Le 7 février prochain, l’archidiocèse de Séoul franchira un cap symbolique en ordonnant 26 nouveaux prêtres, portant ainsi à 1 000 le nombre total de prêtres incardinés dans le diocèse, y compris ceux issus d’ordres religieux. Cette cérémonie, qui se déroulera dans la cathédrale de Myeongdong, souligne le rôle central de Séoul dans le catholicisme coréen.
Parmi les ordinands, le Père Kim Dong-jun marquera l’histoire en devenant le deuxième prêtre sourd ordonné en Corée du Sud, dix-huit ans après le Père Park Min-seo. Selon l’agence vaticane Fides, il se consacrera à la pastorale des fidèles sourds, illustrant ainsi l’ouverture de l’Église coréenne aux personnes en situation de handicap.Deux autres futurs prêtres, les frères Ryu Ho-jun et Kim Yong-woo, témoignent quant à eux d’une forte tradition vocationnelle familiale, leurs frères aînés ayant été ordonnés en 2023.
Une Église dynamique malgré la chute des vocations
Cet événement majeur intervient toutefois dans un contexte de forte diminution des vocations. D’après le Dicastère pour l’Évangélisation, le nombre de séminaristes en Corée du Sud a chuté de 40 % en dix ans, passant de 1 264 en 2013 à 790 en 2023.Malgré cette tendance, l’archidiocèse de Séoul rappelle que « Séoul est le premier diocèse coréen à atteindre le chiffre de 1 000 prêtres depuis l’établissement de l’archidiocèse de Joseon en 1831. » À l’échelle nationale, la Corée du Sud compte actuellement 5 721 prêtres.
Un autre défi se profile : la transmission de la foi aux nouvelles générations. En 2023, selon la Conférence épiscopale de Corée, les enfants baptisés entre 0 et 4 ans ne représentaient que 1,8 % de la population coréenne, contre 3,9 % pour les 5-9 ans et 5,8 % pour les 10-14 ans. Cette tendance illustre la difficulté croissante de l’Église coréenne à attirer de nouveaux fidèles, alors que le pays est marqué par un contexte hautement compétitif et matérialiste, où la réussite sociale prend souvent le pas sur la vie spirituelle.
Le christianisme en Corée du Sud occupe une place singulière, avec une minorité catholique au sein d’une société où la majorité de la population se déclare sans religion. Sur 52 millions d’habitants, 11,5 % sont catholiques, tandis que 18 % sont protestants.
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L’Église catholique coréenne s’est développée de manière unique dans l’histoire, sans l’intervention directe de missionnaires étrangers. À la fin du XVIIIᵉ siècle, des lettrés coréens découvrent l’Évangile et forment eux-mêmes les premières communautés chrétiennes, avant que des persécutions sanglantes ne fassent de la Corée l’un des pays comptant le plus grand nombre de martyrs canonisés.
Aujourd’hui encore, le catholicisme coréen se distingue par sa discipline, son attachement à la liturgie et son engagement dans la société. Bien que minoritaire, l’Église a une forte influence morale, notamment à travers ses institutions éducatives et ses œuvres sociales.
Les JMJ 2027 : un espoir pour l’avenir
L’Église de Corée du Sud se prépare à un événement majeur : l’accueil des 41ᵉ Journées mondiales de la jeunesse en 2027. Ce sera la première fois que les JMJ se tiendront en Asie de l’Est, offrant une occasion unique de renforcer l’évangélisation et d’encourager les vocations.Le thème choisi, tiré de Jean 16,33 : « Courage ! Moi, je suis vainqueur du monde », résonne particulièrement dans un pays où les défis spirituels sont nombreux.
Avec cette ordination historique et la perspective des JMJ, l’Église coréenne prouve qu’elle demeure une force vive, capable de répondre aux défis de son temps et de poursuivre son œuvre missionnaire dans un pays où la foi chrétienne a souvent été synonyme de témoignage et de fidélité au Christ.