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Série – Les cathédrales : chefs-d’œuvre architecturaux et véritable héritage spirituel vivant

Une invitation à redécouvrir un patrimoine spirituel méconnu, à travers le regard de ceux qui, depuis des siècles, ont bâti ces lieux de prière pour élever les âmes vers Dieu.

Les cathédrales ne sont pas de simples chefs-d’œuvre architecturaux : elles sont un héritage spirituel vivant, un langage sacré que les bâtisseurs ont voulu transmettre aux générations futures. Autrefois, chacun, même illettré, savait lire ces Bibles de pierre et en comprendre les messages profonds.À travers cette série d’articles publiée dans la rubrique Héritage spirituel de Tribune Chrétienne, nous redécouvrirons la richesse symbolique de ces sanctuaires et la sagesse millénaire qui s’y exprime.

Cette série est écrite par Stéphane Brosseau*, spécialiste de la symbolique des cathédrales. Ancien directeur du sanctuaire de la cathédrale de Chartres, il s’attache à révéler la cohérence et l’intemporalité des messages transmis par les bâtisseurs à travers l’orientation, les matériaux, les formes, les couleurs et les nombres.

Une invitation à redécouvrir un patrimoine spirituel méconnu, à travers le regard de ceux qui, depuis des siècles, ont bâti ces lieux de prière pour élever les âmes vers Dieu.

Écoutons la Pierre !

Par Stéphane Brosseau*

Ce titre peut étonner ; or, les cathédrales nous parlent… elles transmettent des messages, mais nous ne les entendons plus ; elles sont des Bibles de pierres mais nous ne savons plus les déchiffrer, alors que jusqu’au début du XIXe siècle, tout un chacun, même illettré, les comprenait. Ainsi, nous passons à côté de trésors, faisons des contresens (on voit du fantastique dans des griffons ou chimères et des représentations de fêtes par des acrobates en chapiteaux alors qu’il s’agit de représentations de l’humanité, corps et esprit, attirée par le Ciel, mais retenue par ses passions et la chair, et d’invitation à la conversion, en se retournant sur soi…).

C’est pourquoi nous voulons transmettre ce savoir ancestral, héritier de 3 à 6000 ans de symbolique venant d’Égypte, des indoeuropéens, des celtes etc.., christianisée, puis utilisée parfois par des corporations, des sectes, la franc-maçonnerie, oubliée de force depuis la Révolution française, employée encore par des architectes ou artistes (Viollet-le-Duc, parfois génial avec sa flèche de ND de Paris, ou faisant fausse route en créant son Moyen-âge, Le Corbusier et tant d’autres).

Nous allons donc régulièrement rédiger des articles de formation en symbologie, afin de connaître les rudiments de cette science dite « molle », fondée sur un langage issu de la Tradition, un dictionnaire, que chacun peut ensuite interpréter selon ce qu’il a vécu ou qu’il connait, sa sensibilité, sa foi, sa philosophie, sa culture ; ainsi, notre émotion, confrontée à la recherche de perfection des proportions voulue par les bâtisseurs, produit un effet d’émerveillement, propre à élever l’âme, que l’on soit croyant ou non.

Nos articles illustreront ensuite ces bases par la présentation symbolique d’une cathédrale à chaque fois.

Pour cela, nous nous appuierons sur l’encyclopédie de Stéphane BROSSEAU (« Les cathédrales françaises et leur symbolique » / CoolLibri (par internet uniquement), et sur d’autres de ses ouvrages en note[1].

Nous découvrirons alors le message intemporel et souvent magnifique de chaque bâtiment cultuel, et nous pourrons progresser dans notre recherche et notre soif de Dieu, en nous émerveillant et en rendant grâce. En effet, il est certain que ces édifices n’ont pas été construits pour l’Histoire, car nous la concevons aujourd’hui très emprunte du XIXe siècle et de Michelet ; ni pour l’Histoire de l’art, puisque nos anciens étaient capables de détruire de vrais joyaux pour reconstruire dans le style du moment, et que les noms mêmes de « Roman » ou « Gothique » sont très récents (XIXe siècle). Mais ils ont voulu transmettre à la postérité des messages profonds de foi, parfois aussi politiques (le Gothique, Albi, Strasbourg, Fourvière, le Sacré-Cœur, ND de Paris, Quimper, Auvers-sur-Oise etc.), humoristiques voire grivois.

Attachons nous d’abord à comprendre la différence entre un signe et un symbole. Si j’écris A, cela sera toujours lu et compris comme un A ; c’est un signe. Si maintenant je couds un morceau de tissu bleu, un blanc et un rouge, cela constitue un drapeau, et représente la Nation française : c’est un symbole, c’est-à-dire que cela signifie autre chose que ce que l’on voit.

