Après l’étude de premiers joyaux de la symbolique des cathédrales, attachons nous à présent en deux articles
à visiter une ancienne cathédrale, qui garde son titre comme toute église qui fut siège diocésain.
Celle-ci est absolument remarquable en termes de symbolique ; son message peut être ainsi synthétisé : par
l’Incarnation, Ciel et Terre sont intimement liés, dans une Nouvelle Alliance. Dieu s’est humilié pour
venir jusqu’à nous dans la Crèche et sur la Croix. Nous sommes invités en prendre la direction du
Salut en nous inclinant humblement devant l’Enfant-Jésus et Notre-Dame, devant la Croix du Christ
et son Eucharistie. Malgré la cicatrice de notre péché, l’accès à l’éternité auprès de Dieu nous est
promis. Prenons cette direction, suivie par les apôtres, à l’exemple de saint Bertrand-de-Comminges,
dans la communion des saints.
La cathédrale Notre-Dame, également appelée cathédrale Sainte-Marie, fut le siège du diocèse de
Comminges jusqu’au 29 novembre 1801, date à laquelle le pape Pie VII établit la bulle Qui Christi Domini,
répartissant le territoire du diocèse entre l’archidiocèse de Toulouse et le diocèse de Bayonne. La cathédrale
Sainte-Marie est alors devenue église paroissiale. Elle est située au pied des Pyrénées à Saint-Bertrand-de-Comminges, en Haute-Garonne, à un endroitstratégique au Moyen Âge, à 515 mètres d’altitude, face au pic de Cagire, au pic du Gar, au mont Sacon, et aubassin de la Garonne. Plus généralement, la ville commande les accès vers l’Espagne, Toulouse et Tarbes,
desservis par un réseau routier issu d’anciennes voies romaines.La cathédrale Notre-Dame est située sur l’acropole d’un oppidum celte qui a donné naissance à la citéromaine de Lugdunum Convenarum, dont les ruines s’étendent dans la plaine, et fait l’objet d’un classementau titre des monuments historiques par la liste de 1840.
Elle est également inscrite au patrimoine mondial del’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en France depuis 1998.La fondation de Lugdunum date de Pompée en 72 avant Jésus-Christ ; Strabon, géographe grec né en 58 av. J-C et mort en 25 après, mentionne la ville et ses habitants, les Convènes. Rattachée à la province
d’Aquitaine, la ville se développa sous le règne de l’empereur Auguste (27 avant J.-C – 14 après), qui aurait
octroyé à sa population l’usage du Droit latin. Durant trois siècles, la ville fut en pleine expansion et,
progressivement, son centre urbain fut doté de monuments importants tels que forum, temple, thermes,
théâtre, monument à enceinte circulaire, trophée, marché, vastes villas richement décorées. Une importante
garnison, deux voies romaines et un port sur la Garonne firent de cette ville une petite capitale.
Au IIIe siècle, la cité comptait plus de 10000 habitants.
Au IVe siècle, la cité fut rattachée à une nouvelle province – née du démembrement de l’Aquitaine – la
Novempopulanie. Lugdunum devint la Civitas Convenarum – cité des Convènes – avant d’être appelée
simplement Convenae ou Conuenae. En 313 l’édit de Milan promulgué par l’empereur Constantin mit fin aux
persécutions contre les chrétiens. Des fragments de sarcophages, utilisés en remplois dans des sépultures du
Moyen Âge à Saint Just de Valcabrère, ont été datés de cette époque. L’existence d’une communauté
chrétienne est attestée ; elle comptait parmi ses membres des notables de la ville, seuls capables de faire
exécuter de riches sarcophages par un atelier installé sur place. Cette ancienneté de la présence chrétienne
explique le fait que l’évêché se substitua à l’administration romaine lors de l’effondrement de l’Empire.
Dès le début du Ve siècle, en 409, les barbares Vandales firent des incursions en Aquitaine et pillèrent villes
et villages. On peut supposer que Conuenae fut dévastée, mais rien ne permet de l’affirmer. Une partie de la
ville fut abandonnée et tomba en ruine, des villas à mosaïques furent restaurées et dotées de système de chauffage.
