ecclésial », a déclaré le cardinal Sandri, en soulignant l’importance du recueillement collectif : « en se recueillant dans la prière en tant que Collegium et en confiant au Seigneur celui dont ils ont été les premiers collaborateurs et conseillers — ou du moins ont essayé de l’être —, tant à la Curie romaine que dans les diocèses du monde entier. »
Avec le ton grave de celui qui connaît le poids de la mission ecclésiale, il a élargi son propos aux dimensions universelles de l’Église, évoquant les territoires souvent oubliés du monde : « chacun de nous porte dans la prière les personnes pour lesquelles et avec lesquelles il est appelé à exercer son ministère : de Tonga avec les îles du Pacifique aux steppes de Mongolie, de la Perse antique avec Téhéran au lieu d’où a jailli l’annonce du salut, Jérusalem, en passant par des terres autrefois florissantes de christianisme et aujourd’hui réduites à un petit troupeau, parfois marqué par le martyre, comme au Maroc ou en Algérie. »
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Face aux cardinaux électeurs réunis à Rome, le cardinal Leonardo Sandri a rappelé avec force le sens profond de leur responsabilité dans le gouvernement de l’Église. « En tant que successeurs des Apôtres, nous sommes appelés chaque jour à nous rappeler et à vivre en conscience que régner, c’est servir », a-t-il lancé, citant le Christ lui-même « qui est au milieu de nous comme celui qui sert ».
Il a ensuite évoqué l’exemple du pape François, dont il fut un proche collaborateur : « C’est ce qu’a vécu le pape François, en choisissant différents lieux de souffrance et de solitude pour accomplir le lavement des pieds durant la messe du Jeudi saint, mais aussi en se mettant à genoux pour baiser les pieds des dirigeants du Soudan du Sud, implorant le don de la paix. »Enfin, le vice-doyen du Collège cardinalice a souligné le caractère sacrificiel de la mission des cardinaux : « La tradition de l’Église nous répartit en trois ordres : évêques, prêtres et diacres ; mais nous sommes tous appelés à servir, en témoignant de l’Évangile usque ad effusionem sanguinis, comme nous l’avons juré le jour de notre création cardinalice, et comme le signifie la pourpre que nous portons — en nous offrant nous-mêmes, collégialement et personnellement, comme premiers collaborateurs du Successeur du bienheureux apôtre Pierre. »
Ces paroles, prononcées au cœur de la basilique vaticane, résonnent comme une invitation au sérieux et à l’humilité dans le discernement qui attend les cardinaux électeurs. Alors que les spéculations se multiplient, le rappel du cardinal Sandri recentre l’attention sur l’essentiel : le service de l’Église, à l’image du Christ serviteur.