La symbologie s’appuie sur plusieurs outils : les orientations, les nombres, les formes déduites des nombres, les couleurs, les végétaux, l’agencement des espaces dans un plan, les meubles etc. Nous allons les étudier très sommairement tout à tour. Pour une présentations plus précises appliquée à la belle et célébrissime église d’Auvers-sur-Oise (95), immortalisée par Van Gogh, nous vous invitons à assister à l’une des visites/conférences gratuites in situ les 23 mars, 15 juin ou 6 juillet 2025 de 15h précise à 17h15[2].

Commençons par l’orientation. Elle est fondamentale, jusqu’au concile de Trente (fin XVIe s.). Une église (son chœur) est alors toujours orientée vers le soleil levant le jour de la fête de sa dédicace. Il ne s’agit donc pas toujours de l’Est stricto sensu, ni de la direction de Jérusalem, comme on l’entend parfois (ce qui est soufflé par l’Islam, dont les mosquées sont dirigées vers la Mecque[3]), mais de la Jérusalem céleste, le paradis. Cela reprend la tradition des premiers chrétiens dans les catacombes, qui commençaient par graver une croix en direction du soleil levant dans ces grottes exiguës pour s’orienter ; le prêtre, intermédiaire entre Dieu et les hommes, ne faisait donc pas forcément dos à l’assemblée, mais face à la croix ; ce qui explique l’orientation de la liturgie extraordinaire ; l’invitation par Benoit XVI à remettre une croix devant le prêtre consacrant suit donc la vraie Tradition.

Il existe quelques exceptions à cette règle : les églises consacrées à Saint-Pierre, qui se considérait indigne de subir le même supplice que Jésus et demanda à être crucifié la tête en bas (St Pierre de Rome) ; celles construites datant de la conversion de Constantin aux VIe ou VIIe siècle (moment des premières églises en forme de croix), utilisant d’anciennes salles publiques antiques, orientées vers l’Ouest (St-Paul-hors-les-murs, la basilique du Latran, Ste Marie-Majeure) ; l’abbaye de Sénanque, face au Nord, dont la vocation était la prière pour les âmes du purgatoire (le Nord représente la mort, le monde païen, puis, nous le verrons, l’Ancien Testament), ce qui explique aussi qu’elle n’avait pas de grand portail pour éviter que ces âmes ne soient tentées de quitter le purgatoire.

Au prochain article, nous poursuivrons sur les orientations cardinales, les églises du Nord, du Sud et orientales, le point d’équilibre des églises romanes et gothiques, les nombres, les végétaux, les couleurs, les meubles… alors, nous pourrons commencer les visites des cathédrales.

[1] « Ecoute la Pierre », TheBookedition (par Internet),

« Chartres, quintessence de la symbolique », Edilivre (Internet ou librairie),

« Symbolique de l’église Notre-Dame-de-L’Assomption d’Auvers-sur-Oise », Edilivre (Internet ou librairie),

« Symbolique de l’église de Notre-Dame de Lourdes de La Baule », Edilivre  (Internet uniquement)

[2] ces ouvrages de référence vous seront proposés (paiement par chèque ou liquide uniquement ; pas de CB

[3] A l’instar de quand on parle « des religion du Livre ». Il n’y en a qu’une : l’Islam, les religions juive et chrétiennes sont des religions de la Parole (il est dit « Écoute Israël»  et non « Lis, Israël»)

*Biographie de Stéphane Brosseau

Stéphane BROSSEAU lors d’une intervention sur CNews

Ancien directeur du sanctuaire de la cathédrale de Chartres, Stéphane BROSSEAU s’attache à montrer la cohérence des bâtiments cultuels, la profondeur et l’intemporalité des messages que les bâtisseurs nous ont transmis dans leur symbolique (orientations, matériaux, formes, couleurs, nombres etc.).

Il est sociétaire de l’Association des Ecrivains Catholiques de Langue Française, auteur de 24 autres ouvrages (encyclopédie sur les 231 cathédrales françaises, essais, poésie, guides d’Histoire de l’art, romans historiques etc.) aux éditions CoolLibri, Nouveaux Mondes, Economica, TheBookedition et Edilivre ; il est aussi conférencier aux journées du patrimoine ou dans des salons littéraires, et formateur en symbologie.

Saint-Cyrien de formation, historien, musicien, breveté de l’Ecole de guerre, il a présidé, dans le cadre des fonctions qu’il occupait jusqu’à l’été 2018, la commission scientifique d’historiens et musicologues, chargée du recensement des œuvres de musique militaire.

Il intervient sur les médias (Cnews « En quête d’esprit » sur ND de Paris et Chartres, L’Homme Nouveau, France-Catholique, Radio Espérance, L’Écho Républicain, prononce de nombreuses conférences, fréquente les salons littéraires.

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