Une basilique paléochrétienne vit le jour vers 430, coincée entre une somptueuse villa et une rue,
comprenant de nombreuses annexes de chaque côté. Première église repérable sur le site, elle fut peut-être,
précédée par un édifice plus modeste et devait essentiellement servir de lieu de rassemblement pour la
communauté chrétienne. Elle fut agrandie au VIe siècle pour mordre sur le jardin de la villa voisine qui
semble avoir alors été abandonnée : ces travaux donnèrent ainsi naissance à la nef actuelle de Saint Just de
Valcabrère. La destination première de l’édifice semble aussi avoir changé à cette époque, devenant église à
vocation funéraire jusque tardivement dans le Moyen Âge.
Après la victoire de Clovis sur les Wisigoths, la cité passa sous le contrôle des Francs. Elle disparut
quasiment en 585 à la suite d’un conflit entre Gondovald et le roi Gontran. Cette année-là, Gondovald, prince
franc se disant fils naturel de Clotaire Ier, donc petit-fils de Clovis, venu de Constantinople, tenta d’usurper la
succession à Gontran. Réfugié dans la ville haute, protégée par une muraille dont les fondations sont encore
visibles, Gondevald chassa l’évêque Rufinus avant d’être livré par les habitants. Grégoire de Tours rapportant
les faits sans être venu sur place, raconte qu’une fois les portes de la ville ouvertes et Gondevald exécuté, les
hommes de Gontran passèrent toute la population par le fil de l’épée, incendièrent les églises et les édifices
publics. Rien, dans le récit de Grégoire de Tours ne permet d’affirmer que la ville basse fut concernée par cet
événement ; l’archéologie, au contraire, semble attester le maintien d’un foyer de vie dans le quartier du Plan,
autour de la basilique paléochrétienne. Abraham, évêque de Conuenae, déposa dans deux chapelles
funéraires les reliques des saints Just et Pasteur qu’il ramena du concile de Narbonne en 789 : c’est sur ces
deux chapelles que l’actuelle basilique Saint Just fut élevée.
A la mort de Auger, en 1083, les habitants de Conuenae partirent à Toulouse demander qu’on leur confie
comme évêque Bertrand de l’Isle, membre d’une famille noble et chanoine de Toulouse, qui venait d’être
formé dans l’esprit de la Réforme Grégorienne. Leur requête fut acceptée et il redressa véritablement la ville,
établissant la vie communautaire dans le Chapitre, relevant la cathédrale et construisant son cloître. Dès sa
mort, le 16 octobre 1123, il fut reconnu comme saint par la foule des pèlerins sur son tombeau, il ne le fut
que deux siècles après par l’Eglise, entre 1305 et 1314, sous le pontificat de Clément V, ancien évêque de
Comminges. Mais déjà dans la seconde moitié du XIIe siècle l’afflux de pèlerins nécessita l’agrandissement
de la cathédrale. La majorité des pèlerins venaient alors du Comminges, du Béarn, de la Bigorre, du Val
d’Aran, mais aussi parfois de France, d’Allemagne, de Lorraine et de Bourgogne.
En 1456 le Comminges fut attaché à la couronne de France et perdit ainsi son autonomie.
Le clocher-tour à l’intérieur de la nef et la nef de la cathédrale remontent aux environs de l’an 1100. Il
subsiste de ce bâtiment édifié par Bernard de l’Isle, la base des murs des quatre premières travées et la façade
de la nef. Le cloître fut refait aux XIIe et XIIIe siècles sous une forme plus riche. Une galerie romane à
l’Ouest en est le vestige, et dans la première moitié du XIIIe siècle, les chanoines y ont ajouté deux travées,
les galeries Sud et Est, qui ont englobé la salle capitulaire. La galerie Nord du cloître, la seule qui soit
voûtée, a été construite au XIVe siècle.
Bertrand de Goth fut évêque de Comminges entre 1294 et 1299, avant de devenir archevêque de Bordeaux,
entre 1299 et 1305, et d’être élu pape grâce à l’influence du roi de France Philippe IV le Bel, sous le nom de
Clément V en 1305, comme déjà évoqué.Le nouveau pape fit démolir les trois-quarts de la cathédrale romane jugée trop petite pour accueillir le flot des pèlerins.
Il accorda quinze ans d’indulgences et autant de quarantaines à ceux qui visitaient l’église le 2
mai – jour où St Bertrand apparut à Sanche Parra dans la prison de Barcelone -, dans un état de contrition et
confessés. Les pèlerins qui venaient à Saint-Bertrand pour les grandes fêtes de la Vierge bénéficiaient
également d’indulgences. La première pierre des travaux du XIVe siècle fut posée en 1307.
Le projet initial devait prévoir de conserver la nef romane et de reconstruire l’abside ainsi que le chœur avec
cinq chapelles rayonnantes et quatre chapelles latérales. Mais celui-ci modifié par l’évêque Hugues de
Castillon qui fit construire sa chapelle funéraire sur le côté Nord de la quatrième travée de la nef.
De même, Bertrand de Cosnac (1352-1374) fit construire la chapelle Sainte-Marguerite, côté Sud de la
quatrième travée, car il voulait placer les reliques de saint Bertrand dans cette chapelle pour permettre un
accès plus aisé aux pèlerins. Mais la construction de ces chapelles a déstabilisé la quatrième travée,
entraînant des désordres et obligeant à ajouter de puissants arcs-boutants aux contreforts.
Le mausolée de saint Bertrand a été commencé par le cardinal Pierre de Foix (1422-1450) et terminé par son
neveu Jean de Foix-Béarn (1466-1501). Il a dû recouvrir le lieu ayant servi à la translation et à l’exaltation
des reliques de saint Bertrand par le pape Clément V, le 16 janvier 1309. On ne sait pas où se trouvaient les
reliques du saint avant 1309. Le mausolée a reçu le corps du saint en 1476. Les peintures s’inspirent de celles
du Livre des Miracles de l’évêque Bertrand rédigé par Vital en 1179, notaire de l’abbaye de l’Escale-Dieu,
pour obtenir sa canonisation par le pape Alexandre III.
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La sacristie placée sur le flanc Sud-Est de la cathédrale, la salle capitulaire sur la galerie Nord du cloître et la
mise en place de nouveaux vitraux ont été réalisées sous l’épiscopat de Jean de Mauléon (1523-1551). Celui-
ci acheta sept tapisseries des Flandres et du mobilier liturgique, installa entre 1525 et 1539 le remarquable
chœur en bois des chanoines composé de 66 stalles et du retable du maître-autel, les isolant au centre de
l’église, pour réserver le reste de la cathédrale aux pèlerins. Jean de Mauléon fit édifier aussi l’orgue et établit
officiellement dans l’église-cathédrale, en 1531, la confrérie de Saint-Bertrand, réunissant d’anciens pèlerins
et des admirateurs du saint; on pense cependant que celle-ci existait déjà dès le début du pèlerinage.
La cathédrale a subi des dommages à l’époque des guerres de Religion. En 1586, la ville haute a été prise par
le capitaine Sus avec sa troupe de huguenots. Ils ont massacré des ecclésiastiques, ont accaparé de
l’argenterie, brûlé des archives de la ville et, dans la cathédrale, pris des ornements, des vases sacrés et des
reliques. La châsse de Clément V fut détruite ; une nouvelle châsse fut prévue en 1627 par l’évêque
Barthélemy de Donnadieu de Griet, mais elle ne fut réalisée qu’en 1748 et la translation des reliques fut faite
par l’évêque Antoine de Lastic. Les reliques de saint Bertrand ont été prises et cachées dans un puits par un
soldat ; elles furent rachetées par des chanoines de Lectoure et rendues en 1591, pour une rançon de 10 000
livres aux pillards. L’évêque Urbain de Saint-Gelais a chassé les Protestants après sept semaines
d’occupation. Il reconnut Henri IV comme roi de France, mais en 1593, le vicomte de Larboust s’empara à
nouveau de la ville avec une troupe de pillards et y commit les pires excès dans l’église ; heureusement, les
reliques de saint Bertrand avaient été cachées.
Aux XVIIe et XVIIIe siècles, le souci des évêques fut de réparer la cathédrale, de restaurer la vie
ecclésiastique, et sous la pression de la Réforme et le renouveau du concile de Trente (la Contreréforme),
d’entraîner les clercs à une vie spirituelle plus profonde. L’évêque Donnadieu de Griet, fils spirituel du
cardinal de Bérulle, fut le véritable introducteur de la réforme tridentine en Comminges. Au début du XVIIIe
siècle, un séminaire fut ouvert à Saint-Bertrand et l’autel majeur, en marbre de Sarrancolin, remplaça en 1737
celui de Jean de Mauléon.
Le 30 novembre 1793, des révolutionnaires saisirent l’argenterie de la cathédrale. Les reliques de saint
Bertrand furent cachées et rendues après la Révolution. Le diocèse de Comminges fut supprimé en dépit des
protestations des habitants. Mises en lieu sûr, les reliques échappèrent aux révolutionnaires. La majorité des
prêtres commingeois passèrent dans la clandestinité ou bien s’exilèrent.
Le Concordat entérina les décisions de la Constituante et l’évêché fut officiellement supprimé ; pour sa plus
grande partie, il fut rattaché au diocèse de Toulouse. Le Val d’Aran dépendit désormais de la Seu d’Urgel.
Au début du XIX siècle, les jubilés de 1805, 1816 et 1822 connurent un succès inattendu et ravivèrent le
pèlerinage, qui se poursuivit jusqu’à aujourd’hui.
La cathédrale fait partie des tout premiers monuments placés sur la liste des monuments historiques de 1840.
Le cloître fut à son tour classé en 1889.
Saint Bertrand de Comminges est fêté le 16 octobre selon le calendrier grégorien. La fête religieuse de saint
Bertrand est fêtée le dimanche suivant, avec le matin, une messe solennelle en présence de l’archevêque de
Toulouse, suivie d’une procession des reliques et des vêpres l’après-midi. Le jubilé de Saint Bertrand de
Comminges est célébré quand la fête de l’Invention de la Sainte Croix du 3 mai tombe un vendredi. Le jubilé
est alors fêté tous les 6, 5, 6 et 11 ans. Les précédents jubilés se sont déroulés en 1996, 2002, 2011 et 2019.
Les prochains le seront en 2024 et 2030.
La tour-clocher primitive a été exhaussée et convertie en donjon avec hourdage. Elle fait 33 mètres de
hauteur et relie symboliquement la Terre et les Cieux.
L’entrée de la tour-clocher est surmontée d’un tympan roman figurant l’Adoration des mages ; sur le linteau
sont sculptés les douze apôtres. Il est entouré d’une arche en damier symbolisant la voute céleste, et derrière,
l’éternité : en naissant, Dieu est entré dans le temps des hommes. Huit colonnes conduisent à ce porche (c’est
un chemin de résurrection) : elles sont surmontées de chapiteaux décrivant comment l’homme et la femme
sont liés au péché de cette Terre dès leur conception, par le péché originel, combien leur force et leur esprit
sont retenus au sol sans pouvoir s’élever.
Cette entrée expose de façon magistrale la direction du Salut, celle suivie par les apôtres, pour nous
promettre, malgré la blessure de notre péché, l’accès à l’éternité auprès de Dieu, en nous inclinant
humblement devant l’Enfant Jésus et Notre-Dame, à l’exemple de saint Bertrand-de-Comminges.
Sont classés au titre objet des monuments historiques :
l’ensemble de la sculpture du portail Ouest (tympan et chapiteau) datant du Moyen Âge ;
une dalle funéraire en marbre blanc encastrée dans la façade Sud datant de l’époque gallo-romaine ;
le tympan de l’Adoration des mages et son linteau du portail Ouest datant du XIIe siècle ;
les chapiteaux du portail Ouest datant du XIIe siècle.
Le cloître fut construit pour les chanoines au XIIe siècle et remanié à plusieurs reprises.
Trois de ses galeries sont romanes, recouvertes d’une charpente à claire-voie. Elles ont des arcs cintrés qui
reposent sur une double rangée de colonnes surmontées de chapiteaux décorés, dont le plus travaillé est le
pilier des Évangélistes ; celui-ci est surmonté en chapiteau des signes du zodiaque, signifiant que Dieu nous
donne son Evangile, sa Parole, et le temps, sur cette Terre (le cloître). La galerie du Midi ouvre sur la colline
avoisinante. La galerie gothique du Nord, de style austère, a été refaite aux XVe et XVIe siècles. Elle
contient les tombes de sept chanoines, d’où son nom de galerie des tombeaux.
Sont classés au titre objet des monuments historiques :
- les 5 dalles funéraires en pierre de chanoines datant du XIIIe, XIVe, et XVe siècle ;
- la dalle funéraire en pierre présumée de don Sanche, 1er seigneur de Labarthe, mort en 1086 ;
- la stèle (cippe funéraire) en marbre datant de l’époque gallo-romaine.
Entrons.
Le narthex carré (symbolisant notre façonnage par Dieu dans l’argile, dans la Terre matrice) est constitué
d’arcs brisés, supportés par deux piliers colossaux reposant sur une base circulaire de 11,45 mètres, qui
supporte une voûte à huit nervures (la résurrection, répondant aux 8 colonnes du porche). Le clocher s’élève
au-dessus. On retrouve des arcades romanes sur les murs Nord et Sud. Intégré dans l’église, il est une avant
nef, pour, après s’être élevé de quelques marches pour rejoindre Dieu, porter un regard humble sur nous, afin
de nous rappeler notre condition de créature finie, née de la Terre (le carré), modelée par Dieu, destinée à
redevenir poussière. Juste au Nord (le mur réputé froid et païen, se trouvent les fonts baptismaux, pour
recevoir la vie, après être mort à notre péché par l’onction du baptême, renaître de l’eau et de l’Esprit dans ce
sacrement de l’initiation.
L’entrée du narthex, avec les fonts baptismaux, au Nord, et la corde pour sonner les cloches.
Alors, comme c’est souvent le cas dans le Roman, nous sommes encadrés de deux colonnes, pour signifier
notre espace de liberté, notre libre-arbitre en venant au monde, en commençant le pèlerinage de notre vie (la
nef), en entrant dans cette église : au Nord, à gauche, un chapiteau est surmonté d’un damier, représentant
l’éternité, et de l’autre, au Sud, un autre symbolise notre enchainement par la chair en ce monde ;
fréquemment, il s’agit pour cela d’une sirène avec une ou deux queues de poisson relevée(s) (sauf en région
rhénane, où cette représentation est signe de fécondité), ou d’un roi aux jambes relevées, pour symboliser le
péché et la luxure. Ici, des lions attachés entre eux par les pattes symbolisent le péché de la chair, mais ils
sont intéressants car ils dévoilent aussi la convoitise de l’homme, sa concupiscence, sa violence, sa luxure,
ses insultes, mais aussi sa dualité, cherchant à se maîtriser (la queue passe entre les jambes et remonte vers le
ciel), or son sexe est en érection, ses pattes avant se battent, sa langue vomit des paroles dirigées vers la
Terre. Nous avons donc le choix, dans notre dualité, par un combat intérieur, entre l’éternité, et la finitude de
la chair.
La sortie du narthex, ouverte sur la nef, avec l’espace de la liberté, symbolisé par deux chapiteaux : l’éternité, ou la finitude de la chair. L’orgue et la chaire.
Nous pouvons être étonnés de voir un crocodile empaillé suspendu. La légende locale raconte qu’il existait
un monstre tapi dans la vallée de Labat-d’Enbès, qui imitait les pleures des enfants pour attirer ses victimes
(des jeunes femmes à marier) et les dévorer. Pour en débarrasser le pays, Saint Bertrand alla à sa rencontre,
armé de sa crosse épiscopal. Le monstre s’avança vers lui la gueule ouverte. Le saint toucha sa tête du bout
de sa crosse et le reptile devint plus doux qu’un agneau. Il suivit docilement Bernard jusqu’au seuil de la
cathédrale, où il mourut. D’autres versions disent que le saint l’a terrassé, ou que le crocodile venait des rives
du Nil lors d’une croisade à la suite de Saint Louis et de Thibaud de Champagne.
Mais plus vraisemblablement, même si la piste de l’ex-voto n’est pas à négliger, il convient de rappeler que jadis,
comme il n’existait pas encore de musées, les curiosités d’histoires naturelles étaient conservées dans les
églises, pour être objets d’interprétations édifiantes, à l’instar de la côte de baleine toujours plantée sous le
proche de l’Eglise de Prats-de-Mollo, ou du cadavre de Baleine de St-Pierre de Toulouse, qui fut transporté
en 1790 au muséum d’histoire naturelle de la ville.
Nous continuerons notre visite de l’intérieur et comprendrons la symbolique exceptionnelle de ce site au
prochain article.
Stéphane BROSSEAU
1 Inspiré de l’encyclopédie en ligne, article « cathédrale de Saint-Bertrand-de-Comminges », et des sites
http://www.cathedrale-saint-bertrand.org/architecture-cathedrale-3.html
https://www.st-bertrand.com/patrimoine/la-cath%C3%A9drale-sainte-marie/
https://www.musiqueorguequebec.ca/orgues/france/sbertrandc.html
https://www.wikiwand.com/fr/Cath%C3%A9drale_Notre-Dame_de_Saint-Bertrand-de-Comminges
Photos : Stéphane BROSSEAU